Un sujet abordable en série générale

La première partie du sujet portait sur le thème de l’enfance et du pouvoir de l’imaginaire à travers un extrait de l’autobiographie de George Sand, Histoire de ma vie et une photographie de Robert Doisneau « La Ronde des pompons ». Les documents, qui s’inscrivaient dans le cadre du programme, ont été jugés riches et intéressants.

Les thématiques étaient donc familières aux élèves et les questions sur les documents relevaient bien plus de la compréhension, du relevé d’informations, que de l’interprétation. On peut le regretter car ce texte littéraire et cette photographie auraient pu donner lieu à de beaux développements sur la puissance de l’imagination et sur le charme de l’enfance contrastant avec le monde des adultes. Certaines questions s’approchent de ces idées mais sans guider les candidat·es pour qu’ils et elles creusent ces deux dimensions. Ainsi bon nombre d’élèves ont pu répondre à la question la mieux dotée en points, en ne présentant que des éléments très superficiels communs à l’image et au texte (il y a des enfants ; ils sont en train de jouer ; ils imaginent qu’il y a de l’eau là où il n’y en a pas). La photographie de Robert Doisneau est présentée comme une illustration possible du texte de George Sand. En aucun cas, la composition et la construction ne sont interrogées pour décrypter cette image qui devient un simple outil. Aucune compétence d’analyse de l’image n’est requise. Il s’agit d’un jeu de ressemblances thématiques assez vain. Rien n’invite les élèves à approfondir leur réflexion sur ce que ces deux œuvres disent de l’illusion.

Sans doute dans une intention de simplification, le terme « métaphore » n’apparaît pas dans la question 4 au profit des mots « comparé » et « comparaison ». Non seulement ce manque de rigueur dans la terminologie a pu perdre quelques candidat·es à la recherche d’une comparaison mais imagine-t-on, dans un sujet de mathématiques remplacer le mot parallélogramme par rectangle ?

Les questions de langue étaient basiques et pourtant elles n’ont pas été réussies par les candidat·es, exception faite de la réécriture.

Les sujets de rédaction étaient tous deux adaptés.

Un barème très avantageux et variable selon les académies

S’il semble normal que l’on corrige avec bienveillance vu qu’il ne s’agit pas d’un concours mais d’un examen proposé à des élèves qui doivent poursuivre leur scolarité, on perd le sens de la construction syntaxique des phrases quand on accorde des points à des réponses sèches comme « CC » ou « attribut du sujet » sans plus de précision.

Pour la réécriture, 4 points sur les 10 au moins sont de purs cadeaux et il a été demandé de ne pas sanctionner les fautes de copie dans certaines académies. Tou·tes les candidat·es ou presque ont eu entre 8 et 10 points sur cet exercice de niveau CE2. 

Dans les dictées, dans certaines académies, la consigne a été donnée aux correcteur/trice·s de n’enlever qu’un demi-point par mot oublié. Cela revient à moins pénaliser un·e candidat·e qui n’a pas même essayé d’écrire un mot que celui ou celle qui a fait une erreur en se pliant à l’exercice.

Pour le SNES-FSU, le DNB est un examen national et doit le rester. C’est pourquoi il dénonce toute consigne académique concurrente des consignes de correction nationales.  

Un sujet très difficile en série professionnelle

Le texte support est un extrait de W ou le souvenir d’enfance Georges Perec, un texte qui est tout en non-dit, en nuance, en implicite. Ni les notes explicatives ni les questions ne permettent de faire comprendre aux candidat·es le contexte historique, l’importance de ce qui est raconté. Des connaissances historiques – à décrypter qui plus est – sont indispensables pour saisir le sens de ce texte et une question porte directement sur le contexte historique. Combien d’élèves de Troisième sur toute la France auront compris que dans la phrase « Elle porta l’étoile », il s’agit de l’étoile jaune et que quand l’enfant part en train en 1942 pour « Villard-de-Lans avec la Croix-Rouge », on le fait passer en zone libre pour essayer de le sauver ? D’autant plus que l’image qui est à mettre en relation avec le texte (un tableau de Hopper où l’on voit un train gigantesque, un enfant et un homme à côté sur le quai) incite à banaliser ce départ et à laisser croire que le petit Georges Perec part en vacances en train et que sa maman lui dit simplement au revoir sur le quai en agitant un mouchoir…
Ce qui est scandaleux, c’est que c’est un texte fort, qui raconte un traumatisme et rien n’est fait pour que les candidat·es y voient autre chose qu’un texte banal, presque ennuyeux où un auteur donne quelques éléments rapides sur la vie de sa mère et sur un voyage en train.
 

Les questions ardues se succèdent : expliquer le sens d’une phrase vraiment difficile à comprendre, justifier l’expression « bonheur relatif » (sans que l’adjectif relatif soit expliqué). Parmi les questions de grammaire et compétences linguistiques, deux sont imprécises : on ne sait pas quand on demande « Comment ce mot est-il formé ? » si on attend que les candidat·es nomment chacun des éléments de formation du mot en plus de le découper ; de plus quand il s’agit de « trouv[er] un mot construit de la même manière, est-ce dans le texte ou pas ?

La réécriture est faisable par la plupart des candidat·es mais le souci est qu’elle est en définitive plus difficile que celle en série générale.

Des correcteur/trice·s qui se sentent floué·es

Cette année encore, les professeur·es de lettres ont ressenti un fort sentiment d’injustice au moment des correction des copies. Le temps nécessaire à la correction de l’épreuve de français est objectivement très élevé, les collègues de lettres sont toujours les denier·es à terminer. Les indemnités de correction n’en tiennent pas compte et restent ridiculement faibles compte tenu de la charge de travail et des responsabilités des collègues.

Le SNES-FSU demande une revalorisation générale des indemnités de correction du DNB et demande singulièrement que le ministère cesse de considérer que les professeur·es de français corrigent par candidat·e une seule copie quand, matériellement, il a deux copies distinctes et trois notes à rentrer.

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