Face à la diffusion toujours plus rapide, voire incontrôlée du virus, le président de la République a annoncé un reconfinement à compter du 30 octobre pour, au moins, quatre semaines. Les écoles restent ouvertes. Si l’école en présentiel est préférable à l’école à distance, elle doit se faire dans de strictes conditions de sécurité pour les personnels, les élèves et les familles. En annonçant un protocole sanitaire renforcé qui est en réalité un protocole sanitaire renforcé « si possible », le ministre de l’Education nationale ne prend pas la mesure de la gravité de la situation. Rien n’est dit sur la diminution du nombre d’élèves par classe par exemple. Inacceptable. Le Snes-FSU appelle donc les personnels à se saisir de tous les moyens d’action pour faire valoir leurs droits et assurer leur sécurité.
Un contexte sanitaire dégradé
Depuis le mois de juin, le SNES-FSU a alerté sur la nécessité de préparer la rentrée, avec des mesures organisationnelles et pédagogiques. Puis en octobre, le SNES-FSU a demandé un renforcement du protocole sanitaire face à l’accélération de la diffusion du virus. Ces propositions ont été balayé d’un revers de la main pour le Ministre de l’Education nationale et le gouvernement qui ont préféré parlé d’une rentrée réussie ou encore d’une rentrée dans la joie. En ne prenant pas la mesure de l’aggravation de la situation générale, des inquiétudes et des questions dans l’Education nationale, le gouvernement porte une lourde responsabilité dans la situation actuelle.
Aujourd’hui, la deuxième vague est là. Le président de la République le reconnaît lui-même la deuxième vague « sera sans doute plus dure et plus meurtrière que la première ».
Pour le SNES-FSU, l’école en présentiel est préférable à l’école à distance. Le confinement a aggravé les inégalités comme l’ont confirmé tous les constats des professeurs à la rentrée. Mais cela doit se faire en sécurisant les conditions d’accueil et d’enseignement.
Les demandes du SNES-FSU
- le passage à un fonctionnement en demi-groupe, selon des modalités d’organisation à définir (alternance de semaines, de jours etc), sans recours au cumul présentiel/distanciel.
- recrutements de personnels, d’AED mais aussi d’agents territoriaux (pour assurer un nettoyage et une désinfection des salles),
- la réorganisation de la demi-pension pour limiter le brassage des élèves
- de nouvelles modalités d’aération des salles, alors même que l’hiver rend l’ouverture des fenêtres plus problématique qu’à la rentrée.
- des mesures adaptées pour les internats
- la prise en compte de la situation des personnels vulnérables et de celles qui vivent avec des personnes vulnérables
- Des mesures doivent aussi être prises sur le plan pédagogique parmi lesquelles l’aménagement des programmes et un nouveau calendrier du bac (report des EC1 et des épreuves de spécialité en juin). Le jour de carence doit être suspendu immédiatement : il est inacceptable que les personnels payent le prix d’être malade !
Un protocole renforcé…si possible !
Le nouveau protocole est disponible ici
Le Ministre de l’Education nationale le qualifie de « renforcé ». Il a été diffusé jeudi 29 octobre au soir, mais n’a pu faire l’objet d’un travail préalable avec les organisations syndicales puisque le Ministre assume de n’avoir jamais diffusé ce protocole dit de stade 2 avant, afin de ne pas apporter de la confusion. L’anticipation de différentes hypothèses, une écoute des organisations syndicales auraient pourtant sans doute permis d’avoir un protocole réaliste, mais le dialogue social n’a jamais été un point fort de ce Ministre…Le Ministre n’a cessé de ponctuer son intervention de « dans la mesure du possible ». Le protocole n’a donc rien de renforcé, mais plutôt un protocole « si possible ».
Distanciation
Dans « les collèges, et les lycées, le principe est la distanciation physique d’au moins un mètre lorsqu’elle est matériellement possible, dans les espaces clos (dont la salle de classe), entre l’enseignant et les élèves ainsi qu’entre les élèves quand ils sont côte à côte ou face à face ». Si la configuration des salles de classe (surface, mobilier, etc.) ne permet absolument pas de respecter la distanciation physique d’au moins un mètre, alors l’espace est organisé de manière à maintenir la plus grande distance possible entre les élèves. La distanciation physique doit être maintenue, dans tous les cas, entre les élèves de groupes différents (classes, groupes de classes ou niveaux). »
Premier exemple du protocole renforcé « si possible », la distance d’au moins un mètre doit être respecté si elle est matériellement possible. Avec le même nombre d’élèves dans les établissements scolaires et en particulier dans les classes, c’est matériellement impossible. Quant à la distance entre des classes ou des niveaux, elle paraît bien surprenante quand on connaît la réalité d’un établissement scolaire : faut-il empêcher les 5eme de croiser les 3eme toute la journée ?
Lavage de mains
Il reste un geste barrière à appliquer mais rien n’a changé sur la situation sanitaire des établissements (toilettes, équipement en gel hydroalcoolique)
Le port du masque
Il est obligatoire pour les élèves et les personnels. Le Ministère a suspendu la distribution des masques Dim suite aux inquiétudes sur leur toxicité.
Le Snes-FSU rappelle sa demande de fourniture de masques gratuits pour les élèves. Les personnels doivent être équipés de masques fiables.
Ventilation
Elle doit avoir lieu le matin avant, l’arrivée des élèves, pendant les intercours, pendant chaque récréation, au moment du déjeuner (en l’absence de personnes) et pendant le nettoyage des locaux
Ces recommandations se heurtent à la réalité matérielle des établissements (fenêtres qui s’ouvrent difficilement) et climatique (arrivée de l’hiver). Des systèmes alternatifs de ventilation des salles auraient au moins pu être étudiés, à l’instar de ce que font d’autres pays européens.
Brassage
La limitation du brassage doit se faire par classe ou par niveaux (notamment pour les premières et les terminales, où le groupe classe n’existe plus avec la réforme du lycée) notamment pendant les récréations, le temps de repas à la demi-pension et la circulation des élèves.
Si le protocole laisse jusqu’au 9 novembre pour organiser ce brassage, ce principe reste, dans l’absolu très difficile à mettre en place pour qui connaît un peu la réalité des établissements scolaires ! Comment penser qu’il sera possible d’empêcher les 1ère de croiser les terminales…
La priorité était pourtant bien de diminuer les effectifs dans les classes.
Nettoyage des salles
Les salles de classes sont nettoyées une fois par jour. Les poignées de porte, rampes d’escalier plusieurs fois par jour. Les espace de demi-pension après chaque service.
Cet impératif est renvoyé vers les collectivités territoriales, et à l’heure actuelle, aucun moyen supplémentaire (embauche d’agents) n’a été annoncé.
Agir pour obtenir des conditions de reprise sécurisées
Il est donc indispensable que la reprise après les vacances d’automne se fasse dans des conditions strictes de sécurité sanitaire. C’est un enjeu de santé publique. Le SNES-FSU ne transigera pas sur ce point.
Comment vérifier que les conditions strictes de sécurité sont bien réunies avant de retourner dans votre collège, lycée ou CIO ? Comment faire valoir vos droits (alerte, droit de retrait etc…) si ces conditions ne sont pas remplies et que vous vous trouvez face à une situation dangereuse ? Vous trouverez ci-dessous des références réglementaires, des modèles de courrier, des trames d’intervention en CA pour agir dans votre établissement, en lien avec le Snes à tous les niveaux : départemental, académique et national.
Préavis de grève
Le SNES-FSU a déposé un préavis de grève pour la semaine du 2 au 7 novembre pour couvrir les mobilisations décidées localement. Rapprochez vous de votre section académique pour organiser le mieux l’action.
Fiche “santé et sécurité au travail : quels sont mes droits
Tous les employeurs ont l’obligation de protéger la santé mentale et physique de leurs salariés ou de leurs agents (fonctionnaires). Selon la jurisprudence, ils ont dans ce domaine une obligation de moyens renforcés. Retrouvez toutes les références dans notre fiche ci-dessous.
Fiche “Droit de retrait”
Tout salarié a le droit de se retirer d’une situation de travail dont il a un motif raisonnable qu’elle peut porter gravement atteinte à sa santé. Le droit de retrait est un droit individuel, très encadré juridiquement. Consultez la fiche ci-dessous et contactez votre section académique avant d’engager une telle action.
Fiche “CHS dans l’établissement”
La commission hygiène et sécurité peut jouer un rôle à ne pas négliger en matière de santé au travail. Les informations dans notre fiche ci-dessous
Les CHSCT
Ces instances où siègent des élus du SNES et de la FSU sont un outil incontournable pour alerter et engager un travail de protection des personnels ainsi que de prévention des risques.
Plus d’informations : les CHSCT, une instance pour la santé, la sécurité et les conditions de travail des personnels