La semaine du 11 au 17 décembre a été emblématique de la méthode Attal : de la communication pour distraire l’opinion publique et capter l’attention de la frange conservatrice de l’électorat, et pendant ce temps, les personnels vivent un quotidien toujours plus dégradé et, en toile de fond, le ministre avance ses pions pour mener, au pas de charge, des réformes structurelles qui contribuent à affaiblir toujours plus l’ambition d’une Ecole émancipatrice avec des personnels d’un haut niveau de qualification.
La diversion
Lundi matin, la presse se fait l’écho de l’expérimentation à venir sur le port de l’uniforme. Les établissements et collectivités intéressés pourront se lancer dès septembre 2024, voire même dès le printemps prochain. 5 pulls, 5 polos, 2 pantalons, tout semble prêt pour des collectivités visiblement prêtes à mettre la main à la poche sur la base de 100 euros par élève. Les mêmes qui rechignent à abonder les dotations de fonctionnement des établissements ? Les mêmes qui, sans sourciller, voient des établissements obligés de mettre en route le chauffage plus tard dans l’hiver ? Quant au ministère, quand on lit ce qu’est le quotidien des personnels et des élèves, on voit tout de suite quel est le sens des priorités….
Le quotidien des personnels
Cette semaine a été le concentré de tous les maux de l’Education nationale : à Issou (Yvelines), il a fallu la médiatisation d’un fait qui a déclenché le droit de retrait des personnels pour que l’institution, de la DSDEN au ministre se penche sur le cas de ce collège. Et pourtant, c’est surtout la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, les personnels alertant depuis des semaines sur le manque de moyens, notamment en vie scolaire pour gérer un climat scolaire très dégradé.
Ailleurs, ce sont des élèves qui prennent la plume pour alerter : ils n’ont pas de professeur de français depuis un mois et demi, faute de remplaçants. Et cette situation se répète dans plusieurs académies, confirmant le constat du SNES-FSU à la rentrée, il n’y a pas un professeur devant chaque classe à la rentrée !
Des collèges sont en lutte pour dénoncer des classes surchargées dans le 93.
L’émotion est grande à Rennes quand une professeure se fait agresser au couteau dans l’enceinte du collège : le profil psychologique de la jeune fille et ses antécédents confirment que l’Education nationale est bien un immense désert médical et infirmier tant le suivi de cette élève a été défaillant, faute de moyens.
En Gironde ou dans l’académie de Créteil, les personnels et les élèves expérimentent un quotidien où il pleut à l’intérieur du bâtiment, quand certains plafond ne sont pas en train de s’effondrer…
Il faut y ajouter la mobilisation pour sauver la voie pro, pour défendre les CPGE, pour l’Education prioritaire, la lettre d’alerte au ministre sur Parents Vigilants toujours sans réponse…tout montre que le service public est au bord du gouffre et que les personnels, qui tiennent à bout de bras l’Education nationale, craquent. Mais Gabriel Attal préfère parler de l’uniforme ou avancer, au pas de charge, sur des réformes qui ne répondent pas aux problèmes que rencontrent les personnels.
Le fil complet
Une politique cohérente et dangereuse
Choc de savoirs
Derrière l’effet des annonces le jour des résultats PISA pour la France, le projet du ministre de l’Éducation nationale, dans les pas de Jean-Michel Blanquer et dans la ligne politique d’Emmanuel Macron, est celui de l’exclusion d’une partie de la jeunesse. Groupes de niveau, DNB érigé en barrage ne permettant pas à l’ensemble des élèves d’accéder à une des trois voies du lycée… C’est bien l’École de l’assignation sociale qui se dessine.
Le communiqué du SNES-FSU : le tri social en marche
Les analyses du SNES-FSU : choc des savoirs, le choc des annonces, le poids du réel
Formation des enseignant-es
Le ministre a présenté un scénario privilégié sur la base d’un concours à bac+3. L’inculcation de « bonnes pratiques » prendrait le pas sur une formation initiale universitaire ancrée dans la recherche sur les savoirs et les pratiques. Pour le SNES-FSU, ce serait un recul dans la garantie de la maîtrise disciplinaire que doit conférer un concours qui n’est pas passé que par des étudiant.es. Elle est pourtant essentielle pour l’exercice de nos métiers en collège et lycée car déterminante pour faire entrer les élèves dans les apprentissages et les aider à surmonter leurs difficultés. Le risque d’un éclatement du Second degré est réel avec la volonté du gouvernement de déqualifier nos métiers tout en mettant au pas les personnels du second degré.
Le SNES-FSU conteste le projet ministériel et revendique le concours en Master 2 avec des pré-recrutements dès la licence.
Carrière : accès à la classe exceptionnelle
Le ministre impose un système opaque et arbitraire dans lequel aucune contestation n’est possible. Les collègues qui ne sont pas dans les petits papiers de leur chef d’établissement et de leur IPR n’auront aucune perspective de promotion. Pour certain·es, cela signifie rester bloqué·es au dernier échelon de la hors-classe jusqu’à la retraite.
Et pendant ce temps, le ministre qui claironne « Je n’ai aucun tabou » ne parle plus de salaire et d’effectifs dans les classes !
Pour le SNES-FSU, l’ensemble des annonces font système : une sélection progressive de la Sixième jusqu’à l’accès à l’enseignement supérieur, un renoncement à l’élévation des qualifications de toute la jeunesse et des personnels caporalisés.
Rendez-vous en janvier !
L’exigence, la nôtre, est celle-ci : tirer vers le haut notre société sur la voie du progrès social. C’est évidemment à l’opposé de la pseudo exigence d’un ministre de l’Éducation nationale plus occupé à se construire une stature politique que de vraiment répondre aux attentes des personnels en matière de salaires et de conditions de travail…
Ni liste au Père Noël, ni bonnes résolutions pas tenues, la feuille de route du SNES-FSU est connue. Avec la FSU, le SNES s’engage dès maintenant dans la préparation des luttes de janvier pour gagner sur nos conditions de travail, nos salaires et nos pensions : campagnes d’heures d’informations syndicales, stages, actions locales contre des DGH rabougries, grève pour nos salaires et nos métiers…Rendez-vous en janvier pour les luttes et… les victoires !