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Censée rassurer les personnels, la lettre du ministère envoyée dans les établissements aux Recteurs le 2 juin 2016 sur les manuels scolaires et les ressources numériques risque plutôt de les inquiéter par ses tours de passe-passe.
Il y est laissé croire qu’à la rentrée 2016 « tous les élèves recevront de nouveaux manuels de français, mathématiques et histoire-géographie ; les élèves de cinquième auront également un nouveau manuel de langue vivante 2 et les élèves de sixième un nouveau manuel de sciences. » avec une « mesure exceptionnelle d’un montant de 125,7 millions d’euros, qui abonde les crédits pédagogiques » pour l’achat de manuels papiers ou numériques. Cette somme n’abonde en rien les crédits prévus en novembre au projet de loi de finance 2016 , dans l’objectif alors de financer « 3 ou 4 manuels par élève à la rentrée 2016 ». En effet, au motif de la réforme, les crédits pédagogiques avaient été drastiquement réduits en 2014 et 2015, et n’autorisaient le financement d’aucun manuel.
Ainsi, le courrier rappelle que « la dotation par élève inscrite au projet de loi de finance 2016 [est] de 54,3 euros par élèves ».
Premier tour de passe-passe : la mesure exceptionnelle ne s’ajoute pas aux 54,3 euros. Ça sera 54,3 euros par élève, et pas plus ! Or, 38 250 euros (somme calculée à partir du prix moyen des manuels) seraient nécessaires pour qu’un établissement de 500 élèves puisse acheter des manuels papiers soit 76,5 euros par élève On est loin du compte.
De plus, ces 54,3 euros recouvrent également les carnets, les droits de reproduction et le financement des projets. Le coût unitaire d’un manuel étant d’une vingtaine d’euros, les comptes sont vites faits !
Donc, l’envoi de cette missive ne doit pas déclencher la précipitation des chefs d’établissements pour l’achat des manuels scolaires. L’achat peut-être différé jusqu’à novembre, voire plus tard quand les propositions des éditeurs seront plus nombreuses et permettront un véritable choix. Les fonds affectés pourront être utilisés ultérieurement. Il n’y a aucun obstacle du point de vue de la procédure budgétaire
D’autres points viennent brouiller encore un peu plus nos cartes. Nous sommes enjoints de choisir des manuels qui « respectent bien la logique de cycle qui a présidé à l’élaboration des nouveaux programmes », contrevenant ainsi à la liberté pédagogique. Un financement de contenus numériques est annoncé, uniquement pour les établissements retenus dans le cadre du plan numérique. Cependant, même si l’achat de manuel numérique au vu du prix des licences peut s’avérer tentant, il sera plus coûteux sur le long terme car les éditeurs ont substitué le principe d’abonnement sur une courte période à la propriété du support par l’établissement. En effet, s’il est prévu des crédits pour la rentrée 2016 et 2017, on peut craindre qu’il n’y ait plus aucun financement après comme les années précédant la réforme. Enfin, la lettre insiste sur les ressources numériques mise à disposition des élèves : pourquoi acheter des manuels tant les ressources sur internet sont nombreuses ou comment pallier l’absence d’anticipation et de moyens en augmentant la charge de travail des personnels et en ignorant les lois sur la propriété intellectuelle ?.
L’insuffisance des crédits risque de conduire les collègues à se censurer dans leur choix.
Le SNES-FSU revendique un financement immédiat des manuels scolaires à la hauteur des besoins des équipes pour la rentrée 2016 et 2017.
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