L’évaluation fait partie intégrante de l’acte d’enseigner. C’est pourquoi l’évaluation des élèves dans le quotidien de la classe relève réglementairement de la liberté pédagogique des enseignants. Plutôt que d’investir dans la formation et la réflexion didactique et pédagogique de fond sur les programmes, l’institution tente de piloter les pratiques des enseignants via l’évaluation. Suivant les effets de mode (îlots, neurosciences, projets…) telle ou telle modalité d’évaluation est prescrite. Il convient de s’interroger sur les bénéfices en termes de qualité de l’enseignement…
Le LSUN, inutilement complexe
Impact des bilans de fin de cycle sur l’évaluation en cours d’année
Le Livret scolaire unique numérique et ses bilans de fin de cycle, transdisciplinaires, augmentent la charge de travail des enseignant-e-s en multipliant les appréciations inutiles à renseigner, sans pour autant être lisibles pour les familles. Ils génèrent des référentiels locaux approximatifs et chronophages. Dans le meilleur des cas, une réunion de l’équipe pédagogique permet de positionner approximativement les élèves… Le caractère local de l’évaluation en est renforcé et cela n’éclaire en rien sur la réalité des apprentissages. Pourtant, rien n’oblige à évaluer selon de tels référentiels non réglementaires en cours d’année et de cycle.
Un brevet trop soclé
Le DNB repose sur des épreuves terminales et sur l’évaluation des domaines et sous-domaines du socle commun de connaissances, de compétence et de culture. Pourtant, depuis la réforme de 2016, les programmes découlent du socle. L’évaluation de l’acquisition des programmes devrait suffire à valider le socle, ce qui simplifierait le travail des personnels, et serait serait plus clair pour les élèves et leur famille.
Évaluation de Sixième
Les tests nationaux sont passés en septembre-octobre en français et mathématiques, sur support numérique. Leur rendu lapidaire ne permet pas d’en faire des outils pédagogiques. Ils permettent de situer globalement les élèves et les classes les uns par rapport aux autres. Du travail et beaucoup de bruit pour un outil dont le bienfondé reste à démontrer au regard de son coût.
L’avis du SNES-FSU:
Les enseignants sont des concepteurs. Ils doivent pouvoir choisir les modalités d’évaluation qui conviennent à leurs pratiques pédagogiques. Le LSUN doit être simplifié. Le SNES-FSU appelle les collectifs enseignants à ne pas remplir les appréciations inutiles. Pour le DNB, le SNES-FSU demande l’abandon du bilan de fin de cycle, la prise en compte de toutes les disciplines au DNB (en contrôle continu ou en épreuves terminales), un cadrage national de l’oral, des indemnités d’examens revalorisées, notamment pour l’oral.
Le SNES-FSU est favorable à une évaluation régulière du système d’enseignement, qui peut cependant passer par des échantillons d’élèves représentatifs, comme pour les enquêtes CEDRE. Les résultats des évaluations de Sixième ne doivent pas être rendus publics ni utilisés pour classer les collèges ou leurs équipes.
Affelnet : les premiers seront les derniers
L’affectation des élèves, que ce soit dans un lycée ou l’enseignement supérieur implique aujourd’hui systématiquement des outils numériques. L’algorithme sert souvent de paravent à des critères de classement opaques mêlant évaluation des élèves avec d’autres paramètres, sociaux et géographiques. De l’extérieur, le résultat peut sembler incohérent pour les professionnels comme pour les élèves.
Affelnet-> est l’application permettant l’affectation des élèves de Troisième en lycée, dont l’impact est plus grand pour les élèves des grandes villes ou orientés en voie professionnelle. Pour permettre à une minorité de collèges d’évaluer « sans notes » en Troisième, les moyennes de sept champs disciplinaires sont transformées en forfaits de points. Cette manipulation répétée à chaque trimestre engendre des effets de seuil. Un élève peut obtenir un total de points plus élevé qu’un autre ayant de meilleurs résultats que lui. Le SNES-FSU demande que ce soit les moyennes disciplinaires, raisonnablement coefficientées pour l’accès au lycée professionnel qui entrent en ligne de compte.