Le Décret n° 2014-1377 du 18 novembre 2014 paru au journal officiel du 20 novembre 2014 décline une disposition de la loi de refondation de l’école de juillet 2013 : le redoublement doit être exceptionnel. De fait, dès la rentrée 2015 redoubler ne sera plus possible que « pour pallier une période importante de rupture des apprentissages scolaires » – formulation plus qu’imprécise – et « pour les élèves des classes de troisième et de seconde, lorsque la décision d’orientation définitive n’obtient pas l’assentiment des représentants légaux de l’élève ou de l’élève majeur ».
Si la France fut la championne du redoublement, ce n’est plus le cas. En 2012, 28% des élèves âgés de 15 ans avaient redoublé, ce chiffre étant en diminution constante : il a baissé de 10 points de 2009 à 2012. La tendance à la diminution du redoublement est donc déjà effective, mais sous la pression administrative et pour des raisons budgétaires plus que pédagogiques. En effet, si le redoublement est à juste titre mis en cause par de nombreux travaux montrant qu’il n’est statistiquement pas efficace, la seule réponse par le passage automatique dans la classe supérieure au collège comme au lycée n’est pas plus satisfaisante. Le SNES-FSU demande que les moyens économisés par l’Éducation nationale suite à la forte diminution du redoublement ces dernières années et à sa suppression à venir soient maintenus dans les établissements pour la mise en place de solutions alternatives, qui restent encore à venir. Les seules propositions actuelles, programmes personnalisés de réussite éducative au collège, et stages de remise à niveau au lycée, sont peu mises en œuvre et aucun bilan n’en a été fait. C’est pourquoi le SNES, avec la FSU, a voté contre le décret lors de sa présentation au Conseil supérieur de l’éducation.
Enfin, alors que le Conseil national d’évaluation du système scolaire s’est saisi prioritairement de ce sujet, y travaille actuellement dans un cadre large de concertation et selon une démarche scientifique, le ministère ignore ce travail et se hâte de décider la fin du redoublement. Ceci, sans avoir aucunement préparé les collèges et les lycées à cette suppression.
Faire réussir les élèves, ce n’est pas faire du chiffre à tout prix. A l’heure où la Ministre annonce un énième plan de lutte contre le décrochage, ce n’est pas non plus faire l’économie d’une indispensable réflexion sur les moyens pédagogiques et financiers à mettre en œuvre pour que plus aucun jeune ne « traverse » le système éducatif sans en tirer les connaissances et compétences nécessaires à la poursuite d’étude et à l’insertion professionnelle et sociale.