1) L’Enseignement de Complément est à financer par l’établissement sur la marge d’autonomie de 20 %. A quoi sert cette marge d’autonomie ? Sommes-nous en concurrence avec nos collègues ?
« Le conseil d’administration répartit la dotation horaire supplémentaire mise à la disposition des établissements entre les moyens nécessaires à la constitution de groupes à effectifs réduits, aux interventions conjointes de plusieurs enseignants et aux enseignements de complément. » et « Les groupes à effectifs réduits ont vocation à être constitués en priorité pour les sciences expérimentales, la technologie, les langues vivantes étrangères, les langues régionales et l’enseignement moral et civique. » Circulaire du 2 juillet 2015. La concurrence est bien là. Ne pas céder devant ceux qui pensent que des groupes en AP ou la co-intervention en EPI sont plus importants que des cours de latin ou de grec.
2) On me dit qu’auparavant les horaires n’étaient pas fléchés non plus, que rien ne va changer. Est-ce vrai ?
Oui et non. La DHG prévoyait le financement des matières obligatoires en fonction du nombre de divisions. S’ajoutaient ensuite des paquets d’heures pour les options, les sections euro, etc. Ce n’était pas “fléché” dans la mesure où l’établissement pouvait éventuellement employer ces heures à autre chose qu’aux LCA et regrouper des niveaux dans ces matières (en cas de très faibles effectifs par exemple) -raison pour laquelle il fallait être vigilant-, mais les heures étaient abondées. La situation sera différente puisque tous les établissements auront désormais le même volant d’heures à répartir, qu’ils proposent ou non l’enseignement de complément. Auparavant, l’établissement qui proposait l’option facultative se voyait attribuer des heures que n’avait pas le collège qui ne la proposait pas.
3) L’horaire de l’Enseignement de Complément est de 1h en 5ème, 2h en 4ème puis en 3ème. Peut-on diminuer cet horaire ?
« Cet enseignement peut être suivi au cours des trois années du cycle 4, dans la limite d’une heure hebdomadaire en classe de cinquième et de deux heures hebdomadaires pour les classes de quatrième et de troisième. ». Arrêté du 19 mai 2015.
La DGESCO a refusé de clarifier l’expression « dans la limite de » qui est très ambiguë. Par ailleurs, on peut s’appuyer sur cet extrait du compte-rendu d’audience (notamment de la CNARELA) du 7 juillet 2015 au Ministère de l’Education Nationale : « Eric Tournier répond clairement que ces horaires sont bien les horaires qui devront être appliqués, qu’il s’agit de la norme (ce qui est contraire à ce qui nous a été affirmé par la DGESCO). L’EC devra donc être assuré à hauteur de 1h en 5e, 2h en 4e et 2h en 3e pour le latin, 2h en 3e pour le grec. Il rappelle en outre que la ministre a affirmé sa volonté que l’EC soit suivi de la 5e à la 3e. ». Par conséquent, il faut refuser toute diminution d’horaires.
4) Est-ce qu’à terme je risque de perdre mon poste ou de devoir effectuer un complément de service ?
En 2015-2016 : 1 groupe de latin par niveau et 1 groupe de grec en 3ème = 11h
En 2016-2107 : 1 groupe de latin par niveau et 1 groupe de grec en 3ème = 7h / -4h soit un risque de complément de service.
En 2015-2016 : 2 groupes de latin par niveau et 1 groupe de grec en 3ème = 19h
En 2016-2017 : 1 groupe de latin par niveau = 5h / -14h soit un risque de suppression de poste
5) Est-ce que les élèves peuvent suivre à la fois l’Enseignement de Complément de latin et celui de grec ?
Oui. « Un collège peut proposer à la fois un Edc de latin et un Edc de grec, y compris de façon cumulative pour les élèves ». Fiche Enseignements de complément, document DGESCO septembre 2015.
6) On m’a dit qu’aucun texte ne stipulait explicitement que les élèves devaient suivre l’EPI LCA pour s’inscrire en Enseignement de complément et que n’importe quel EPI pouvait faire l’affaire, est-ce vrai ?
Texte de l’arrêté : « Cette dotation horaire attribuée à l’établissement lui permet également, dans le cadre de son projet pédagogique, de proposer, pour les élèves volontaires, un enseignement de complément aux enseignements pratiques interdisciplinaires prévus à l’article 3, qui porte sur un enseignement de langues et cultures de l’Antiquité ou sur un enseignement de langue et culture régionales. » Effectivement, la faille existe. Texte de la circulaire : « Le collège propose en outre aux élèves un enseignement de complément aux enseignements pratiques interdisciplinaires « Langues et cultures de l’Antiquité » et « Langues et cultures étrangères ou régionales ». Cet enseignement porte sur le latin, le grec ou une langue régionale. ». Il n’y a plus d’ambiguïté possible. Certes l’arrêté prime sur la circulaire et il est possible d’argumenter dans ce sens.
7) Si je prends en charge l’EPI LCA, est-ce que je pourrai y traiter le programme de latin ou de grec ?
En théorie, non. « Le programme d’enseignement du cycle 4 fixe le cadre des contenus enseignés pour chaque thématique » et « Les enseignements obligatoires se répartissent en enseignements communs à tous les élèves et en enseignements complémentaires (accompagnement personnalisé et enseignements pratiques interdisciplinaires) ». Circulaire du 2 juillet. Nos disciplines ne font pas partie des enseignements obligatoires du cycle 4 mais ne sont qu’un complément aux enseignements complémentaires.
Pourtant, l’Inspection Générale de Lettres s’est fendue d’une circulaire, a priori peu diffusée, qui stipule ceci :
« Comme tous les autres EPI, l’EPI LCA doit prendre appui sur les programmes disciplinaires : celui des enseignements de complément latin et grec, celui de français, mais également les langues vivantes, les arts plastiques, l’éducation musicale, l’histoire des arts, l’éducation physique et sportive, l’histoire, la physique chimie, les mathématiques peuvent être concernés. Par conséquent,
– l’EPI LCA est inclus dans la durée des horaires des disciplines sur lesquelles il repose dans le cadre du projet.
– les professeurs de lettres classiques ainsi que les professeurs d’autres disciplines ont vocation à être mobilisés pour cet enseignement. Pour exemple, dans le cadre d’un EPI qui durerait deux heures par semaine, le professeur de lettres classiques peut prendre en charge une des deux heures, quand le professeur de l’autre discipline prend en charge la seconde. Par ailleurs, si le projet le rend nécessaire, par exemple dans le cas où l’EPI aurait lieu une heure par semaine, une co-intervention est également possible. »
Il faut argumenter contre cette circulaire (en rappelant que seuls les enseignements obligatoires peuvent contribuer aux EPI) de façon à ne pas se faire « dévorer » l’unique heure de 5ème ou une heure de 4ème ou de 3ème par l’EPI.
8) Si je ne traite pas le programme de latin ou de grec, que devrai-je faire pendant l’EPI LCA ?
J’y traiterai une partie du programme de français et par ailleurs : « – Les enseignements pratiques interdisciplinaires incluent l’usage des outils numériques et la pratique des langues vivantes étrangères. Ils contribuent, avec les autres enseignements, à la mise en œuvre du parcours citoyen, du parcours d’éducation artistique et culturelle ainsi que du parcours individuel d’information, d’orientation et de découverte du monde économique et professionnel. ». Arrêté du 19 mai.
9) L’EPI LCA durera-t-il toute l’année ?
Pas nécessairement. « Les enseignements pratiques interdisciplinaires peuvent être de durée variable (trimestrielle, semestrielle, annuelle), sur un horaire hebdomadaire de 1 à 3 heures. Un établissement peut combiner des enseignements pratiques interdisciplinaires de durées différentes » Circulaire du 2 juillet
10) L’EPI LCA permettra-t-il, comme cela avait été annoncé, de compenser la perte d’une heure par niveau en latin et en grec pour la classe de 3ème ?
Il est évident que non. Les élèves suivront l’EPI sur un trimestre, un semestre, une année, une semaine interdisciplinaire, au choix des établissements. Il pourra être pris en charge pas le professeur de Lettres classiques comme par n’importe quel autre professeur. Quel que soit le sérieux de son contenu, il ne remplacera pas les heures perdues.
11) L’EPI LCA peut-il être proposé aux élèves sur les trois années du cycle 4 ?
Oui. Cependant, ce n’est rien de plus qu’une possibilité, il n’y a aucune contrainte. « Une même thématique interdisciplinaire peut être suivie par un élève au cours des trois années du cycle 4. Un élève peut ainsi suivre l’enseignement pratique interdisciplinaire « Langues et cultures de l’Antiquité » en classes de 5ème, 4ème et 3ème. » Circulaire du 2 juillet.
12) L’EPI LCA doit-il obligatoirement être proposé dès l’année de 5ème ?
Non. Rien ne le dit. Il n’est d’ailleurs pas sûr du tout qu’on ait intérêt à cela. Beaucoup d’établissements s’orientent visiblement vers la disparition pure et simple de l’heure de 5ème d’enseignement de complément au profit d’un EPI ouvert à tous. Proposer d’autres projets (EPI en 4ème pour initier au grec, ou en 3ème, où les liens entre le programme de français et ceux de latin et de grec sont peut-être plus porteurs que les autres années.) nous semble plus judicieux. L’EPI en 3ème dynamite le dispositif. En s’adressant sans doute à des élèves latinistes déjà entrés dans les apprentissages, ou hellénistes, il est possible qu’il devienne un complément intéressant et ce d’autant plus que les élèves seront plus matures. En tout cas, L’EPI n’a pas vocation, en 5ème, à devenir un dispositif gratuit d’initiation à une option qui ne commencerait qu’en 4ème.
13) J’ai entendu dire que tous les élèves d’un même niveau devaient suivre les mêmes EPI, est-ce vrai ?
A notre connaissance, rien ne le précise, dans aucun des textes. Cela paraît absurde car si on offre à certains élèves la possibilité de suivre l’EPI LCA sur trois ans, on ne va pas l’imposer à tous.
14) Le professeur de Lettres Classiques doit-il obligatoirement se charger de l’EPI LCA ?
Absolument pas. Il suffit pour s’en convaincre de regarder les programmes disciplinaires ou la liste des EPI produite en annexe du programme de l’enseignement de complément : nombreuses sont les disciplines qui peuvent prétendre participer à l’EPI LCA. Extrait du compte-rendu d’audience à la DGESCO de la CNARELA et d’autres associations, le 3 juillet 2015 : « (…)la thématique LCA n’implique pas nécessairement un professeur spécialiste. L’EPI LCA, axé sur la culture et un peu de langue, peut être pris en charge par tout le monde, le professeur de Lettres classiques interviendra comme expert. »
15) Peut-on nous imposer une organisation qui reposerait sur un EPI LCA proposé à tous les élèves de 5ème en supprimant l’enseignement de complément latin ?
L’EPI est un enseignement obligatoire, l’EDC, facultatif, est proposé à des élèves volontaires. Ils n’ont pas le même statut et l’un n’a pas à disparaître au profit de l’autre. Il nous semble qu’il faut refuser ce type de proposition mais elles sont vraisemblablement à étudier au cas par cas.
16) Mon établissement me propose l’organisation suivante : 2h d’EPI LCA pour tous les élèves de 5ème au premier semestre puis 2h d’enseignement de complément latin (1h annualisée) pour les élèves volontaires. Est-ce une bonne solution ?
Cela peut paraître séduisant mais ne tient pas compte de nombreux problèmes.
Le professeur de Lettres Classiques ne pourra pas intervenir pendant l’EPI sur toutes les classes : il devra alors se résoudre à ce que certaines ne puisse pas réellement avoir une approche appétente des LCA. Ou ce même professeur interviendra dans toutes les classes, en co-intervention (donc sur la marge d’autonomie, ce qui ne sera pas forcément du goût de tous) pour offrir à toutes les classes une approche des LCA de nature à inciter les élèves à débuter l’étude du latin.
Deuxième étage de la fusée, tous les élèves volontaires pourront-ils vraiment s’inscrire en milieu d’année ? Les moyens pour deux groupes, par exemple, auront-ils été prévus ? S’il y a trop d’élèves par rapport aux prévisions, comment choisira-t-on ceux qui ne pourraient pas poursuivre ?
Enfin, autre façon d’aborder le problème, est-on sûr de trouver, au second semestre, des élèves qui accepteront de rajouter deux heures hebdomadaires à leur emploi du temps (deux heures qui auront auparavant été laissées vacantes dans ceux-ci par l’administration).
Pour le professeur, une organisation de ce genre va dans le sens d’une annualisation de notre temps de travail. Le nombre d’heures et l’emploi du temps ne seront pas identiques d’un semestre à l’autre.
17) Les élèves peuvent-ils mettre un terme à leur étude du latin entre la 5ème et la 3ème ?
« La continuité au cours du cycle 4 est préconisée, mais il n’y a pas d’obligation réglementaire puisqu’il s’agit d’un enseignement proposé aux élèves volontaires (article 2 du décret du 19 mai 2015), ce qui est d’ailleurs le cas actuellement pour les options, dont le latin. » Fiche Enseignements de complément, document DGESCO septembre 2015.
18) Les élèves doivent-ils obligatoirement débuter l’étude du latin en classe de 5ème ?
Non. « Il faut permettre aux maximum d’élèves de bénéficier des apports des LCA, pour tenter aussi d’inverser la tendance très installée d’un abandon du latin en 2nde. Dans cette optique, il faudra sans doute valoriser les expériences cherchant à encourager les élèves à suivre un Edc au cycle 4, même s’il n’a pas commencé en 5ème ». Fiche Enseignements de complément, document DGESCO septembre 2015. Comme aujourd’hui, il sera donc théoriquement possible d’accueillir des élèves « en cours de route ». Même si le texte est écrit de manière très « positive », il est cependant très douteux que demain plus qu’aujourd’hui il soit possible d’ouvrir un deuxième groupe pour accueillir de nouveaux élèves en 4ème…
19) Le privé est-il obligé de se soumettre aux nouveaux horaires pour les LCA ? Non. La circulaire du 2 juillet précise que « les collèges privés d’enseignement sous contrat ne sont pas concernés par ces deux dispositions ». Les deux dispositions en question sont : la pause méridienne d’au moins 1h30 et l’amplitude quotidienne de 7h de cours maximum pour les élèves du cycle 4. Cela signifie que l’enseignement privé peut autofinancer les heures perdues de latin et de grec (ou recréer des ersatz de sections euro) et organiser les journées comme il l’entend.
20) Comment le latin ou le grec seront-ils pris en compte dans l’évaluation ?
Brevet : Des points supplémentaires sont accordés aux candidats ayant suivi un enseignement de complément selon le niveau qu’ils ont acquis à la fin du cycle 4 au regard des objectifs d’apprentissage de cet enseignement : 10 point si les objectifs d’apprentissage du cycle sont atteints ; 20 points si les objectifs d’apprentissage du cycle sont dépassés. Le niveau atteint est apprécié par l’enseignant ayant eu en charge l’enseignement de complément suivi par l’élève.
L’enseignement de complément apparaîtrait sur le bilan périodique.