I-Le calendrier :
– nouveaux programmes annoncés en décembre 2018.
– le CSP rend sa copie en octobre, puis vote au CSE.
– les GEPP travaillent (très/ trop vite) durant l’été.
– constitution des GEPP (groupes d’élaboration des projets de programmes) en avril. Nous attendons de connaître la composition du GEPP de philosophie…
II- les rencontres de mars-avril avec le CSP (conseil supérieur des programmes) :
La synthèse du groupe philo :
Les propositions des associations professionnelles :
– L’ ACIREPh
– L’ APPEP
– La SOPPHI
III – La question des programmes dans son contexte historique et professionnel :
– un lourd conflit en héritage (la querelle des programmes )
– le malaise récurrent des correcteurs (enquête 2015 SNES-ACIREPH point 10 , enquête 2017 APPEP, chapitre VII )
– un statut quo impossible pour les épreuves du baccalauréat, tant dans la nature même des exercices demandés dans les séries technologiques (enquête snes ci-dessus point 11, enquête 2017 appep ci-dessus, propositions 27 et 28 ) que devant l’indétermination qui caractérise la relation entre d’un côté “le programme” et de l’autre, “les sujets” donnés à l’examen (voir en particulier le point 1.2 de la contribution de l’acireph au CSP référencée ci-dessus).
IV- Un débat souhaitable sur l’architecture même des programmes :
– nous laisserons volontairement de côté, le programme de la spécialité “humanités, littérature et philosophie”, non que cette option soit inintéressante (cf. notre contribution au CSP reprise ci-dessous, au chapitre V), mais son implantation dans le lycée Blanquer risque d’en décevoir plus d’un… En effet, son absence de financement risque de la condamner à survivre de façon dramatiquement sporadique.
– reste le programme du tronc commun, qui – sauf coup de théâtre estival – risque à la fois d’inspirer le programme des séries technologiques, tout en jouant la sécurité en s’éloignant le moins possible de l’existant (sur le modèle des programmes actuels en S ou ES). Or, l’existant fait problème (de l’aveu même des 3 associations professionnelles, bien que pour des raisons diamétralement différentes…). Si l’on regarde de plus près le programme des ES correspondant à un horaire de 4h, il est composé de 23 “notions” (15 notions seules et 4 couples de notions), regroupées en 5 “champs” classiques (distinguant la philosophie : du sujet, de la culture, de la connaissance de la politique et de la morale). Mais il convient d’ajouter que ces champs ne sont ni des compartiments (chaque notion peut transcender son champ et interagir avec une ou plusieurs autres notions à l’occasion des sujets de bac…), ni des chapitres en surplomb (chaque champ peut être considéré comme une simple notion interagissant avec les autres dans un sujet d’examen). “Ce qui entraîne que tous les croisements sont possibles, jusque dans les sujets d’examen, entre les notions ordinaires et celles qui servent à rubriquer les autres” (p.3 de la contribution de l’appep au CSP référencée ci-dessus). Même constat pour l’acireph (p.4 de sa contribution au CSP) pour qui :” tous les croisements possibles entre toutes les notions des diverses rubriques peuvent apparaître dans les sujets du baccalauréat”.
– Si chacun (dont le snes) se reconnaît dans les finalités de l’enseignement de la philosophie (favoriser “l’exercice réfléchi du jugement” à travers “une culture philosophique initiale” via un enseignement “élémentaire” et non “encyclopédique”…), reste la question délicate de leur mise en oeuvre. Les différentes solutions envisagées par les associations professionnelles ont le mérite de nous aider à distinguer les grandes options “architecturales” qui se présentent à nous. Prenons ici la liberté – et le risque…- de les résumer, afin de prendre part au débat :
1) la SOPPHi préconise de revenir à une stricte liste de 21 notions (exit les champs et les repères), chaque notion ouvrant un champ de problèmes (“puisqu’une notion philosophique n’est rien d’autre, précisément, que ce qui définit un champ de problèmes” (point 1 de sa contribution au CSP).
– Ainsi, le programme ne doit imposer aucun ordre (qui “serait contraire à l’esprit de liberté” p.4) et s’est son “élémentarité” (noble référence depuis Condorcet) qui doit permettre à chaque élève de “recombiner” librement (et presque à l’infini) les éléments (qui ne se réduisent pas aux notions) du programme (telles les parties d’un tout). Charge aux concepteurs des sujets de bac (par “une question simple ou un texte court”) de “poser un problème élémentaire en liaison avec un programme de notions”.
– Quant à la question de savoir ce que recouvre l’élémentarité (véritable fondement de cette proposition), la SOPPHI renvoie le professeur de philosophie à la pratique philosophique de son enseignement. Ainsi, ” lorsqu’il élabore une leçon, il se demande d’abord : qu’est-ce que je ne peux pas ne pas dire en examinant cette notion ? Car c’est ainsi … qu’il fera surgir l’élémentaire …” (p.2).
2) A l’autre extrémité de “l’échiquier” se situent les propositions de l’ACIREPH, préconisant un “contrat clair”, afin que “les professeurs sachent ce qu’ils doivent enseigner, et que les élèves sachent ce qu’ils doivent apprendre”. L’idée centrale est ici d’actionner tous les leviers afin de mieux délimiter le programme (pomme de discorde historique opposant les tenants d’une plus grande détermination des programme, aux défenseurs de la liberté philosophique de l’élève et de l’enseignant… opposition dénoncée comme fictive par l’acireph).
– Contrairement à la SOPPHI, le programme conserve donc une organisation en champs, la proposition phare étant ici de formuler sous forme de question, ces champs classiques de la philosophie (annexe p.10), sous-déterminés par des items (les repères par exemple). Autre variante, l’acireph propose également une liste de notions, à la triple condition d’être organisée en champs («la philosophie de la connaissance », « philosophie morale », « philosophie politique »…), que les repères lexicaux et conceptuels (véritables « éléments de la culture philosophique élémentaire et commune») leur soient explicitement associés et surtout… que les notions soient couplées (couples faisant loi dans l’élaboration des sujets de bac p.4).
– L’acireph propose également des repères élargis à deux autres domaines, celui de l’argumentation (ex. condition nécessaire/ condition suffisante, etc.) et celui des doctrines (« l’empirisme, le rationalisme »…), ainsi que la formulation explicite d’« attendus » sous forme de « compétences » (p.5 : apprendre « à élaborer une définition », etc.).
3) L’APPEP pour sa part, est fondamentalement attachée à un programme de notions, s’opposant ainsi à l’idée de les remplacer par des problèmes (ou des questions selon la proposition acirephienne), l’approche par notions ayant également l’avantage d’exclure toute approche historisante de la philosophie. Reste que l’appep est également sensible aux attentes des correcteurs devant des sujets d’examen « par trop déconcertants » (p.3).
– D’où une série de mesures visant à limiter l’indétermination, sinon des programmes, du moins de leur articulation avec les sujets du baccalauréat. Aussi, les repères sont à conserver (p.5), alors que le nombre des notions est à limiter modérément (p.2). Mais les champs « de problèmes » sont à distinguer clairement des notions (p.4) et à articuler plus explicitement aux notions elles mêmes. Certes, il ne s’agit pas d’un « arraisonnement », mais bien néanmoins « d’indiquer une priorité dans l’étude de chaque notion, qui ne compromette pas la liberté de l’enseignement de la philosophie, mais permette une limitation négative (mais non une détermination positive) des sujets d’examen : les notions, en effet, y seraient toujours saisies sous un rapport qui suppose et reflète leur inscription dans un champs. » (p.3).
– Enfin, vient la proposition d’organiser l’année de philosophie autour d’un « thème d’étude » choisi par l’enseignant, thème servant à la fois de « fil conducteur » de l’année scolaire et de programme pour l’épreuve orale du baccalauréat ( l’étude de l’ œuvre lui étant subordonnée p.6).
V – Des trois ou quatre taches qui attendent le GEPP :
– Le premier écueil serait de cantonner le travail du GEPP à la seule élaboration du programme de la spécialité “humanités, littérature, philosophie”, alors que ce dossier – contrairement aux 3 autres – ne concernera qu’une minorité d’élèves. Rappelons par ailleurs que si les professeurs de philosophie sont globalement favorables à une approche interdisciplinaire, voire à un enseignement de la philosophie dès la classe de première, c’est à la condition express qu’il ne vienne pas se substituer à ce qui doit rester l’affaire de la terminale, et que la partie philosophique de cet enseignement (son horaire et son évaluation) soit cadrée nationalement, afin d’être protégée de l’arbitraire des décisions locales. Enfin, si un tel enseignement devait voir le jour, il faudrait nettement le démarquer de ce qui se fait en terminale, avec à l’esprit une ouverture vers l’enseignement supérieur.
– S’il est légitime à plus d’un titre, de chercher une élémentarité dans les programmes, celle-ci se trouve-t-elle dans les notions ou plutôt par exemple, dans les repères ? Même la sopphi reconnaît que les notions nécessitent encore une recherche intrinsèque de l’élémentarité (fondée sur une pratique pédagogique évoquée ci-dessus). Lorsque cette association prend l’exemple de la distinction entre « le geste et l’acte » (p.4), mobilisée à l’occasion d’une leçon sur la « liberté » (ou sur « l’art », ou sur « la conscience », ou sur « l’histoire »…), qui peut prétendre qu’il s’agisse là d’un élémentaire qui « surgirait » des pratiques pédagogiques de chacun, sauf à être explicité quelque part ?
– S’il est indispensable de faire droit au malaise des candidats et des correcteurs, devant des sujets d’examen « par trop déconcertants », peut-on réduire l’indétermination qui se joue entre les programmes et les sujets, sans réduire l’indétermination des programmes (a fortiori dans les séries technologiques…) ? Difficile dans ces conditions de s’en tenir à une simple liste de notions (situation dont nous mesurons les effets négatifs à chaque nouvelle cession d’examen, la proposition de la sopphi étant très proche de ce que nous connaissons actuellement… dès lors que les champs sont des notions presque comme les autres et que les couplages de notions ne sont pas pris en compte dans l’élaboration des sujets d’examen). L’appep reconnaît presque la nécessité d’un couplage, sinon entre les notions, du moins entre les notions et les champs (en proposant par exemple, la notion de « Dieu » couplée au champ de « la métaphysique »). Quoiqu’il en soit, il sera impératif de « coupler » les attendus du programme à ceux de l’examen !
– Enfin, si les épreuves du baccalauréat proposées en séries générales font quasiment l’unanimité, il en est tout autrement des épreuves dans les séries technologiques. Les débats qui entourent les nouvelles épreuves en série STHR doivent être pris en compte, a fortiori si elles devaient mettre en difficulté les candidats de la session 2018. Néanmoins, le retour pur et simple à l’existant serait très mal compris par une majorité de collègues qui enseignent dans les séries technologiques et constatent à chaque nouvelle cession, le divorce grandissant entre ce que peuvent faire les candidats et ce qui leur est demandé.
Conclusion :
– la composition du GEPP sera déterminante sur la façon dont le CSP fera peut-être “bouger les curseurs” sur ces différents dossiers. De son côté, le SNES ne compte pas se soustraire à ses responsabilités, tant la question des programmes engage au quotidien la profession (avec ou sans une réforme du lycée, qu’il convient par ailleurs de continuer à combattre !).
Notre positionnement s’inscrira donc dans le cadre de cet article (et en particulier, son point V). Le groupe philosophie du SNES restera néanmoins, à l’écoute de la profession à travers ses syndiqués, en cette période où les échanges entre le SNES et le CSP risquent de se prolonger tout l’été…
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