Cadre de Référence des Compétences Numériques (CRCN)
Le B2i a été supprimé est est remplacé, depuis la rentrée 2019, par le CRCN, qui ne peut être validé que par le plate-forme Pix (Groupement d’Intérêt Public regroupant Ministère de l’éducation nationale, Ministère de l’enseignement supérieur, Université de Strasbourg, Cned, Cnam, Université Ouverte des Humanités ).
Le CRCN sera, à terme, composé de 8 niveaux de compétences (seuls 7 niveaux existent actuellement) réparties sur 5 domaines du numérique. Il a vocation d’accompagner chaque individu tout au long de sa vie et d’être inscrit au registre des compétences professionnelles (donc sera potentiellement exigible pour un emploi). Chaque individu crée ainsi un compte qu’il pourra conserver toute sa vie, sous réserve de donner « signe de vie » de façon régulière : sans activation au bout d’un certain temps d’une réponse à un message envoyé par mél, le compte devrait disparaître (et la certification serait à recommencer…).
Une certification en deux temps cette année
Sur Eduscol le ministère annonce que tous les élèves de la Cinquième à la Terminale devront faire un premier parcours de positionnement avant les vacances de la Toussaint. CPGE et classes postBac sont aussi concernées par cette première étape, mais curieusement elles n’étaient pas mentionnées dans le calendrier lors de sa première publication. Les personnels de direction ont en principe reçu un courrier rectoral dans ce sens dès la mi-septembre.
Pour chaque classe, sous réserve que tous les élèves puissent rentrer ensemble dans la salle d’informatique, cela représente une séance de 2h (dixit le document d’accompagnement). Cela risque peut être de poser des problèmes pour les Premières et les Terminales qui n’appartiennent plus vraiment à une classe. Par ailleurs, c’est le chef d’établissement qui doit organiser ces passations.
Pour la certification obligatoire, des périodes sont aussi indiquées sur Eduscol : les certifications devront se dérouler entre le 4 janvier et le 5 mars 2021 pour les Terminales et 2e année de BTS et de CPGE, et entre le 8 mars et le 12 mai 2021 pour les élèves de Troisième.
De la communication par Web interposé, mais pas de textes officiels
Notre juriste de ministre aurait il oublié la hiérarchie des textes ? En tout cas pas une seule circulaire n’a été publiée au sujet du calendrier. Du coup, c’est uniquement par la lecture d’Eduscol (que chacun se précipite à lire dès potron-minet, bien évidemment) que l’on est informé de ces dates. En tout état de cause, c’est Eduscol, et pas un texte officiel, qui donne les dates de passation tant de la première série de positionnement que de la certification.
Par ailleurs, le site indique que les enseignants ont pour charge d’identifier les besoins de formation à l’échelle individuelle et collective à l’issue des tests d’octobre. Puis, durant l’année scolaire, « les équipes pédagogiques accompagnent les élèves dans l’acquisition de nouvelles compétences au travers de leurs enseignements disciplinaires. Ils peuvent leur proposer des tests Pix complémentaires en appui à leurs actions pédagogiques pour suivre les acquis et les préparer à la certification ». Cependant, sachant qu’aucun niveau de compétence minimal n’est requis par cette certification, qu’est-ce que cela implique, si ce n’est une pression supplémentaire sur les enseignants ? Et un travail supplémentaire puisque ceux-ci vont devoir concevoir des parcours Pix (même s’ils ne conçoivent pas les contenus) pour valider ou non les compétences numériques des élèves.
Toujours de l’information, mais pas de formation
Aucune formation des personnels n’est prévue : seul un document d’accompagnement – de présentation plutôt – se trouve en ligne . Sur Eduscol, le ministère se contente de renvoyer les enseignants vers des fiches. Et pour se familiariser avec Pix, les enseignants n’ont d’autre solution que d’aller sur le site Pix et de s’y auto-former.
Certains rectorats semblent, si l’on en croit le document d’accompagnement, avoir déjà mis au point des procédures : par ex, dans l’académie de Rennes, c’est autour d’une discipline centrale choisie par le conseil pédagogique et le chef d’établissement que le parcours de certification Pix s’articule.
Visiblement cette mise en place est totalement renvoyée au local sans aucun accompagnement national.
Quant on connait l’esprit qui a accompagné la création de Pix, cette décision ministérielle est une aberration. En effet la certification des compétences numériques doit se faire non pas comme une épreuve sur table, mais sur un temps long, au gré de connexions au site et de passation de tests et d’exercices.
La référence faite, à de nombreuses reprises, au BYOD (Bring Your Own Device – en français “AVEC” pour Apportez Votre Equipement personnel de Communication) dans le document d’accompagnement est inquiétante. En effet, les élèves ont la possibilité de se connecter à Pix en dehors de l’établissement scolaire (c’est une ses raisons d’être d’ailleurs). Mais alors pourquoi obliger les enseignants à faire certifier des compétences acquises en dehors de leur responsabilité ? On risque d’assister ainsi à l’apparition de nouvelles inégalités.
Un moratoire sur l’entrée en vigueur de ces certifications permettrait de ne pas alourdir encore le travail de toutes et tous (enseignants comme élèves) et de ne pas ajouter un stress supplémentaire à une période particulièrement troublée.