ÉTRANGÈRES, RÉGIONALES, ANCIENNES… Les enseignants de langues vivantes étrangères et régionales, et ceux de langues anciennes sont particulièrement engagés dans la lutte contre la réforme du collège. Voici les raisons de leur colère et de leur mobilisation.

Pour le latin et le grec, l’inquiétude majeure réside dans la suppression d’un horaire hebdomadaire dédié garanti dans tous les collèges, remplacé par un enseignement de complément dont l’existence – avec un horaire amputé par rapport à aujourd’hui – dépendra de la décision de chaque établissement. Annoncer que les élèves « éveillés à l’intérêt des langues anciennes » lors des Enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI) pourront « continuer, faire plus de déclinaisons, travailler davantage la langue » avec « un nombre d’heures qui est exactement le même qu’aujourd’hui », n’est que de la poudre aux yeux : rien n’est assuré.

À quel prix !

Le SNES-FSU défend la démocratisation de l’enseignement des langues et cultures de l’antiquité par une initiation à celles-ci dès la classe de Sixième, incluse dans les cours de français. Au nom de quel principe l’accès à un enseignement disciplinaire devrait-il passer par une réalisation pratique interdisciplinaire ?

L’introduction de la LV2 en Cinquième, après des expérimentations sans bilan, est prévue au prix de la diminution de l’horaire à 2 h 30 en Quatrième et en Troisième, et de la suppression des sections européennes et de la majorité des classes bilangues. Parfois critiquables, parce que peu mixtes socialement pour certaines, ces classes et sections ont pourtant permis de maintenir ou de développer une diversification linguistique (en allemand, italien, portugais, chinois…) et de lutter contre la ghettoïsation, notamment en éducation prioritaire.

Exposition insuffisante

Cette réforme conduirait à un renforcement du duo anglais espagnol. En outre, l’exposition hebdomadaire est insuffisante, d’autant plus dans des classes chargées. Les langues régionales sont quant à elles traitées sur le modèle catastrophique des langues anciennes.

La ministre affiche sa volonté de rendre le collège plus égalitaire, mais confond nature d’un enseignement et usages sociaux. ­Stigmatiser ainsi des disciplines lui permet d’éviter d’engager une véritable réflexion sur les conditions d’enseignement, et sur la carte scolaire pour plus de mixité sociale et scolaire.

Sandrine Charrier, Valérie Sipahimalani


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