FICHE 1 Une formation et une qualification émancipatrices pour mieux préparer les jeunes

1.1 L’objectif de la formation initiale devrait être de permettre à chaque jeune, au sortir de l’École, de devenir un citoyen critique et éclairé, de s’épanouir et de développer sa personnalité, et ainsi d’envisager sereinement sa vie sociale et professionnelle. Puisque le monde se complexifie et parce qu’aussi l’ambition d’une société pour ses citoyens doit être de plus en plus élevée, nous proposons que la scolarité obligatoire soit portée à 18 ans et que chaque jeune puisse y atteindre un niveau de qualification reconnu, adossé à un diplôme national. Dans un monde qui se durcit, où les inégalités croissent, où les conflits se développent, il est de la responsabilité du système éducatif de préparer tous les jeunes à une entrée dans la vie citoyenne et professionnelle en étant capable d’en comprendre les enjeux, en leur donnant les clefs et les outils permettant d’être des citoyens et des travailleurs éclairés.

1.2 Cela passe par de hautes exigences en terme de culture et de développement de l’esprit critique, d’où notre projet de culture commune, mais cela passe aussi par la mise en valeur de l’action collective, par une analyse et une compréhension critique des codes d’entrée dans le monde du travail et de son organisation, des droits des travailleurs, et par la capacité à défendre ses projets, sa qualification, ses droits.
Il s’agit aussi, à travers la mise en place de formes et de contenus d’enseignement non sexistes, de libérer filles et garçons de l’assignation aux stéréotypes de genre, matrice des inégalités et des violences de genre.

1.3 Nous proposons de varier les situations d’enseignement et d’apprentissage dans toutes les disciplines, par la possibilité de mener à bien des travaux collaboratifs, à l’opposé de la logique d’individualisation qui a montré son inefficacité. Les travaux en groupes ont leur pertinence. Il s’agit de favoriser l’autonomie mais aussi la responsabilisation et le débat démocratique notamment à travers les travaux collectifs. Cette modalité doit relever de la liberté pédagogique des enseignants.
Nous revendiquons des dédoublements dans chaque discipline, cadrés nationalement et financés en heures-postes, pour pouvoir travailler en groupes. Pour ce faire, il est indispensable que cela soit accompagné de formations pour les équipes éducatives : faire travailler en groupes ne s’improvise pas.
Les établissements doivent être dotés de moyens suffisants pour permettre aux équipes pédagogiques et éducatives de créer les dispositifs nécessaires pour faire accéder à la culture tous les élèves. Ces dispositifs peuvent être : des travaux collectifs, des sorties pédagogiques, de l’aide aux devoirs…

FICHE 2 La diversification : un outil pour construire la culture commune

2.1 Dans ce cadre, la culture commune est l’objectif à atteindre pour tous à la fin du lycée. Pour cela, nous proposons de partir des concepts et méthodes spécifiques de chaque discipline scolaire, pour construire un réseau de savoirs et de compétences, ainsi qu’une culture donnant accès à la compréhension du monde et de ses évolutions. La diversification s’appuie sur les éléments incontournables de la culture commune conçus dans chaque discipline comme des passages obligés pouvant être abordés à des moments différents de la scolarité. Ces incontournables peuvent se retrouver dans des objets d’études communs inscrits dans les programmes disciplinaires.

2.2 La diversification procède d’une égale exigence pour tous, elle ne hiérarchise pas des filières ni des formations mais s’appuie sur les points forts et les appétences construits par les élèves au cours de leur scolarité. Elle se construit progressivement. Au collège et au lycée, il s’agit de mettre en oeuvre, au sein de la classe, des pratiques pédagogiques différentes.

2.3 Dans le cadre du collège pour tous, la diversification tient principalement à la diversité des pratiques pédagogiques, qui est une des conditions de la réussite des élèves, notamment la poursuite des études au lycée. Ces pratiques demandent de la formation, du temps pour la concertation et le travail en commun, des moyens pour permettre éventuellement un co-enseignement, des outils pédagogiques, mais aussi des situations d’apprentissages en petits effectifs permettant notamment de « rattraper » des élèves en difficulté. Nos mandats sur les effectifs restent d’actualité : 24 élèves par classe, 20 en éducation prioritaire.

FICHE 5 Contenus, programmes, pratiques

5.1 Afin de construire une culture commune émancipatrice, de donner plus de sens aux savoirs et à la formation des jeunes, les programmes disciplinaires doivent être construits en précisant ce qu’il faut enseigner, et ce que les élèves doivent savoir et savoir faire. Il est nécessaire qu’ils apprennent à questionner leurs connaissances, leurs préjugés. Ce travail, qui vise à lever les implicites, est indispensable pour changer de représentation et construire de nouveaux savoirs cohérents. Ces savoirs ne sont pas un empilement de connaissances, mais une capacité à manier des concepts, à entrer dans une démarche intellectuelle à partir
de ces connaissances, qui s’enrichissent au fur et à mesure.
Les programmes doivent permettre de développer l’esprit critique des élèves. Les raisons pour lesquelles certains choix de contenus sont faits doivent être explicités. Conçus en concertation avec la profession, en dehors de toute pression confessionnelle, patronale ou politique, ils doivent permettre aux enseignants d’exercer leur liberté pédagogique en tant qu’enseignantsconcepteurs.
Ils doivent être conçus pour laisser aux élèves le temps de l’appropriation et de la réflexion, pour permettre aux enseignants de varier les démarches pédagogiques, et prendre en compte les temps d’évaluation et de correction.

5.2 Le SNES-FSU récuse la notion de socle. Il continuera à combattre toute tentative de réduire les ambitions pour une partie des élèves, avec le minimum pour certains et l’ensemble des programmes pour d’autres, laissant de côté certaines disciplines et ne prenant pas en compte la dimension culturelle des enseignements. Il s’opposera à toute tentative de subordonner les pro – grammes disciplinaires à cette notion de socle, rejetée par la profession, et combattra en particulier le B2I et l’évaluation de compétences subjectives comme l’autonomie ou l’initiative.
Installé par la loi, le nouveau « socle commun de connaissances, de compétences et de culture », n’est à ce jour défini dans son contenu ni par la loi, ni par le Conseil supérieur des programmes. En tout état de cause, tout en récusant la notion de socle, le SNES-FSU se battra pour que la culture commune soit le principe organisateur des programmes.
Il demande un bilan de l’ensemble des programmes scolaires du collège au lycée, réalisé notamment par les enseignants. En outre, une évaluation des nouveaux programmes devrait être systématique à la fin de la première année de mise en oeuvre, rendue publique et servir de base à d’éventuels aménagements.
Les Groupes d’élaboration des programmes scolaires (GEPP), doivent comprendre des enseignants de terrain.

5.3 Il est nécessaire d’améliorer la cohérence entre les disciplines en tissant des liens, des interconnexions, des relations conceptuelles entre les programmes au moment de leur construction notamment grâce à des objets d’étude inclus dans les programmes de plusieurs disciplines et faisant sens dans chacune de ces disciplines.

5.8 La loi impose l’écriture de programmes par cycle. Des repères annuels forts sont indispensables pour permettre à tous les élèves, et particulièrement à ceux qui changent d’établissement, de suivre une formation cohérente. La définition de ce qu’est un curriculum n’est pas du tout stabilisée. Le SNES-FSU s’opposera à toute logique qui renverrait à une définition locale de tout ou partie des contenus d’enseignement, ou qui viserait à soumettre les programmes disciplinaires à une logique de compétences transversales, ou qui remettrait en cause le caractère national des diplômes.
Cependant, une approche qui consisterait à penser en cohérence les programmes, les conditions matérielles de mise en oeuvre, l’évaluation des élèves, et la formation des enseignants mérite réflexion.
Dans toutes les disciplines, des horaires professeurs définis nationalement, supérieurs aux horaires élèves et du temps de concertation dans les services doivent permettre aux équipes de diversifier leurs pratiques : co-interventions, travail de groupe avec des effectifs réduits, travail pluri ou interdisciplinaire, projets… sans polyvalence. Le SNES-FSU récuse l’EIST.

FICHE 7 Évaluation des élèves, diplômes

7.1. Évaluation formative, sommative, certificative ; évaluation des élèves, des enseignants, des établissements, du système ; gestion des flux et orientation ; avec note, sans note, par compétences ; évaluation certificative en contrôle ponctuel, en contrôle en cours de formation, en contrôle terminal… L’évaluation des élèves interpelle l’acte d’apprendre et l’acte d’enseigner. Elle est un outil pédagogique et non une fin en soi. Sa place dans le travail de la classe doit être repensée.

7.2. La liberté pédagogique des enseignants concernant les modes d’évaluation des élèves en classe doit être respectée. (…) La formation initiale et continue doit permettre aux enseignants de réfléchir aux différents types d’évaluation possibles, à leurs implications en termes de pratiques de classe, afin de leur permettre de faire des choix éclairés, non comme un formatage institutionnel par les « bonnes pratiques », mais comme enjeu de débats et de controverses de métier.

7.4. (…) Le SNES-FSU est opposé à tout livret de compétences et à tout ce qui relève de l’évaluation de la personnalité ou des activités en dehors de l’école. Il rappelle sa demande de suppression du LPC. Il n’acceptera pas que le DNB soit adossé au nouveau socle commun de connaissances de compétences et de culture, par le biais d’une validation impérative de sa maîtrise pour l’attribution du diplôme.

FICHE 8 Structure collège, lycées, formations supérieures

8.1. (…) Réformer le collège suppose avant tout d’améliorer les programmes, les pratiques, les conditions d’accueil, d’études et d’enseignement, la formation des enseignants et des personnels des équipes éducatives.
Pour répondre aux difficultés des élèves qu’il accueille et prévenir leur apparition, le collège doit bénéficier enfin de mesures favorisant la prise en charge de tous les élèves dans la classe, conçue comme un véritable collectif d’apprentissage à même de tirer pleinement profit de l’hétérogénéité des élèves. Il s’agit notamment de baisser sensiblement les effectifs par classe et de permettre les dédoublements pour diversifier les pratiques pédagogiques, développer la coopération entre élèves, assurer un accompagnement des élèves au plus près et répondre au sein même de la classe à leurs difficultés. Il convient également de donner la possibilité de travail en groupes, de co-interventions (prévues dans les services) afin d’intégrer l’aide aux élèves dans le temps de la classe. Allonger la durée de certaines séquences d’enseignement permettrait aux élèves de s’inscrire dans des activités moins fragmentées en prenant le temps de s’installer, de débattre, de chercher, de produire. Il faut aussi réfléchir à la nature du travail personnel des élèves et aux modalités d’aide à ce travail dans le temps scolaire, sans diminution des horaires disciplinaires. Les horaires en collège doivent être garantis par des grilles horaires nationales en prévoyant un horaire professeur sensiblement abondé. Pour le SNES-FSU, c’est à ces conditions que le collège pourra répondre à la diversité des élèves, favoriser leur réussite et les mener à des poursuites d’études réussies.

FICHE 12 Éducation prioritaire

12.7 Les personnels doivent bénéficier de décharges de services ou de conditions de travail attractives permettant de stabiliser les équipes et de prendre en charge le travail collectif. Le ministère reconnaît la difficulté de l’exercice du métier en EP en donnant aux collègues affectés dans les futurs REP+ une pondération de 1,1. Pour le SNES-FSU, il ne peut s’agir que d’une première étape. Son principe doit être étendu à tous les personnels de l’établissement dès 2014 puis généralisé à toute l’éducation prioritaire au-delà des seuls REP+. La pondération doit absolument permettre d’abaisser le temps de travail devant les élèves pour mieux les suivre, les aider, développer la liaison avec les familles, le travail d’équipe. Le SNES-FSU refuse qu’elle puisse mener à un alourdissement de la charge de travail, à une multiplication des réunions, à une intrusion toujours plus grande des chefs d’établissement dans les pratiques pédagogiques, ainsi qu’au maintien des pratiques managériales. A cet égard, il dénonce les conditions de mise en oeuvre du dispositif REP+ telles qu’elles se déclinent dans certaines académies : pondérations non compensées en heures poste de façon suffisante, management agressif, pressions accrue sur les équipes et remise en cause de leurs choix pédagogiques…Les coordonnateurs par niveau, par discipline ou inter degrés prévus par le plan maintiennent le risque de création d’une hiérarchie intermédiaire. Pour le SNES-FSU, les personnels doivent être les maîtres d’oeuvre de la définition et de la mise en place du travail en équipe.


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