Le ministre de l’Éducation nationale a annoncé la mise en place d’un comité de consultation sur l’enseignement des mathématiques au lycée général. Il cède ainsi face à la pression, dans une forme de volte face reconnaissant implicitement les insuffisances de sa réforme, emblème politique de ce quinquennat, admettant également la nécessité de renforcer la culture commune en mathématiques des élèves. Mais alors que les opérations de préparation de rentrée sont quasiment finalisées, quelle est la réelle marge de manœuvre de ce comité ? Il s’agit d’abord d’une réponse politique, voire politicienne, pour tenter de se délester du fardeau encombrant du vrai bilan de la réforme du lycée, à quelques jours de l’entrée en campagne du président-candidat Macron.

Pompiers pyromanes

Ce comité sera piloté notamment par Pierre Mathiot, grand artisan de la réforme, et Charles Torossian. En décembre, les deux hommes assumaient la réussite de la réforme en mathématiques soulignant par exemple « des bases qui sont satisfaisantes en termes de culture mathématique ». Ce sont donc ceux qui ont emmené les mathématiques et le lycée dans le mur qui sont chargés d’éteindre l’incendie. Comme une nouvelle illustration du très cynique « en même temps »…

L’actualité médiatique et politique s’est focalisée sur la place des filles dans l’enseignement de mathématiques. C’est une vision très restrictive du nécessaire débat sur la mixité dans notre système éducatif. Parler de mixité au lycée, c’est aussi pointer la sous représentation des garçons dans certains enseignements de spécialité plus littéraires (humanités, littérature et philosophie par exemple), mais aussi la place des filles et des garçons dans les différentes filières de la voie technologique. Derrière ces questions, les enjeux sont cruciaux pour l’avenir : orientation post bac et professionnelle, apprentissage du vivre ensemble.

Lycée Blanquer, lycée inégalitaire

Depuis 2019, le SNES-FSU a montré, chiffres à l’appui, que le lycée Blanquer est particulièrement inégalitaire, renforçant les biais sociaux :
– 61,4 % des filles avaient pris maths en 1ère en 2019, seules 30,7 % des filles poursuivaient en terminale, soit -30,7 points. Pour les garçons, le taux d’abandon est plus faible : – 23,4 points. Entre la 1ère et la terminale, les écarts se creusent entre les filles et les garçons.
– les garçons représentent 44 % des élèves de terminale générale mais seulement 16 % de ceux qui prennent Humanités littérature et philosophie/SES.
– en 2019, 75,7 % des élèves d’origine sociale très favorisée ont choisi les mathématiques contre 61,9 % des élèves défavorisés ; 24,5 % des élèves d’origine très favorisée ont choisi LLCE contre 32,2 % des élèves de milieu défavorisé.

De plus, de très nombreuses disciplines ont payé un lourd tribut à la réforme du lycée et sont aujourd’hui grandement fragilisées.

Pour le SNES-FSU, c’est bien l’ensemble de la réforme du lycée, ainsi que celle du bac et ParcourSup, qu’il faut remettre à plat. Cela devra être une priorité du prochain quinquennat. Dans l’immédiat des mesures transitoires doivent être prises comme par exemple le maintien de trois spécialités en terminale.

sources des données statistiques
DEPP, note d’information 19-48, novembre 2019
DEPP, note d’information 20-38, novembre 2020

et https://www.snes.edu/article/le-lycee-peau-de-chagrin


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