
Dix mille livres ! C’est le nombre de titres, 10 046 selon l’association PEN America, frappés d’interdiction dans les bibliothèques scolaires aux États-Unis en 2023-2024. C’était vingt-cinq tentatives d’interdiction il y a quatre ans.
Cette censure menée au niveau local a pris une nouvelle ampleur ces derniers mois. Tel est le nouveau visage des États-Unis, « Made Trump », dont le discours réactionnaire, conservateur, raciste et transphobe libère la parole et les actes dangereux. Parmi les titres censurés figurent L’Œil le plus bleu de Toni Morrison, Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur de Harper Lee, La Servante écarlate de Margaret Atwood. Dans cette nouvelle guerre culturelle, les réactionnaires s’en prennent aux ouvrages sur les luttes féministes, les questions raciales et les droits des personnes LGBTQIA+. Leur tort supposé, ouvrir l’horizon des lecteurs et lectrices, apprendre à connaître l’histoire dans toute sa complexité, réfléchir, rêver, connaître l’autre, le respecter.
Telle est la première crainte de ces nouveaux censeurs, que les plus jeunes pensent par eux-même, apprennent à questionner leur histoire, leur environnement, leur société. Leur objectif : la reproduction d’un ordre social dépassé et fantasmé. Mais nul besoin de traverser l’Atlantique. L’intolérance et le rejet de l’autre est aussi le puissant moteur des anti-EVARS. L’Éducation fait visiblement peur pour ce qu’elle est, un puissant levier d’émancipation. Il est d’autant plus indispensable de la protéger et de la conforter.