Le SNES-FSU alerte depuis de nombreuses sessions sur l’absence de mesures propres à encourager les étudiant·es à s’orienter vers les concours de l’enseignement. Cette année, d’autres que nous évoquent le sujet du sous-recrutement des enseignant·es aux concours 2023 : une récente dépêche de l’AEF le 12 mai 2023, un article du Café pédagogique ou encore ce fil twitter.
Il manque déjà des admissibles pour 2023
Ce qui devait être un simple trou d’air en 2022, du fait de la réforme des concours de Blanquer en 2022, apparaît désormais comme un état durable et structurel.
Pour la session 2022, le CAPES externe de Mathématiques ne comportait que 816 noms pour 1035 postes. Pour la session 2023, avec 1040 postes pour 1170 admissibles, il faut s’attendre à plusieurs centaines de postes perdus comme l’an passé (478 postes non pourvus en 2022).
Pour le CAPES d’Allemand, même constat que l’année dernière : 205 postes pour 101 admissibles en 2023 (en 2022, le ratio était de 215 postes pour 83 admissibles). A l’agrégation externe il y a seulement 45 admissibles pour 42 postes. Ce seront probablement – de nouveau – environ 150 professeurs d’Allemand qui manqueront devant les classes à la rentrée 2023.
Les candidat·es admissibles en Lettres modernes sont 761 pour 755 postes. On constate qu’en Lettres Classiques la situation est encore plus critique que l’an passé, avec toujours moins d’inscrit·es (133) que de postes (134) et seulement 47 admissibles. Le Ministère n’a d’ailleurs rien fait pour ouvrir des filières de Latin Grec “grands débutants” dans les universités. Dans les deux disciplines de Lettres, la situation catastrophique de l’an dernier avec près de 260 postes perdus aux concours externes devrait donc se répéter.
En Anglais et en Espagnol, le nombre d’admissibles dépasse à peine le nombre de postes à pourvoir, et la situation est même plus critique que l’an dernier en Espagnol : 403 admissibles pour 318 postes, soit 87 admissibles de moins que l’an dernier. Il est donc très probable que ces deux disciplines présentent également des postes non pourvus à la session 2023.
Enfin, en Physique-Chimie, avec 440 admissibles pour 429 postes, il s’agira également d’une nouvelle année de sous-recrutement.
De nouveau, la question se pose : des centaines de classes se retrouveront-elles sans enseignant·e en septembre prochain ? La fameuse « attractivité » de nos métiers promise par le ministère avec la réforme des concours n’arrive pas. Les nouveaux dispositifs, AED prépro, stages d’observations et de pratique accompagnée (SOPA), étudiant·es contractuel·les alternant·es (ECA) n’ont pas permis aux candidat·es de mieux se préparer aux écrits, notamment à cause d’une charge de travail trop importante. Le contingentement des places en master MEEF mis en place durant le quinquennat précédent éloigne chaque année des étudiant·es des métiers d’enseignement, alors qu’il faudrait montrer que nos métiers sont en tension et les rendre plus attractifs.
Les mesures d’urgence proposées par le SNES-FSU, et les solutions à plus long terme
Le Ministère pourrait dès maintenant communiquer le nombre des candidat·es présent·es aux épreuves d’admissibilité. Il donnerait la mesure de l’importance des abandons, qui souligne les difficultés de la vie étudiante aujourd’hui. La gratification de stage en M2 (126 € par mois, payée avec du retard), et même la rémunération des ECA, sont loin de répondre à ce problème. Trop d’étudiant·es sont obligé·es de négliger leurs études pour travailler et renoncent au master MEEF.
Le SNES-FSU réaffirme ses propositions immédiates pour permettre de travailler à l’attractivité de nos métiers : mettre en place des bourses pour les candidat·es aux concours, financer les déplacements et le logement dans les lieux d’examen, établir systématiquement des listes complémentaires. L’établissement d’un plan pluriannuel de recrutement permettrait aux étudiant·es qui se destinent à nos métiers, et s’engagent dans des études plus longues, d’anticiper plus tôt leurs chances de succès. A plus long terme, la mise en place d’un véritable pré-recrutement, dès la licence, permettrait aux étudiant·es qui se destinent à nos métiers de se consacrer entièrement à leur formation et la préparation des concours.
La ministère doit également travailler à l’attractivité de ses concours internes. En lettres classiques, il y avait 20 postes au CAPES pour seulement 4 admis·es. En histoire-géographie, 6 postes ne sont pas pourvus (77 postes pour 71 admis·es ) etc. Améliorer l’attractivité des concours internes, c’est également reconnaître la valeur des enseignant·es qui enseignent déjà et c’est leur permettre une véritable évolution de carrière qui concourt également à l’attractivité de nos métiers.