
Suite à une forte mobilisation, dans plus d’un tiers des collèges, ce sont des regroupements interclasses hétérogènes qui ont été mis en place en français et mathématiques en Sixième et Cinquième et non pas des groupes de niveau. S’ils ont le mérite d’éviter le tri scolaire et social des élèves, ils ne sont pas la panacée.
Une victoire partielle
L’organisation de regroupements hétérogènes pérennes sur l’année est une première victoire importante contre le concept même de tri initié par la réforme du « Choc des savoirs ». Des professeur·es de lettres et de mathématiques ont ainsi pu conserver un suivi de leur enseignement avec un même collectif de travail élèves. Ces professeur·es ont souvent redécouvert le plaisir de travailler plus efficacement avec des effectifs légèrement réduits alors que le nombre d’élèves par classe ne cesse de croître depuis des années. Les classes pléthoriques sont le problème majeur qui rend l’hétérogénéité des classes plus complexe à gérer, surtout dans le contexte de l’Ecole inclusive. C’est pourquoi la principale revendication du SNES-FSU est une diminution drastique des effectifs avec un maximum de 20 élèves par classe (et 16 en éducation prioritaire) dans toutes les disciplines. La baisse démographique permettrait de porter ce projet plutôt que de multiplier encore et toujours les suppressions d’emplois.
Toutefois l’organisation en regroupements interclasses est un dispositif gourmand en moyens horaires qui affecte les autres disciplines puisqu’il absorbe en partie la marge d’autnomie. Le SNES-FSU dénonce le principe même de la « marge d’autonomie de trois heures » et défend une allocation des moyens suffisante et fléchant les dédoublements et les options. Actuellement, ce sont souvent les options, et les dédoublements en sciences, en langues, etc. qui pâtissent de la réforme actuelle jusqu’à créer des compléments de service ou des mesures de carte scolaire. De fait, le principe même de la marge d’autonomie met en concurrence les disciplines et donc, in fine, les personnels.
La désorganisation pour toutes et tous
Dans la grande majorité des établissements, les regroupements se sont accompagnés de la mise en barrette des cours de Français et de Mathématiques. Cela a eu d’importantes conséquences sur les emplois du temps des élèves (avec des aberrations comme plusieurs heures d’une même discipline sur la même journée dès la Sixième, pause méridienne non respectée) mais aussi des personnels (non respect des vœux d’emploi du temps, changements de salles intempestifs, démultiplication des « trous » …). Tant que ces regroupements sont maintenus, des contraintes énormes pèseront sur la conception des emplois du temps.
L’éclatement du groupe classe !
Le métier de professeur·e ne se limite pas à faire cours. Il devient très difficile d’être professeur·e principal·e pour les professeur·es de lettres et de mathématiques en Sixième et Cinquième là où les regroupements interclasses existent, sauf à ne pas connaître certain·es élèves. Les conseils de classe se démultiplient pour les professeur·es de ces deux disciplines dont les élèves se répartissent dans plusieurs classes. Mettre en place un travail interdisciplinaire ou mener un projet de classe devient une gageure. Les échanges avec l’équipe pluri-professionnelle, plus que nécessaires, sont mis à mal par cette réforme. À cela s’ajoute une désorganisation totale dès qu’il y a une intervention extérieure ou une sortie pédagogique pour une seule de ces classes.
Risque des remplacements en interne et porte ouverte aux regroupements de niveau
Enfin, rester sur une organisation en regroupements, c’est aussi le risque de voir l’hétérogénéité disparaître. En effet, rien dans l’organisation des emplois du temps n’empêche de changer les règles même après la rentrée. C’est la douloureuse expérience qu’ont vécu des personnels dans différentes académies à la suite d’une « descente » d’IPR ou d’un changement de direction. De même, certains personnels de direction tentent de redistribuer les élèves d’un regroupement dont le ou la professeur·e est absent·e, dans les autres pour « pallier » aux non-remplacements des personnels.
Pour l’ensemble de ces raisons (et bien d’autres !), le SNES-FSU appelle à la fin des regroupements mis en place dans le cadre de la réforme du « Choc des savoirs ». Nous mettons à votre disposition un ensemble d’outils pour vous accompagner. N’hésitez pas également à solliciter vos sections académiques.