Du fait des départs à la retraite massifs et de l’augmentation du nombre d’élèves, les besoins en enseignants sont très importants. Avec la crise de recrutement qui perdure, des mesures urgentes doivent être prises afin de rendre attractifs ce métier.
D’après le rapport de la DARES d’avril 2015 « les métiers en 2022 » (1), 300 000 nouveaux enseignants doivent être recrutés entre 2012 et 2022. En effet, la DARES chiffre à 256 000 le nombre de départ d’enseignants à la retraite sur cette période. S’y ajoutent les besoins correspondant à la hausse du nombre d’élèves fruit de l’augmentation démographique. D’après le rapport, les taux d’encadrement dans le premier degré et l’enseignement supérieur étant parmi les plus bas des pays de l’OCDE, la France se doit de recruter 44 000 enseignants de plus pour mieux faire face.
Dans le second degré, c’est 150 000 enseignants qu’il faut recruter.
Depuis 2012, 34242 enseignants ont été recrutés dans le second degré (2). Pour atteindre les 150 000 recrutements en 2022, il est donc nécessaire d’affecter près de 14 500 nouveaux enseignants en stage par an dans le second degré sur les 8 prochaines années.
Or la crise de recrutement n’est pas endiguée. Si l’augmentation du nombre de postes aux concours a permis une augmentation du nombre de candidats et d’admis, tous les postes ne sont pas pourvus notamment en mathématiques, anglais, allemand, Lettres, éducation musicale, Sciences de l’ingénieur….
Les écrits des concours externes viennent de se terminer. Après avoir publié le nombre d’inscrits(3), le ministère se doit publier le nombre de présents aux épreuves.
Le gouvernement a fait de l’éducation une priorité, mais sans enseignants qualifiés et formés, comment est-ce possible ?
Le ministère se doit de rendre attractif les métiers de l’enseignement et de l’éducation, s’il veut relever le défi.
Revaloriser les salaires est la première mesure essentielle. Actuellement, un enseignant certifié du second degré débute à 1,1 SMIC(4) soit 1616 euros brut mensuels donc 1388,2 euros net (5). Ils entrent donc dans la catégorie « travailleurs modestes » définie par le gouvernement pour prétendre à la prime d’activité(6). Alors que les autres secteurs doivent aux aussi renouveler leurs cadres, comment attirer des diplômés bac+5 avec comme salaire 1,1 SMIC à l’entrée dans le métier ?
Autre mesure indispensable, qui a fait ses preuves par le passé, la mise en place de véritables pré-recrutements. Dès la licence, le ministère financerait les études des pré-recrutés qui commenceraient à cotiser pour leur retraite. En échange, ils s’engageraient dans les parcours universitaires menant aux métiers de l’enseignement et de l’éducation, passeraient les concours et s’engageraient à servir l’État au moins 5 ans. Les EAP ou les M1 en alternance proposés par le ministère ne répondent pas à ces critères puisqu’ils sont affectés en établissement et ne peuvent donc pas se consacrer à leur formation.
Enfin pour recruter, les conditions de travail et de formation doivent obligatoirement être améliorées.
(1) http://www.strategie.gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/files/atoms/files/fs_rapport_metiers_en_2022_27042015_final.pdf
(2) Tableau du nombre de stagiaires affectés dans le second degré d’après les données communiquées par le ministère.
(3) http://www.education.gouv.fr/cid83753/nombre-d-inscrits-aux-concours-de-recrutement-d-enseignants-du-second-degre-de-personnels-d-education-et-d-orientation-de-la-session-2015.html
(4) SMIC brut = 1457,2 euros, net = 1135,99
(5) Depuis le 1/09/2013, le gouvernement a supprimé la revalorisation des débuts de carrières accordée par son prédécesseur en 2010, ce qui correspond à une diminution de 14% du salaire des enseignants stagiaires actuels par rapport aux stagiaires d’avant 2013.
(6) http://www.gouvernement.fr/argumentaire/prime-d-activite