Il y a déjà deux vadémécums sur les Devoirs faits et comme les précédents, celui-ci n’a pas de valeur réglementaire.

Quelle organisation ?

Ce livret propose différentes organisations : aligner tout ou partie des classes de Sixième, positionner les heures de Devoirs faits pour les élèves d’une même classe ou encore intégrer les élèves de Sixième aux créneaux de Devoirs faits mis à disposition dans l’établissement avec l’obligation pour chaque élève de Sixième de s’inscrire à au moins une séance par semaine.

Un créneau Devoirs faits devrait donc être intégré à l’emploi du temps des élèves et d’autres créneaux non-obligatoires pourraient être proposés en fonction des besoins des élèves. Le livret conseille, dans la mesure du possible, de créer des groupes de besoins et d’en adapter les effectifs en fonction des objectifs, tout en soulignant que cela constitue « une contrainte plus forte » dans l’organisation des emplois du temps et des temps de concertation. Les groupes pourraient être modulés à chaque période si besoin.

Quels sont les personnels concernés ?

Devoirs faits peut être pris en charge par les professeur·es, les professeur·es documentalistes, les professeur·es des écoles, les conseiller·es principaux/ales d’éducation, les assistant·es pédagogiques, les assistant·es d’éducation (AED), en priorisant, dans la mesure du possible, le recours au personnel enseignant.

Les AESH ainsi que les membres agréés des associations et les volontaires en service civique pourraient aussi être mobilisés en appui des professeur·es. Jusque-là, les AESH n’étaient pas mentionné·es dans les personnels pouvant prendre en charge aux Devoirs faits. C’est donc une mission supplémentaire pour ces personnels.

« Le pacte au service de Devoirs faits »

Des briques de pacte de 24 heures sont prévues pour Devoirs Faits, sachant qu’il y a 36 semaines dans l’année, l’organisation en sera complexifiée. La fongibilité asymétrique pourrait permettre à un·e chef·fe d’établissement de transformer un certain nombre d’heures dues pour Devoirs faits en heure de remplacement au pied levé. Les professeur·es des écoles sont aussi incité·es à signer le pacte et intervenir en accompagnement aux devoirs.

Une lettre de mission devra être signée par les intervenant·es s’engageant dans devra être signée par les intervenant·es s’engageant dans un pacte de 24h « Devoirs faits » et par le coordonnateur ou la coordonnatrice. Pour l’année scolaire 2023-2024, la coordination sera rémunéré·e en IMP, mais cette mission sera sans doute intégrée au pacte par la suite.

Liberté pédagogique : où es-tu ?

Le livret préconise de « mener une réflexion collégiale sur le travail personnel des élèves » pour faciliter le renforcement du lien entre le prescripteur des devoirs et l’intervenant Devoirs faits, de « réinvestir les devoirs lors du retour en classe », de « penser une progression autour de Devoirs faits » en établissant une progression annuelle commune, ou encore d’ « encourager certaines pratiques pédagogiques » (auto-évaluation, coopération, tutorat entre pairs, etc.).

Outre le fait qu’aucun temps de concertation n’est prévu, ni rémunéré, les équipes pédagogiques risquent de se voir imposer certaines pratiques ou progressions, en contradiction avec la liberté pédagogique des professeur·es. « Devoirs Faits » est et reste bien un « outil de pilotage pédagogique de l’établissement » (cf. titre du Vadémécum Devoirs Faits tome 2). Enfin, le coordonnateur sera chargé de « créer un lien entre les différents intervenants Devoirs faits et le reste des professeurs afin d’assurer une transmission fluide des informations utiles à chacun ».

Une charte concertée « Devoirs faits »

Parmi les annexes, on peut trouver un exemple de lettre de mission pour les intervenant·es Pacte sur Devoirs Faits, un exemple de déroulement d’une séance de Devoirs Faits et un modèle d’élaboration concertée d’une charte Devoirs faits.

Une demi-journée de solidarité devrait être consacrée à la rédaction d’une charte Devoirs faits lors de la pré-rentrée si cela n’a pas été déjà fait dans les jours qui ont suivi la correction du DNB.

Les annonces de Macron sur « Devoirs faits » à Marseille

Emmanuel Macron a annoncé le lundi 26 juin 2023, en visite à Marseille, l’instauration d’un accueil prolongé de tou·tes les collégien·nes de 8 heures à 18 heures dans les établissements des quartiers prioritaires de la ville (voir notre article : Macron à Marseille : le collège pris dans la communication). Les premières expérimentations auront lieu à la rentrée 2023, pour une généralisation d’ici 2027.

Ces établissements devront proposer des créneaux de « Devoirs Faits » quatre heures par semaine à tou·tes les élèves de la Sixième à la Troisième (une heure par jour lundi, mardi, jeudi et vendredi). Les élèves pourraient aussi participer à des activités de loisirs, culturelles, sportives et de « découverte des métiers ».

Pour financer cet accueil des collégien·nes, le ministère mobilisera bien évidemment le pacte ou des HSE pour Devoirs faits, le pacte pour l’école ouverte, mais aussi des crédits « politique de la ville » sous forme de subventions ou de prestations aux associations, clubs et structures. Le Pacte « enseignant » et l’entrisme des associations sont encore une fois au cœur du projet de l’école de Macron.

Devoirs faits est moins une aide réelle apportée aux élèves en difficulté qu’un dispositif, qui une fois installé, sera un outil de pilotage des pratiques des professeur·es au détriment de leur liberté pédagogique. Sous sa forme pactée en Sixième, l’accompagnement aux devoirs participe à miner le statut des personnels concernés.


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