La rentrée dans les lycées se déroule de façon chaotique. Dans nombre d’établissements, les emplois du temps des classes et des enseignants ne permettent pas d’accueillir les lycéens avec la sérénité́ nécessaire. Les choix des enseignements de spécialité́ en Première, supposé « libres » sont en fait contraints par les structures et certains jeunes commencent l’année en indiquant que « ce ne sont pas les disciplines qu’ils souhaitaient ».
Le SNES refuse la mise en concurrence des établissements et des enseignements
Le lycée « à la carte » implique une mise en concurrence des disciplines, aux effets délétères, notamment pour les options. Cela remet en cause l’existence même des Langues vivantes étrangères et régionales à faible diffusion, déjà̀ réduites à celles enseignées dans le cadre du baccalauréat et mises à mal par les reformes précédentes. Le SNES-FSU demande que ces options soient davantage valorisées au baccalauréat et les moyens d’une offre diversifiée (LVER, enseignements artistiques…).
Le lycée à la carte implique une individualisation des parcours telle qu’en cette rentrée, le groupe classe tend à disparaitre. L’organisation des enseignements de spécialité́ en « barrettes » rend impossible le suivi pédagogique des élèves : peuvent intervenir pour une même division jusqu’à une cinquantaine d’enseignants, soit davantage que le nombre d’enlevés. Quel sens donner à un conseil de classe dans ces conditions ? Les missions du professeur principal sont profondément transformées. La place des représentants de parents d’enlevés et des délègues de classe est elle aussi remise en question.
Les épreuves communes de contrôle continu en question
La première salve d’évaluation en épreuves communes de contrôle continu (E3C), a été présentée par les chefs d’établissements aux collègues. Certains, honnêtement, ont reconnu les difficultés inhérentes à ce dispositif : temps pris sur les heures d’enseignement, non banalisation des périodes d’évaluation, banques de sujets non constituées, rendu tardif des copies après correction. Le calendrier des commissions académiques d’harmonisation demeure inconnu. Mettre en place ces épreuves communes semble non seulement impossible mais déraisonnable.
À ce jour, les E3C sont dans un état d’impréparation totale (quel temps de passation pour les élèves ? Quels sujets communs ? Quelles indemnités de correction ?), ce qui en renforce le caractère local et donc inégalitaire. C’est pourquoi, dans l’immédiat, le SNES-FSU demande la suppression de la première session de ces épreuves communes, et la transformation de toutes les épreuves de baccalauréat du 3ème trimestre de Première en épreuves nationales.
Le SNES- FSU refuse la logique du « Teach to test » et réclame une organisation des épreuves qui laisse aux élèves le temps nécessaire à la maitrise des enseignements.
Le SNES-FSU rappelle son exigence d’abandon de la prise en compte du contrôle continu au baccalauréat et du retour à des épreuves nationales terminales. Il rappelle son exigence que le décret sur les indemnités d’examen soit appliqué pour l’ensemble des épreuves du DNB et du baccalauréat.
Les séries technologiques en danger
Dans les séries technologiques, l’impact de la reforme est de même nature mais se décline également en termes d’attractivité́ pour ces formations : écroulement général des effectifs en STI2D, maintien ou baisse en STMG en fonction des établissements. Même si certains lycées semblent avoir été protégés, de nombreuses suppressions de sections sont constatées ou prévues à la prochaine rentrée. Il conviendra de faire un bilan précis de l’impact de la reforme du lycée et de la généralisation de ParcourSup sur attractivité́ et l’orientation vers les séries technologiques.
Etablir un état des lieux de la mise en oeuvre des réformes
De même, le SNES-FSU définira avec les collègues l’impact des reformes sur le métier d’enseignant et les conditions de travail des professeurs et des enlevés, et ses conséquences en termes de structure et d’offre de formation, en particulier concernant le maintien de la troisième spécialité́ en classe de Terminale.
Construire l’action contre les réformes
Les assemblées générales dans les lycées ont souvent réuni de nombreux collègues, exaspères par l’impréparation de cette reforme et surtout par les ressorts idéologiques qu’elle comporte. Des établissements se sont inscrits des à présents dans un mouvement de grève, d’autres envisagent une information vers les parents d’élèves lors des premières journées parents-profs, certains proposent une rétention des notes, aussi bien des bulletins scolaires que des épreuves E3C.
Le SNES-FSU continuera à fédérer et à faire converger l’ensemble de ces mouvements locaux vers des actions d’ampleur contre la reforme des lycées.
La contestation des reformes qui s’est traduite par de nombreuses mobilisations l’an dernier perdure. Les modalités inédites d’action durant la période des examens (grève des surveillances, rétention de notes du baccalauréat etc.) ont conduit le ministre de l’Education à donner des consignes rompant l’Egalité de traitement des candidats au bac et l’ont fragilisé. Sa cote de popularité́ a nettement chuté et il a enté contraint d’afficher un changement de ton et une soi disant volonté́ de renouer le dialogue social avec les organisations syndicales. Sur le fond, cela ne trompe personne.
Le ministre et certains recteurs ont émis des menaces de sanction envers les collègues ayant retenu les notes du baccalauréat. Le SNES-FSU demande qu’aucune sanction ne soit appliquée et, dans le cadre de retenues sur salaire excessives, organisera la solidarité́.
Dans le cadre de son action pour la défense de l’éducation prioritaire et dans le contexte de la publication du rapport Mathiot-Azema, le SNES-FSU s’investit dans le colloque « Education prioritaire » organisé par la FSU le 2 octobre 2019.
Dans la continuité́ de sa campagne « rentrée 2019, épreuve de la réalité » et pour poursuivre sa déconstruction de la communication fallacieuse du ministre, le SNES-FSU s’attachera à faire la lumière sur les conditions de travail et d’étude dans les établissements scolaires (effectifs, inclusion, reformes…). À cet effet, il lance une enquête auprès des collègues sur la dénaturation des métiers de l’éducation tant en collège qu’en lycée. Il fera un premier bilan de la mise en place de la reforme du lycée fin septembre, notamment à partir des données transmises par les collègues.
Le stage national de décembre ensuite sera l’occasion de donner, y compris publiquement, des éléments qualitatifs et quantitatifs sur les conséquences des reformes et un travail au plus près des collègues et des équipes pédagogiques sera déployé́ tout au long de l’année. Il appelle les collègues à utiliser toutes les occasions possibles (réunions parents-professeurs notamment) pour faire connaitre la réalité́ de la reforme du lycée et du baccalauréat aux parents d’élèves.
Pour suivre au plus prêt les effets délétères des reformes du lycée et du bac, le SNES-FSU lance un comité de suivi syndical de ces reformes qui lui permettra de porter la voix de la profession et d’exiger au comité de suivi ministériel toutes les données sur la réalité́ des implantations des enseignements de spécialité́, l’approche genrée et sociologique des choix des élèves…Afin de construire la mobilisation et lui donner une ampleur nationale, le SNES-FSU impulsera, fédèrera et soutiendra les actions engagées localement par les équipes dans les établissements, les départements et les académies contre les conditions de rentrée et la mise en application des réformes, en lien avec les collectifs.