Le ministre de l’Éducation nationale a tenu à célébrer la journée mondiale des enseignant·es. On aurait pu attendre qu’il annonce une revalorisation, qu’il évoque de meilleures conditions de travail, et même l’abandon du Pacte ! Car, après tout, à ce ministre qui ne cesse de remercier les personnels, on serait tenté de rappeler, comme le poète Pierre Reverdy, qu’« il n’y a pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amour ». Au final, il n’y pas grand-chose pour les personnels !
Cette « journée mondiale des enseignants », coincée entre la journée de la courtoisie et les punaises de lit, n’était qu’un prétexte pour dérouler son projet politique. Après l’uniforme, Gabriel Attal continue de faire vibrer la corde nostalgique d’un électorat qui le lui rend bien, en ressortant des cartons les groupes de niveaux déjà essayés, et sans succès, alors que la recherche scientifique a démontré leur inefficacité.
Quant à l’École des fondamentaux, resserrée autour du français et des mathématiques, elle n’est guère adaptée à la compréhension d’un monde complexe en pleine mutation. Mais quel retour en arrière ! Une École où les élèves ne se mélangent pas, chacun dans son couloir d’un 100 mètres, modélisant les carcans sociaux… bref, un renoncement à les faire progresser en les confrontant à la diversité. Pour le jeune ministre qui attire les lumières médiatiques, c’est retour vers le passé. Il serait pourtant bien plus inspiré d’attirer les professeur·es : il en faut 329 000 d’ici 2030. C’est demain, c’est l’avenir, et cela mérite bien plus que le recyclage d’un projet passéiste et conservateur.