79 morts, plusieurs centaines de disparus sur près de 700 personnes entassées sur un chalutier… il y a quinze jours, ces chiffres se sont égrenés dans l’actualité, avec des mots si souvent entendus : naufrage, Méditerranée, réfugiés…. Puis plus rien. On a bien vite oublié que derrière ces chiffres, il y a des êtres humains. Des femmes, des hommes, des enfants qui ont quitté leur pays, contraints, parfois dans la plus grande précipitation quand leur vie ne tenait plus qu’à un fil. Des femmes, des hommes, des enfants qui ont laissé derrière eux une famille, des amis, un emploi, une vie. Des femmes, des hommes, des enfants entassés dans un bateau, la peur au ventre, qui ont hurlé leur détresse dans la nuit noire de la Méditerranée. Et à qui l’Europe n’a renvoyé que l’écho de son égoïsme et de ses replis nationalistes. La Méditerranée est devenue le plus, grand cimetière du monde, mais aussi le cimetière des nos principes humanistes qui n’en finissent plus de couler, lestés par les discours populistes et xénophobes qui polluent le paysage politique et médiatique.
Et comment ne pas noter avec amertume qu’il vaut mieux faire partie de quelques happy fews fortunés partis explorer les vestiges du Titanic pour être sauvés ? Pas de méprise, personne ne doit mourir noyé en mer, les réfugiés pas plus que les apprentis explorateurs. Mais alors que l’intolérance semble être la boussole politique d’un nombre grandissant de nos politiques, l’heure est à réaffirmer et faire vivre notre exigence, sinon notre devoir, d’humanité.