L’actu de la rentré: Le collège en chantier
1. Effectifs: ça déborde !
2. Les premiers gestes de la rentrée
3.Faire vivre la démocratie dans l’établissement
4. Inclusion, comment l’organiser? Mon établissement est un PIAL, kezako ?
5. Quand va-t-on pouvoir enseigner au collège? orientation, quart d’heure lecture, etc.
6. Professeur principal: l’être ou ne pas l’être ?
7. La rentrée en éducation prioritaire: face à la réforme qui vient
8. Les expérimentations doivent être votées en CA (École du socle et ses échanges de service avec le primaire, « classe coopérative »…)
9. Face aux prescriptions: comment évaluer ?
10. AP et EPI
11. Les enseignements facultatifs
12. Troisième “prépa-métiers”
13. Devoirs faits: où en est-on?
14. Des repères annuels à appliquer en français et mathématiques
1. Effectifs: ça déborde !
La note de la DEPP n° 19.06 de mars 2019 confirme une nouvelle fois que les effectifs du second degré vont augmenter à chaque rentrée scolaire entre 2019 et 2023.
Hausse marquée dans les collèges 2019 : + 36 000 élèves (+ 1,1 %) dont 10 800 en Sixième.
2020 : + 19 400 élèves
A la rentrée 2018, c’était déjà 32 000 élèves supplémentaires.
Parallèlement, le nombre de postes dans le secondaire est diminué de 1800 à la rentrée 2018 puis de 2650 en 2019.
La dégradation des conditions d’étude des collégiens s’amplifient donc encore. En guise de palliatif au manque de postes, les professeurs sont désormais contraints d’accepter deux heures supplémentaires au lieu d’une au mépris de la charge de travail, de la fatigue et de la perte de sens professionnel.
Conditions de rentrée 2019 : la dégradation se poursuit.
Collège : On achève bien les professeurs
2. Les premiers gestes de la rentrée
Si vous arrivez dans l’établissement: pensez à signer au plus vite votre PV d’installation puis dans quelques semaines soyez attentif-ve à ce qui est inscrit sur le VS (ventilation de service) avant de le signer car votre rémunération en dépendra tout au long de l’année. Il faudra vérifier que vos ORS (obligations règlementaires de service) sont bien respectées.
Portail “ORS : Statuts, Missions, Obligations de service des professeurs”
Si vous avez eu un rendez-vous de carrière l’an dernier alors l’avis final du recteur est sur iprof (depuis le 15 septembre). attention, vous n’avez que 15 jours pour faire appel.
Si vous allez avoir un rendez-vous de carrière cette année alors vous en avez déjà été informé-e par l’administration en juillet.
3. Faire vivre la démocratie dans l’établissement
Certains chefs d’établissement peuvent chercher à imposer des modes de fonctionnement de l’établissement contre l’avis des enseignants.
Les professeurs peuvent demander à vérifier si la dotation globale horaire votée au CA l’an dernier est bien mise en place comme prévu. Si la dotation a changé alors il faut demander à ce que le nouveau tableau de répartition des moyens donnés (TRMD) soit voté au CA. Si la DGH n’est pas appliquée, il faut peser collectivement sur le chef d’établissement pour qu’il s’y plie puisqu’il doit appliquer la décision du CA en la matière (donc si le vote a été positif). Si ce n’est pas le cas et que la DGH n’a pas évolué alors il faut écrire au recteur. De même, en CA, demander en questions diverses comment sont réparties les IMP.
Faites exister les débats dans votre établissement pour permettre d’organiser son fonctionnement en accord avec les personnels !
En lien avec vos sections SNES-FSU départementales et académiques, préparez ces discussions grâce à des Heures Mensuelles d’Information Syndicale (HMIS) permettant d’avoir des débats sans regard hiérarchique, de construire des réactions collectives, des argumentations que vous pourrez porter à plusieurs par la suite en conseils pédagogique ou en réunions plénières.
Il est temps aussi de constituer les listes de candidature SNES-FSU pour le CA. Être élu au CA, c’est porter la voix des personnels par rapport aux décisions prises par l’administration.
4. Inclusion, comment l’organiser? Mon établissement est un PIAL, kezako ?
Le SNES-FSU a publié un livret pour tout savoir sur l’inclusion au collège: des rappels, un état des lieux, des outils pour agir et aller vers une inclusion raisonnée.
32 P inclusion sup US 781 sept 2018
Le PIAL: Un outil de gestion pour promouvoir la flexibilité des accompagnants.
A la rentrée 2019, le ministère a mis enligne une plate-forme “Cap école inclusive” qui propose des ressources pédagogiques aux professeurs pour utiliser en classe avec des élèves à besoin particuliers.
5. Quand va-t-on pouvoir enseigner au collège? Orientation, quart d’heure lecture, etc.
-Orientation: le décret du 19 mai 2015 a été modifié. 12 heures d’accompagnement à l’orientation en Quatrième et 36 heures en Troisième, ont été ajoutés « à titre indicatif » dans la grille horaire du collège sans dotation spécifique, tout comme au lycée. A mettre en lien avec les fermetures des CIO et l’ensemble des menaces qui pèsent sur les Psy-En. La charge de travail des professeurs principaux, particulièrement de Troisième, s’accroît, sans davantage de reconnaissance. Le SNES-FSU propose à l’ensemble des enseignants de ne se laisser imposer aucune tâche empiétant sur les missions des Pys-EN.
A lire aussi du côté des Psy-En:
ingénieur en orientation: non merci!
orientation: le détricotage
-De nouveaux dispositifs non réglementaires sont en vogue : 10 heures annuelles de prévention contre le harcèlement (vademecum), « quart d’heure lecture » (courrier du ministère aux recteurs), éloquence (EOL). Le SNES-FSU rappelle que les vademecum et autres courriers n’ont aucune valeur réglementaire, il s’agit de propositions qui n’ont pas valeurs d’obligation. En tout état de cause, ces dispositifs ne doivent pas empiéter sur les enseignements ni restreindre la liberté pédagogique des enseignants.
LE QUART D’HEURE LECTURE Un outil séduisant, mais…
Le « quart d’heure lecture » : offensive ministérielle au dépens des enseignements et des personnels
– Dans chaque classe, outre les délégués élèves, il faudra élire à partir de cette année un éco-délégué “qui sera chargé de sensibiliser ses camarades aux gestes quotidiens qui permettent de lutter contre le réchauffement climatique (éteindre les lumières,tri des déchets de la classe), …”
(source: dossier de presse de rentrée 2019 du MEN)
6. Professeur principal: l’être ou ne pas l’être?
Professeur principal: une fonction qui demande toujours plus de travail
alors n’est-ce pas le moment de refuser collectivement la fonction de professeur principal !
7. La rentrée en éducation prioritaire : face à la réforme qui vient !
– Le Ministère annonce une réforme en profondeur de l’éducation prioritaire, conservant la carte des REP+ et reléguant les REP à une gestion académique menant vers une allocation progressive des moyens et une délabellisation à bas bruit. Le SNES-FSU réaffirme l’importance du principe d’une carte de l’éducation prioritaire nationale. Il revendique un périmètre large de l’EP qui comprenne aussi les lycées généraux, technologiques et professionnels, dont l’articulation avec les collèges est essentielle, les zones rurales et les DROM qui présentent des spécificités par rapport aux territoires urbains et périurbains. Il demande une carte définie par des indicateurs nationaux transparents et concertés déterminant pour chaque établissement en fonction de son niveau de difficulté scolaire, sociale et territoriale des moyens lui permettant de réduire les inégalités. Il demande de même l’amélioration des mesures pour l’ensemble des personnels (en particulier les AED), notamment une revalorisation de l’indemnitaire déconnectée de toute modalité d’évaluation collective en fonction de la “performance” supposée des équipes.
Que restera-t-il de l’éducation prioritaire ?
Éducation prioritaire vs ruralité : ne pas tomber dans ce piège.
La FSU engagée pour l’Éducation prioritaire
Avant même que le fond de cette réforme soit mise en place, un nouveau label a été créé: la “cité éducative” dépendant du Ministère de la Ville, ouvrant la voie à toutes les déréglementations. En juin 2019, les enseignants des collèges éligibles à ce label ignorent toujours quel en sera l’impact dans leur travail quotidien.
Cités éducatives : un dossier de presse qui en dit long sur la place de l’Ecole.
La mobilisation, dont celle de la FSU, a permis de faire supprimer l’article de la loi “pour une école de la confiance” créant les EPLESF.. Ceci étant l’article 8 de cette même loi permet d’aller plus loin dans les expérimentations.
– Attention à la réunionite de certains chefs d’établissement. La pondération REP+ vise bien à diminuer le temps de travail, via une réduction du service hebdomadaire d’enseignement. Les heures et le temps ainsi libérés appartiennent au(x) professeur(s) : le chef d’établissement ne peut en disposer. Le temps libéré par la pondération n’est pas “à compenser” : la pondération des heures en établissement REP+
– La prime REP+ :
Après une augmentation de 1000 euros en septembre 2018, la prime REP+ augmentera de nouveau de 1000 euros à la rentrée 2019 mais qu’en sera-t-il pour la troisième partie de cette augmentation, La promesse présidentielle concernait une augmentation totale de 3000 euros ? une prime à mériter
Dans le même temps, la loi “Pour une école de la confiance” crée des établissements cultivant l’entre-soi social de la maternelle au lycée : les EPLEI permettant aux élèves de préparer des diplômes européens ou internationaux (St Germain, Clermont-Ferrand…).
8. Les expérimentations doivent être votées en CA (École du socle et échanges de service avec le primaire, « classe coopérative »…)
Le projet est souvent utilisé pour contourner le caractère national du système éducatif. Sous couvert d’adaptation au local et d’expérimentations, les EPLE sont mis en concurrence et la liberté pédagogique des enseignants est malmenée. Le SNES-FSU est favorable à ce que la construction du projet d’établissement soit un moment de réflexion entre collègues sur les problématiques et atouts locaux afin de dégager un projet cohérent, respectueux de la liberté pédagogique des enseignants.
La bataille doit se mener à toutes les étapes de l’élaboration du projet et bien entendu en CA, instance qui décide en ce domaine, sur proposition des équipes pédagogiques.
L’article 8 de la loi “Pour une école de la confiance” élargit les possibilités d’expérimentations.
” Ces expérimentations peuvent concerner l’organisation pédagogique de la classe, de l’école ou de l’établissement, la liaison entre les différents niveaux d’enseignement, la coopération avec les partenaires du système éducatif, l’enseignement dans une langue vivante étrangère ou régionale, les échanges avec des établissements étrangers d’enseignement scolaire, l’utilisation des outils et ressources numériques, la répartition des heures d’enseignement sur l’ensemble de l’année scolaire, les procédures d’orientation des élèves et la participation des parents d’élèves à la vie de l’école ou de l’établissement. Les collectivités territoriales sont systématiquement associées à la définition des grandes orientations des expérimentations menées par l’éducation nationale ainsi qu’à leurs déclinaisons territoriales.
Dans le cadre de ces expérimentations, et sous réserve d’un accord majoritaire des enseignants de l’établissement, l’obligation réglementaire de service peut être constatée sur une période plus étendue que le rythme hebdomadaire.”
Le SNES-FSU demande la suppression des items ” la répartition des heures d’enseignement sur l’ensemble de l’année scolaire [dans le respect des obligations réglementaires de service des enseignants] et les procédures d’orientation des élèves “, qui ouvrent le champs à une rupture dans les apprentissage de telle ou telle discipline durant l’année scolaire (par regroupements d’horaires sur une partie de l’année).
Le problème est celui de la conduite de l’expérimentation dans l’éducation nationale : pas d’étude d’impact en amont, ni d’évaluation en aval, et souvent généralisation sans précaution.
articles écrits avant la publication de la loi “Pour une école de la confiance” :
– Ce qu’il faut savoir sur la réglementation de l’expérimentation
– Les écoles du socle: un professeur certifié ou agrégé ne peut pas se voir imposer d’enseigner en primaire
A la rentrée 2019 quelles sont les types d’expérimentation autre que l’école du socle:
– « Développement de la pratique théâtrale” : 385 collèges dans 25 académies participent à une expérimentation consacrée aux arts oratoires. ». Une demi-heure supplémentaire par semaine est consacrée à travailler la prise de parole en public de façon à préparer le « grand oral » du BAC. Avec les annonces sur le DNB 2021, le dispositif est peut-être amené à s’étendre mais sans doute en étant lui aussi financé sur la marge horaire de 3 heures.
– 300 établissements expérimentent des cours de 45 minutes de façon à exposer les collégiens à 4 séances hebdomadaires de LV par semaine au lieu de 3… porte d’entrée de l’annualisation des services.
– 11 académies ont répondu à l’appel à projet « cours le matin, EPS et sport l’après-midi » pour le collège. 27 collèges l’expérimentent.
– Un test numérique gratuit (!) de positionnement en anglais pour la fin de la 3e en 2020.
(source: dossier de presse de rentrée 2019 du MEN)
9. Face aux prescriptions: comment évaluer ?
-L’article le plus récent sur la question :
Collège : l’évaluation, un enjeu de métier
et les précédents :
– L’évaluation des bilans de fin de cycle en Sixième et Troisième engendre des pressions de la hiérarchie sur le mode d’évaluation, des réunions répétées et une évaluation parfois aléatoire ou opaque.
– Une circulaire tente de déposséder les enseignants de cette évaluation déjà problématique.
Imposition de classes “sans notes” versus liberté pédagogique.
L’expérience montre que dans les établissements où les enseignants résistent collectivement, ce type de projet est rapidement abandonné par les chefs d’établissement. Certains imposent une double évaluation tout au long de l’année pour “préparer” l’évaluation des bilans de fin de cycle; ce fonctionnement n’est pas réglementaire. Une fois la charge de travail doublée, les enseignants acceptent plus facilement de glisser dans un système unique d’évaluation “sans notes” afin d’éviter de travailler en “double tâche”.
– Classes “sans notes” : ce n’est pas obligatoire
– Évaluation : ne rien se laisser imposer
– Rappel : un point sur l’évaluation des élèves en collège en janvier 2017- résultats d’enquête
10. AP et EPI
– Le SNES-FSU rappelle qu’ aucun texte réglementaire n’oblige à faire apparaître EPI et/ou AP dans l’emploi du temps. Ils font partie intégrante de nos enseignements disciplinaires et leur contenu dépendent des programmes.
– AP et EPI : où en est-on?
– AP et EPI : prenons la main!
11. Les enseignements facultatifs
Liste des enseignements facultatifs au collège
Si le ministère annonce dans son dossier de presse de rentrée qe 90% offre un enseignement facultatif de langues et cultures de l’antiquité, il est à noté que dans 60% des collèges, cet enseignement n’excède par 5heures hebdomadaire sur le cycle 4 alors que les textes permettraient d’en offrir 7 heures. L’absence de dotation spécifique fléchée et le fait de devoir utiliser la marge horaire pour les financer explique ce phénomène.
12. Troisième “prépa-métiers”
La transformation de la Troisième « prépa – pro » en Troisième « prépa -métiers » est régressive et vise à aiguiller les élèves vers un apprentissage dont les méfaits pour cette tranche d’âge sont bien connus. Le SNES-FSU dénonce ce nouveau détricotage du collège pour toutes et tous et demande les moyens nécessaire pour faire réussir les élèves.
Troisième “prépa-métiers”, en marche vers l’apprentissage : un changement de paradigme
Troisième « prépa-métiers » : la grille horaire
Troisième « prépa-métiers » : une classe virtuelle tournée vers l’apprentissage
13.Devoirs faits: où en est-on?
D’après le ministère: 28% d’élèves participent à Devoirs faits donc 755 000 élèves dont plus de 40% des collégiens de REP+ (60 000).
En éducation prioritaire, il préexistait un dispositif appelé « aide aux devoirs » d’où la proportion plus importante d’élèves impliqués.
Dans certains collèges, on peut participer à Devoirs faits « à la carte » donc ces chiffres concernent-t-ils une participation régulière des élèves ?
Le ministère a réduit ses ambitions. A l’origine, Devoirs faits devait être un dispositif de 4 heures par semaines. Aujourd’hui le ministère évoque une fréquentation de DF par les élèves de 2 heures hebdomadaire en moyenne. Il faut dire que les contraintes sur les emplois du temps sont considérables (horaires des transports scolaires, manque de salle et de créneaux horaires, Devoirs faits est souvent organisé pendant les temps de permanence)
Pour approfondir le sujet:
vademecum Devoirs faits
Pourquoi “Devoirs faits” n’est peut-être pas la solution ?
14.Des repères annuels à appliquer en français et mathématiques
A partir de la rentrée 2019, des repères annuels de progressions sont à mettre en œuvre en français et mathématiques->art34385