Dans une interview récente au journal Le Monde, le ministre de l’Éducation revient sur le rôle central de l’École dans la société et salue le travail « exceptionnel » des enseignants durant toute la période de crise sanitaire. On est très loin de la petite musique fredonnée l’an dernier sur les professeurs décrocheurs. Pour autant, la suite de l’interview laisse peu de doute sur les enjeux tactiques d’un tel discours. Les belles paroles ne suffisent pas à faire oublier l’abandon pur et simple de la revalorisation promise par le ministre, qu’il annonçait comme « historique ». Les mois passent, les promesses trépassent. Plus la moindre loi de programmation en vue, plus de plan de revalorisation de l’ensemble des enseignants. En guise de mesures « générales », ne subsistent qu’une maigre prime d’équipement et une étique prime d’attractivité pour les débuts de carrières. Pas de quoi compenser les pertes de pouvoir d’achat accumulées. Mais le travail avance, certifie le ministre, ainsi que les discussions avec les organisations syndicales, paraît-il. Dans les faits, ces discussions sont tout aussi virtuelles que la loi de programmation.
Ne lui parlez pas d’argent, le ministre est bien au-dessus de tout cela, trop occupé à imposer les propositions du Grenelle. Il entend bien réformer le métier enseignant, conformément à ses obsessions : diminuer les protections collectives, accroître les missions, contrôler le métier…
Ainsi, vous serez payés en monnaie de singe mais verrez votre charge de travail alourdie. Tous les travers du Grenelle sans la revalorisation.