Les quelques marges d’autonomie dont pouvait encore bénéficier l’éducation prioritaire sont en train de disparaître. Dans l’académie de Marseille, on taille des croupières aux REP+ : il y manquera 43 ETP (Équivalents temps plein) à la rentrée prochaine. Le collège Léon-Blum de Villiers-le-Bel reçoit davantage d’élèves que prévu, mais perd à lui seul 31 heures. L’unique collège REP+ de la Manche perd ses 9 dernières heures de « référents » ; collègues, parents et élus ont organisé une occupation nocturne de l’établissement pour protester. Plus fort encore, à Clichy-sous-Bois, c’est le collège Romain Rolland, choisi par les ministres de la Ville et de l’Éducation nationale pour lancer les cités éducatives en septembre dernier, qui se met en grève face aux pertes d’heures !
Déshabiller Pierre… et Paul !
Dans certaines académies, le taux de boursiers et les catégories socioprofessionnelles sont abandonnés pour les nouveaux Indices de position sociale (IPS) et d’éloignement des collèges, que les rectorats ont pondérés dans des équations aux coefficients opaques, défavorables aux collèges de l’éducation prioritaire. À la faveur d’un changement d’indicateurs, ils présentent les suppressions de postes comme prétexte à rétablir les équilibres.
Le 13 février, lors du colloque Éducation et ruralités à l’Assemblée nationale, le ministre s’inscrivait en faux « contre ceux qui prétendent que l’on déshabillerait Pierre rural pour habiller Paul urbain ». Pourtant, il oppose les territoires alors que ses projets n’épargneront ni les REP ruraux, ni les petits collèges éloignés qu’il propose d’articuler aux écoles primaires ou bien de regrouper en grands collèges moins coûteux.
Avec la FSU, le SNES donne la parole aux acteurs de terrain en organisant des états généraux de l’éducation prioritaire dans les départements au printemps, puis au niveau national en novembre/décembre.