Un projet de décret imposerait dès la rentrée prochaine à tous les élèves de BTS de passer une certification en anglais délivrée par un organisme extérieur. En l’état, c’est Cambridge qui obtiendrait le marché.
Le passage de cette certification sera obligatoire, y compris quand le référentiel n’oblige pas à choisir l’anglais comme langue vivante, mais peu importe le résultat : l’obtention ou non de la certification n’aura aucun effet sur l’obtention du diplôme, seul le fait de passer l’examen compte !
Comme la scolarité au lycée est gratuite, le ministère va demander aux établissements de financer ce passage de certification pour tous les candidats au BTS.
Money, money, money…
Un nouveau cadre avait déjà été mis en place à la rentrée 2018 pour l’organisation des certifications en langues vivantes. Il consistait essentiellement à généraliser la certification Cambridge à certains BTS tertiaires et déplaçait l’examen en Terminale pour les sections Euro anglais. Le ministère affiche cela comme une étape dans la promotion de l’apprentissage des langues et plus particulièrement de l’anglais, en lien avec le rapport Taylor et des annonces du Premier ministre en février 2018 à Roubaix : « Parce qu’un quart des emplois sont liés à l’export. Parce que même si on ne travaille pas à̀ l’export, on a toujours besoin de l’anglais dans sa vie. Parce que l’anglais est la “première langue” de la mondialisation et que bien la maîtriser, c’est mieux maîtriser son avenir… à̀ terme, chaque étudiant à la fin de son lycée et au plus tard en fin de licence aura passé un test de type Cambridge, financé par l’État, et qui donnera donc un niveau reconnu partout à l’étranger ».
Le ministère entretient depuis des années les zones d’ombre sur les liens qui le lient à cet organisme privé de certification en langue anglaise. Les partenariats, régulièrement renouvelés depuis 2006, se sont faits sans concertation, l’officine privée réussissant le tour de force de se faire payer doublement, avec une tarification par candidat et l’emploi d’un vivier de correcteurs et d’examinateurs rémunérés par l’Éducation nationale.
Contre cette marchandisation de la certification et plutôt que de financer des instituts privés, le SNES-FSU exige que les enseignants de langues aient les moyens pour que leurs étudiants atteignent les niveaux du CECRL définis dans les référentiels.
Claire Guéville , Thierry Reygades