Toute la communication ministérielle vise à opposer les besoins des territoires ruraux et de l’éducation prioritaire dans le but inavoué de faire des économies en se contentant d’un redéploiement, par le biais d’allocations progressives de moyens sur des fondements qui ne seraient pas éducatifs et sociaux alors qu’il faudrait donner à tous. Or, l’éducation prioritaire est une politique qui a toujours visé la lutte contre les déterminants sociaux de la réussite scolaire. A ce titre, elle n’a jamais été l’apanage des collèges des zones urbaines ; la pauvreté n’est d’ailleurs pas négligeable dans certaines zones rurales, où Les inégalités territoriales se cumulent souvent avec les inégalités sociales. Plus d’une centaine de collèges ruraux sont actuellement classés en éducation prioritaire au vu des indicateurs communs.

Déjà, les collèges de REP sont délaissés, quand les REP+ restent la seule vitrine de l’éducation prioritaire. Ils font l’objet de restrictions de moyens. Le seuil d’élèves par classe y augmente régulièrement. La prime REP stagne et les enseignants n’y bénéficient pas d’heures de pondération alors que les conditions de travail et les difficultés des élèves nécessiteraient davantage de temps. De nombreux collèges sont ainsi délaissés dans une zone grise où le label n’apporte que trop peu de moyens supplémentaires pour faire la différence.

En outre, la mission Azéma-Mathiot risque de leur porter le coup de grâce. En effet, il serait question de laisser gérer ce label au niveau académique plutôt que ministériel quand on sait que les académies appliquent déjà difficilement une politique d’éducation prioritaire dont le cadre est national. Dans ce cas, les collèges de REP perdront progressivement leur label et les moyens afférents. Le sort des collèges délabélisés en 2015, abandonnés à la bienveillance des politiques rectorales, en est la préfiguration.

La « territorialisation », mot clé de la communication institutionnelle, qui prétend élaborer pour chacun des offres scolaires différenciées au plus près des besoins du terrain va surtout conduire à la mise en concurrence des établissements puis à l’abandon de certains, tout en creusant les inégalités existantes. Telle qu’elle est envisagée, elle aboutirait à un redéploiement des moyens pour répondre à des enjeux qui ne sont pas ceux de l’éducation prioritaire.

Pour le SNES-FSU, il s’agit tout au contraire de tracer précisément le champ et les objectifs d’une politique de la ruralité, de définir des règles claires, de l’articuler ainsi au mieux avec la politique d’éducation prioritaire et d’abonder leurs budgets respectifs pour que l’ensemble puisse fonctionner mieux et ne se retrouve pas soumis à des agendas politiques locaux.


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