Quatre jours après les écrits du bac, cette annonce est pour le moins curieuse : le timing est assez malheureux pour des élèves et des enseignant·es maltraité·s tout au long de cette année par des cadences infernales ! Mais c’est surtout la teneur de cette communication qui intrigue, puisqu’il s’agit de mettre en place un « programme resserré sur les savoirs fondamentaux », en supprimant trois chapitres emblématiques
Pas fondamental, donc, un chapitre sur la justice sociale, permettant de comprendre les débats autour de l’action de l’État pour réduire les inégalités (redistribution des revenus, impôts, services publics, lutte contre les discriminations).
Pas fondamental, donc, le chapitre de sociologie de l’École, permettant un regard critique sur le système scolaire et les inégalités sociales qui le traversent, nourri de plus de 60 ans de travaux sociologiques.
Pas fondamental, donc, un chapitre sur les crises financières, permettant l’étude du fonctionnement et des dysfonctionnements du système financier, qui mènent régulièrement à des crises plus ou moins profondes.
Ainsi, en septembre, les élèves pourront bénéficier de rythmes d’apprentissages certes plus adaptés, mais ils et elles seront aussi privé.es de questionnements critiques sur le fonctionnement économique, social et politique de nos sociétés contemporaines.
Faire enfin un travail sérieux sur les programmes
Les allègements annoncés donnent formellement raison aux personnels qui ont alerté toute l’année, avec le SNES-FSU, sur l’infaisabilité des programmes. Le ministère est coupable de ne pas les avoir écoutés plus tôt. Mais ces allègements posent aussi de graves problèmes, sur la forme comme sur le fond. Il est donc urgent de remettre l’ensemble des programmes sur la table, dans un cadre qui permettra la concertation, la discussion, et le compromis. Cela vaudra toujours mieux qu’une décision unilatérale, brutale, et idéologiquement orientée.