L’enquête en Lettres révèle une surreprésentation de réponses de femmes (entre 80 et 90 % selon collège / lycée, Lettres classiques / Lettres modernes) et expérimentées (au moins 80% enseignent depuis plus de 10 ans).

Lettres modernes

• Ce qui ressort de l’enquête, c’est un essoufflement préoccupant des professeurs de Lettres modernes, et particulièrement en lycée.

L’insatisfaction est de 10 points supérieure aux résultats globaux en lycée.
96 % des professeurs de Lettres modernes déclarent avoir augmenté leur temps de travail et ils sont presque unanimes (96%) pour attribuer cette charge supplémentaire à la réforme.
→ 44 % affirment être débordés tous les jours (soit 10 points de plus que les résultats toutes disciplines confondues.)
→ 69 % signalent une dégradation de leur état de santé et 10% avec arrêt de travail (lycée).

Cela s’explique par le fait que les programmes de Lettres modernes, au lycée, ont radicalement changé tant dans leurs formes que dans leurs contenus.
En effet, les programmes très contraints pour ce qui est de la quantité : nombre obligatoires d’oeuvres, de textes de groupements de textes à aborder + exercices très variés auxquels préparer les élèves pour le baccalauréat.
Par ailleurs, l’analyse est abandonnée au profit de l’histoire littéraire et cela manifeste une vision passéiste de la littérature.
La liberté pédagogique est donc fortement remise en question : quand on sait qu’elle est l’un des points forts de l’attachement des collègues à leur pratique professionnelle, il est logique que l’insatisfaction domine.

Des points communs entre Lettres modernes et Lettres classiques

Au lycée, la quantité des tâches, dans les deux disciplines, est encore davantage source d’insatisfaction que la qualité (pourtant à hauteur de 55%, soit 10 points de plus qu’au collège).

Les professeurs de collège souffrent eux aussi de la lourdeur et de la quantité des tâches qui leur incombent. Ils pointent plus que dans les autres disciplines la difficulté à prendre en compte l’hétérogénéité des élèves (pour au moins 40% d’entre eux) et, en Lettres modernes, soulignent à quel point les inclusions accroissent leur temps de travail.

Cet alourdissement considérable de la quantité de travail a des répercussions sur la qualité de vie personnelle, sur la santé (presque 20 % des professeurs de Lettres modernes ont eu des arrêts de travail, ce qui est nettement supérieur au pourcentage global) mais aussi sur les conditions de travail puisque, plus que dans les autres disciplines, les professeurs notent une diminution des rencontres avec leurs collègues. (46 % en Lettres modernes et 37 % en Lettres classiques).

On note cependant que, contrairement aux résultats globaux, 23% des professeurs de Lettres modernes et 21 % de ceux de Lettres classiques constatent une augmentation de l’intérêt des échanges entre collègues. On peut penser que la remise en question de la vision de la discipline occasionnée par les changements de programme peut susciter des débats féconds entre collègues mais peut-être aussi que face à la charge de travail supplémentaire, des échanges de cours ou un partage des tâches se mettent en place.

Lettres classiques

• 94 % des professeurs de Lettres classiques ayant répondu à l’enquête pensent que leur métier est en train de se transformer.

Au lycée, il n’y a plus d’examen, sauf pour les spécialistes. La discipline est plus que jamais fragilisée par la nouvelle autonomie des lycées. Les LCA semblent désormais relever de la culture générale et sont accordées aux élèves en fonction des reliques des DGH.

Les professeurs de Lettres classiques incriminent moins que les autres la mise en œuvre précipitée de la réforme en lycée (66%). Vraisemblablement, ils voient plus loin, parce qu’ils sont plus sensibles à d’autres problèmes : répartition des heures de marge, combat pour avoir des heures, ouvrir les spécialités, risque de voir une discipline optionnelle s’éteindre sans examen terminal, etc.

La réforme du collège et les multiples pertes qu’elle a entraînées (baisse du nombre d’heures, réduction du nombre de groupes, nécessité de faire du latin et du grec sur le même créneau horaire) peuvent expliquer que pour les professeurs de Lettres classiques le sentiment de perte de sens ou de transformation du métier soit plus prégnant.

Au collège, ils sont plus sensibles que la moyenne à l’augmentation du nombre de nouveautés qu’ils jugent sévèrement. Peut-être parce que certains se sentent encore contraints par des démarches de projet de type EPI pour gagner leur légitimité ?

Tant au collège qu’au lycée, les professeurs de Lettres classiques ont tendance à se méfier des interventions de partenaires extérieurs ou même à les réprouver. On peut avancer l’idée que quand on ne voit un groupe qu’une à deux heures par semaine, qu’une partie du groupe est absente tour à tour pour une raison ou pour une autre, toute intervention indépendante de notre volonté est vue comme une perturbation.


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