Culture commune et histoire géographie : quels « incontournables » dans les programmes ?

L’histoire enseignée doit être plus un exercice, une méthode, une grille de lecture du monde qu’une doxa. Elle doit armer les individus contre toutes les manipulations possibles. La méthode critique en histoire fait percevoir la complexité d’une question, elle suggère la fonction d’un mythe ou d’un discours, la force d’une mise en scène, la relativité des croyances, la fragilité des systèmes politiques.

A ce titre, elle ne peut donc être, un empilement de dates, une succession de biographies et d’événements. Les fonctions patrimoniales qui lui sont assignées ont amené des dérives d’accumulation. Des choix s’imposent, l’exhaustivité étant illusoire.

Les objectifs de notre enseignement

  • Construire une citoyenneté critique et partagée, ouverte sur la diversité des cultures, et sur l’altérité dans le temps et dans l’espace
  • Se donner comme objectif la maîtrise d’une grammaire disciplinaire opératoire sur tout objet d’étude.
  • Mieux articuler les contenus programmatiques du collège avec ceux du lycée afin d’éviter la répétition des thèmes enseignés.
  • Travailler les « modes de pensées » de l’histoire, c’est à dire assumer une histoire scolaire ayant ses spécificités et ses méthodes propres, même si elle doit rester arrimée à l’histoire universitaire.

Le rôle de l’histoire

  • Privilégie le questionnement des sociétés de façon à mieux appréhender leur complexité, en privilégiant la diversité des explications de tel ou tel changement, en faisant intervenir les acteurs de l’histoire. Les données factuelles ne sont pas évacuées mais on se donne les moyens de leur analyse et de leur mise en perspective.
  • Raisonne par analogies, comparaisons entre 2 situations historiques, entre deux sociétés, qui fait comprendre le présent ou au contraire les marques d’étrangeté des sociétés du passé.
  • Travaille sur les ruptures et continuités (périodisation) c’est à dire à la complexité des temps et des durées, les rythmes des évolutions.
  • Réfléchit aux interactions entre la mémoire et l’histoire et en identifie les usages publics.

Comment faire ?

  • Accepter que les élèves construisent très progressivement leurs « repères » historiques et spatiaux qu’ils complexifieront progressivement. Sortir des plaintes éternelles du type « ils n’ont pas les bases et ne connaissent pas leurs repères », quand ces fameuses dates ne font pas sens pour eux.
  • Faire travailler les élèves sur les sources de l’historien, en en référençant quelques grands types par grandes périodes historiques (archéologie, manuscrits et iconographie, sources religieuses, images, architectures, types de textes).
  • Entrer en histoire scolaire par les notions, ce que la géographie scolaire est parvenue à faire, sans toutefois faire d’un pseudo-concept un objet historique… (type « la guerre totale »)
  • Ouvrir les sujets d’étude aux vaincus, aux dominés, au genre, aux marges pour aborder les aspects pluriels de l’identité d’un individu et d’une société.
  • Alléger considérablement le nombre de questions pour se centrer sur ce qui permet de construire un mode de pensée historien sur les sociétés, et en privilégiant la construction sur plusieurs années de quelques notions : évolution (ce qui change vite, ce qui change doucement), rapport des sociétés au pouvoir, rapports de domination, les modes de production et d’échanges, révolution, guerres et conflits, relations entre civilisations.

Le rôle de la géographie

La situation est très différente en géographie car la tentation de l’exhaustivité a été dépassée. La démarche, la méthode est beaucoup plus affirmée. Cependant, il est sans doute nécessaire de repartir de quelques questions fondamentales du regard géographe sur le monde :

De qui suis-je solidaire ?
Pourquoi ici et pas ailleurs ?
Où sont les hommes ? Comment vivent ils ? leur rapport avec l’espace ? Comment et pourquoi migrent ils ?

Comment faire ?

  • Faire un bilan critique des programmes actuellement mis en œuvre pour penser de nouvelles orientations plus pertinentes et plus intéressantes pour les élèves. Interroger la question du développement durable, concept qui a envahi les programmes de géographie du collège au lycée, provoquant un effet de saturation.
  • Établir des liens plus marqués avec l’histoire (notamment rapport au milieu, sur les questions migratoires), voire des thèmes d’étude en géohistoire, notamment la question de la représentation du monde.
  • Introduire systématiquement des lectures multi scalaires.
  • Réintroduire les territoires en marge, les « exclus », en prenant en compte les approches de la géographie critique.

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