Plus de 60 % des enseignants du lycée Duby d’Aix-en-Provence ont répondu au questionnaire sur l’accompagnement personnalisé. Cinq ans après sa mise en place, le jugement est sévère. Mais le ministère de communiquer sans relâche sur l’impérieuse nécessité de l’élargir à l’ensemble du secondaire !
À l’heure de son introduction au collège, la section SNES-FSU du lycée Duby d’Aix-en-Provence a consulté l’ensemble des collègues de l’établissement pour savoir quel contenu pédagogique donner aux heures d’AP et mesurer le degré de satisfaction du dispositif existant. Il en ressort que l’immense majorité des collègues juge sévèrement les aspects censés être les plus novateurs de l’AP, à savoir les « ateliers transversaux ». Les élèves, qui effectuent leurs choix à partir d’une longue liste en début d’année, participent dans ce cadre à des projets annuels ou semestriels les plus divers à raison d’une heure hebdomadaire. Or non seulement ces heures, prises sur l’enseignement disciplinaire, ne sont d’aucune utilité pour les élèves qui les sèchent ou les contournent massivement, mais elles ne sont profitables in fine qu’aux élèves les plus doués.
Le moins par le moins
Bilan : moins d’heures de cours pour les plus faibles, plus de culture pour les meilleurs. Le dispositif accentue donc les inégalités scolaires. Le deuxième grand enseignement du questionnaire réside dans le désir très majoritaire des professeurs de conférer à l’AP un contenu disciplinaire, de soutien ou d’approfondissement, singulièrement en mathématiques et français, avec un effectif moyen de 17 élèves. Autrement dit renouer avec les dédoublements rognés, voire supprimés… du fait de l’introduction de l’AP en 2010 !
On conçoit mieux dans ces conditions pourquoi le ministère tarde tant à établir un bilan de la réforme du lycée lequel infirmerait très certainement le bien-fondé de l’introduction des EPI et de l’AP au collège. Résultats détaillés de l’enquête consultables : http://www.aix.snes.edu/Accompagnement-personnalise-l.html.
Rodolphe Pourrade, S1