Un décret publié au BO du 29 octobre 2015 « étend le bénéfice de la conservation des notes à tous les candidats à l’examen des baccalauréats général et technologique. » Cette mesure entre en vigueur pour les élèves ayant échoué au bac 2015.
La possibilité de conservation des notes, présentée au Conseil supérieur de l’éducation en juillet 2015, devient officielle alors même que les procédures d’inscription pour le baccalauréat ont déjà commencé. Or le Ministère n’a pas pris la peine d’informer les établissements, et s’est contenté de prévenir les services rectoraux des examens. Ainsi, dans de nombreux lycées, les personnels (enseignants, CPE…) tout comme les élèves redoublants découvrent cette modalité au moment de s’inscrire, ou à peine quelques jours auparavant.
Comment les personnels peuvent-ils, dans ces conditions, conseiller sereinement et avec pertinence les élèves concernés ? Et comment ces élèves peuvent-ils faire un choix raisonné, sachant que ce choix sera définitif ? En effet, s’ils gardent leur note de juin 2015 pour une épreuve, ils ne pourront pas repasser l’épreuve en question. Et tant pis si, justement, le redoublement leur aurait permis de progresser. Il y a ainsi dans cette mesure une limitation de l’ambition que le SNES-FSU dénonce.
Par ailleurs, les établissements devront décider si les élèves qui conservent leur note sont ou non dispensés du cours correspondant. Cette situation est inextricable : des élèves obligés de suivre des cours pour une épreuve qu’ils ne passeront pas risquent d’être fort peu motivés, alors que les moyens pour les accompagner ne sont pas prévus ; dans le cas inverse le risque d’une scolarité en pointillé est grand, et celui du décrochage n’est pas loin non plus ! Pour le SNES-FSU, d’autres solutions étaient possibles, par exemple une conservation « conditionnelle » de la note, avec obligation de repasser l’épreuve, et bénéfice de la meilleure note des deux sessions.
D’autre part, un droit au redoublement dans son lycée est instauré par ce même décret, ce qui est un progrès. L’Éducation nationale s’oblige ainsi à accueillir les recalés, leur évitant des difficultés d’affectation. Mais aucune disposition particulière ne garantit que les lycées recevront des moyens supplémentaires pour accueillir ces élèves, alors qu’ils croulent actuellement sous des effectifs pléthoriques, conséquence du baby boom de l’an 2000, que le ministère semble ignorer.
Le SNES-FSU dénonce donc la précipitation avec laquelle la mesure de conservation des notes est mise en œuvre, et s’inquiète fortement de ses conséquences possibles, pour les personnels, les élèves, les classes, et l’examen du baccalauréat.