Arrestations, gardes à vue à rallonge, manifestations réprimées à coup de matraques et de gaz lacrymogène, menaces, intimidations… Le ministère fait le choix de la répression pour imposer par la force, y compris policière, les épreuves communes de contrôle continu (E3C).

« Je demande à chacun de veiller à l’intérêt des élèves » a déclaré le ministre de l’Éducation nationale sur Franceinfo le 3 février dernier. Mais de quel intérêt parle-t-il quand, dans le même temps, il exige de toute la chaîne hiérarchique la chasse aux lycéens contestataires ?

Contrôle policier et régime d’exception

Enfermer les élèves dans les salles, faire intervenir les forces de l’ordre à l’entrée mais aussi à l’intérieur des lycées, photographier ou filmer les jeunes qui participent aux manifestations, les pister sur les réseaux sociaux… Des proviseurs ont été chargés de faire le travail de repérage des élèves impliqués dans les blocages. Au lycée Montesquieu (Bordeaux), on atteint une forme de paroxysme, assez emblématique de situations qu’on retrouve ailleurs : sur ordre du recteur, les lycéens sont regroupés dans la cour pour se voir contraints de passer toutes les épreuves d’un coup dans des locaux où, pour empêcher toute tentative d’évasion, l’accès aux toilettes a été interdit et les alarmes incendie désactivées. Au lycée Brecquigny (Rennes), les épreuves sont délocalisées suite à un premier report et concentrées sur une seule journée, avec forces de police à l’extérieur et équipes mobiles de sécurité à l’intérieur.

Zéro au bac ?

Quand la coercition ne suffit pas, la menace du zéro au bac devient l’argument ultime pour juguler la contestation. Révélatrice d’une conception autoritaire de la pédagogie réduite au dressage, la sanction devra cependant être justifiée et elle ne va pas de soi. (Voir https://www.snes.edu/E3C-Le-zero-au-bac-Vraiment.html). Or, un proviseur n’est ni juge ni policier. Il est de salubrité publique de rappeler que les lycéens bénéficient aussi de droits et de libertés, droits garantis, entre autres, par la Convention internationale des droits de l’enfant, ratifiée par la France le 26 janvier 1990.

Claire Guéville


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