Madame la Ministre,
Aujourd’hui, plus d’un enseignant sur deux travaillant en collège est en grève pour exprimer le refus de votre projet de réforme du collège.
Pourtant, tous ces personnels n’ont pas choisi de gaîté de cœur de ne pas prendre leurs classes aujourd’hui et de perdre une journée de salaire. Ils n’ont pas fait ce choix parce qu’ils seraient ringards ou arc-boutés sur une vision rétrograde de leur métier. Ils inventent au quotidien, ils assurent depuis des années leur mission dans des conditions de plus en plus dégradées et attendent un changement d’orientation des politiques éducatives au service de la réussite de leurs élèves.
La dynamique du débat de l’été 2012 pour la refondation de l’École a été brutalement interrompue par votre projet qui a cédé à des sirènes qui, depuis 3 ans, refusent la recherche de toute forme de consensus pour imposer leur vision largement minoritaire dans nos professions. Ainsi l’interdisciplinarité proposée n’est pas celle qui était attendue et l’autonomie que vous envisagez n’est pas celle des équipes pédagogiques et éducatives. La réforme annoncée ne sera pas pédagogique, quoique ses promoteurs en disent, mais bureaucratique.
Il est encore temps, et nous vous l’avons redit au Conseil Supérieur de l’Éducation du 10 avril, de reprendre le fil des discussions et de stopper ce qui s’annonce comme un véritable gâchis pour les jeunes, pour nos professions. Prenons le temps du débat sur l’articulation des enseignements disciplinaires avec les formes de l’interdisciplinarité, sur ce que doit recouvrir l’expression «marges de manœuvre des établissements», sur les conditions d’étude des élèves et la notion «d’accompagnement», sur les conditions de travail et de formation des personnels, sur les moyens pour développer le travail collectif…
Le SNES-FSU, majoritaire chez les personnels d’enseignement, d’éducation et d’orientation du second degré et donc, à ce titre représentatif, renouvelle solennellement sa demande de retrait de votre projet et de reprise immédiate des discussions pour l’avenir du collège.
Frédérique ROLET, Roland HUBERT
Co-secrétaires généraux du SNES-FSU