Une mobilisation payante pour défendre les classes préparatoires

Dans sa lettre de démission, le recteur dénonce les entraves qu’il a subies pour mener à bien sa mission de lutter contre « la reproduction sociale », « les inégalités de destin », de défendre « la mixité sociale » et « l’élargissement des élites ». Ces objectifs sont aussi ceux du SNES-FSU. Mais projeter de fermer des CPGE qui accueillent un public nombreux et très hétérogène scolairement et dans lesquelles le nombre de boursiers dépasse la moyenne académique vient affaiblir le discours rectoral.

D’autre part, la volonté du rectorat de Paris de décider seul -son projet a été présenté très tard pour prendre tout le monde de court-, en enjambant les instances ministérielles pour redessiner la carte des CPGE de l’académie, ne pouvait être accepté. C’est bien le pilotage national de la carte des CPGE que la profession a défendu par sa mobilisation.

Enfin, le rectorat a développé tout un discours fallacieux autour des places vacantes et d’un soi-disant problème de recrutement en CPGE à Paris que la profession tout entière ne pouvait laisser passer : la moyenne des effectifs de l’académie dépasse les 42 élèves et les effectifs en CPGE dans le pays sont bien remontés à la rentrée 2023. Avec un tel précédent, ce sont de nombreuses classes dans toute la France qui auraient été, à l’avenir, fragilisées. C’est aussi pour cela que des collègues venus de tout le territoire métropolitain ont fait grève et ont manifesté à Paris le 15 janvier : rappeler que l’effectif de 48 est un maximum et non un plancher.

Un recteur et une profession empêchés.

Le SNES-FSU, à l’origine de l’Intersyndicale CPGE qui s’est construite dès l’annonce de leur fermeture pour obtenir le maintien des classes, se félicite de la décision de la ministre d’annuler les projets du rectorat de Paris. Mais il tient à rappeler que le ministère avait la possibilité de sortir de cette crise par le haut : tout en maintenant les classes menacées de fermeture, il pouvait annoncer le financement des deux CPGE à destination des bacheliers professionnels : l’ECP de Lemonnier et la TSI de Chaptal, qui auraient toute leur place dans le paysage du supérieur français. C’est d’ailleurs la proposition qui avait été faite par l’intersyndicale CPGE dès le 14 décembre lors d’une audience en présence de la conseillère sociale du ministre de l’Éducation Nationale l’époque, Gabriel Attal, et du recteur de Paris, Ch. Kerrero.

En fait, le recteur de Paris a été aussi victime, comme la profession, du dogme « à moyens constants ». Impossible de mettre en œuvre une politique d’ouverture des CPGE aux bacheliers professionnels sans toucher aux classes existantes si le ministère n’octroie pas de moyens supplémentaires pour accueillir un public nouveau.

Or, le SNES-FSU dénonce que les moyens octroyés à l’ Académie de Paris, en baisse depuis 2017 pour le second degré, le seront encore à la rentrée prochaine (-128 postes). Et cette baisse n’est pas proportionnelle à la baisse démographique.

Il faut des moyens nouveaux pour les poursuites d’étude des bacheliers professionnels

Le SNES-FSU a toujours défendu les CPGE, des classes gratuites qui constituent une alternative aux formations supérieures du privé qui sont chères et dont Parcoursup est la vitrine. Elles accueillent un public qui se diversifie. Et le SNES-FSU défend le déploiement de CPGE pour bacheliers professionnels. En effet, être qualifié, obtenir un diplôme, pousser ses études au plus haut, c’est une garantie pour chacun et chacune d’émancipation, d’éducation, d’instruction, de formation. La qualification reste la meilleure défense des citoyens face à l’aliénation et aux obscurantismes, la meilleure défense des salariés face à l’exploitation et le meilleur atout pour un parcours professionnel qui permette de s’élever au-delà de la précarité et de la domination. Mais, ces ambitions exigent des moyens dédiés et nouveaux pour accompagner ce déploiement des classes pour bacheliers professionnels.

En somme, il s’avère que si le recteur a dû mal supporter le « choc de savoir » que ses projets de fermeture de CPGE avait été suspendus, le ministère, quant à lui, a bien du mal à accepter de financer les poursuites d’étude des bacheliers professionnels.

En grève le 6 février

La colère dans nos professions est grande. Elle s’est exprimée jeudi 1er par une grève massive et une manifestation importante. Le SNES-FSU appelle les collègues à faire grève massivement à nouveau le mardi 6 février. La démission du recteur de Paris est un signe supplémentaire de la situation désastreuse de l’ Éducation nationale.


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