Jean-Michel Blanquer est l’homme des paradoxes. D’un côté, la cohérence idéologique, de l’autre, le manque d’anticipation, la désorganisation imposée aux personnels et aux élèves. À une semaine du début des épreuves, les convocations ne sont pas toutes arrivées et les modalités d’évaluation demeurent floues ; à Lille, pour des évaluations spécifiques comme la DNL, on a vu des collègues convoqués alors qu’ils n’étaient pas concernés ! Le Grand Oral, qu’il défend bec et ongles, donne lieu à des recommandations diverses et variées selon les académies. Les équipes pédagogiques sont en plein désarroi. Parcoursup, en laissant de nombreux lycéens sans proposition pour l’an prochain, creuse toujours plus les inégalités et réalise pleinement son objectif : masquer, par une sélection effrénée, le manque de places à l’université. La désorganisation engendre fatigue et injustices. Qu’importe au ministre. L’intendance doit suivre.
Dans le même temps, méthodiquement, il poursuit par petites touches son entreprise de remodelage du système éducatif. C’est son Grand OEuvre, caché mais résolu. Depuis le changement des règles de nomination des recteurs dont a bénéficié la rectrice de Versailles jusqu’à la refonte de l’Inspection générale, la mainmise du ministre sur la carrière des fonctionnaires ne cesse de se renforcer dans un système clientéliste qui relève d’une logique quasi féodale : faudra-t-il prêter serment, rendre hommage ? J.-M. Blanquer décline avec zèle la ligne gouvernementale qui consiste à opérer un glissement d’une Fonction publique de carrière à une Fonction publique d’emploi, ouvrant ainsi la voie à l’arbitraire et le clientélisme. Ajoutons, pour faire bonne mesure, un soupçon d’autoritarisme et une pincée de pression sur les personnels et le tableau sera complet.