Trop d’heures de cours pour les élèves ; pas assez d’heures d’enseignement pour les profs, trop d’options, trop de langues, trop d’épreuves au bac, trop de « petits » lycées (et trop de lycées tout court), pas assez d’élèves par classe… tel est le diagnostic que la Cour des comptes vient de publier.
Diagnostic qui expliquerait que le lycée français « coûte » trop cher (plus cher que dans le reste de l’OCDE et plus cher que l’enseignement primaire), et qu’il ne soit pas « efficient ». De ce diagnostic découlent des préconisations que l’on devine rapidement : réduire le nombre de spécialités, en voie techno et en voie professionnelle, diminuer les heures de cours, les options, les LV, le nombre d’épreuves au bac, le nombre de lycées… et augmenter le temps de travail des profs.
Tellement d’oublis
Il y aurait beaucoup à dire sur une institution comptable qui ne perçoit la dépense que comme un « coût », sans voir qu’une dépense est aussi un investissement… Erreur « comptable » de base, mais l’obsession idéologique de la Cour des comptes, qui la pousse à vouloir tailler partout dans les dépenses publiques, ne l’aide pas à mener une analyse très rigoureuse.
La Cour des comptes annonce le chiffre « choc » de 26 milliards d’euros pour le coût total du lycée, en « oubliant » que cela représente à peine 1,2 % du PIB : une société qui finance des études en lycée pour 90 % de ses jeunes, en leur offrant des formations porteuses de culture et débouchant sur des qualifications, fait-elle vraiment un mauvais choix ?
Et surtout, la Cour « oublie » d’insister sur l’évolution de la dépense publique d’éducation apportée au PIB : entre 2010 et 2013, la dépense moyenne pour un élève de LEGT a diminué de 6,4 % (alors qu’elle ne diminuait « que » de 1,07 % tous niveaux confondus). La France n’a pas consacré une part croissante de sa richesse à l’éducation, ni au lycée ni ailleurs : au contraire !
Diminution de fait
Et si la France rétablissait une dépense d’éducation à son niveau de 1995, cela ferait… 20 milliards d’euros supplémentaires qui pourraient être consacrés au premier degré, au second degré, et au supérieur…
En réalité, ce qui « coûte » cher à la France, ce n’est pas de vouloir faire accéder plus de jeunes aux études. Ce qui coûte cher à la société française, c’est l’abandon de toute politique volontariste d’élévation des qualifications, de démocratisation des savoirs et des diplômes, ce sont les 140 000 jeunes qui sortent chaque année du système éducatif sans qualification.