Le SNES-FSU avait alerté, dès le début du mois de novembre, sur les problèmes posés par les E3C et réclamé l’annulation de cette première session, une demande intersyndicale de la même teneur a été rendue publique en janvier, qui dépassait les clivages, pourtant profonds, sur la réforme du lycée. Le ministre n’a rien voulu entendre, préférant qualifier les contestataires de « ventilateurs à angoisse » ou de « minorités vocales » quand elles n’étaient pas « radicalisées », précipitant les lycées, les personnels, les élèves et leurs familles dans une période de tensions sans précédent.
Derrière les chiffres annoncés par le ministère (fin février, 85 % des lycées où les épreuves ont eu lieu), il y a une réalité humaine, loin des statistiques désincarnées. Au lycée Max-Linder (Libourne), au lycée Montesquieu (Bordeaux) ou au lycée Victor et Hélène-Bash (Rennes), les E3C se sont déroulées dans des conditions scandaleuses : pression policière et/ou élèves enfermés dans le lycée pendant une journée et qui enchaînent les épreuves, etc. Ces élèves ont passé leurs E3C et sont donc dans les 85 % affichés par le ministre. Mais à quel prix ?
Les menaces ont aussi été nombreuses : chantage au zéro, mais pas seulement. Comme le révèlent ces témoignages des académies de Poitiers ou d’Ile-de-France « l’administration a pris des photos et des vidéos des élèves et ensuite a menacé de porter plainte, des menaces verbales et physiques ont aussi été proférées » « les sacs des élèves ont été fouillés et les élèves ont tous été photographiés et filmés par la direction », certains élèves ayant même été pistés sur les réseaux sociaux pour tenter de prouver leur participation au blocus (lycée Vallin à La Rochelle).
Sommée d’organiser coûte que coûte les E3C pour afficher la réussite d’une réforme emblématique pour ce gouvernement, une bonne partie de la chaîne hiérarchique a exécuté cet ordre, sans recul, au risque d’une crise éducative mais aussi morale et politique.