Souvent, à l’exception de sujets zéro qui ne précisent pas les attendus pour l’évaluation, il n’y a guère de cadrage sur les épreuves.
« En histoire-géographie, on bricole, en fixant un niveau d’exigence selon
nos élèves et nos attendus de profs, puisque nous n’avons rien vu indiquant quel sera le niveau fixé pour le DNB. Du sujet [zéro],on ne peut rien déduire, il laisse la porte ouverte à toutes les interprétations d’attendus pour la correction. »
Réalité de terrain
Dans les matières scientifiques où la situation est inédite, les difficultés s’accumulent: faut-il ou non se conformer à l’épreuve du DNB
et choisir deux matières parmi les trois ? À cela s’ajoute la réalité de progressions, élaborées dans le tâtonnement des nouvelles logiques curriculaires, qui se évèlent incompatibles au moment de préparer le sujet. En outre, des chefs d’établissement zélés tentent parfois d’obliger les collègues des trois disciplines à rédiger une épreuve commune dans les conditions de l’examen, avec un thème commun, sans souci de pertinence pédagogique sur le fond.
« Oui, nous avons des difficultés à élaborer un sujet blanc. Vu la complexité pour écrire un sujet rien qu’en physique, on a décidé de faire chacun dans notre coin, étant donné qu’on ne trouve pas de sujets convenant pour les trois disciplines. Donc, pas de tension entre collègues, mais beaucoup de désarroi lié entre autres à des incongruités du programme comme les “Réactions acido-basiques”. On ne sait pas ce qu’on attend des élèves sur des pans entiers du programme donc il y a forcément des difficultés à créer des sujets. »
« Quand il y a plusieurs profs qui ont cours simultanément et qu’il faut du matériel de TP pour les deux, il ne faut pas traiter les mêmes points du programme sur la même période sinon l’un a le matériel dont l’autre a besoin. Donc faire des sujets communs en cours d’année est complexe ! »
Dans le meilleur des cas, quelques ressources académiques existent, mais c’est loin d’être la règle. Les collègues qui, par ailleurs, ont été sommés de se plier à des injonctions fortes en matière d’évaluation ou de méthodes pédagogiques, se trouvent démunis pour élaborer les sujets. Il leur revient ainsi, en bout de chaîne, de résoudre les contradictions d’une réforme pensée en déconnexion totale des
réalités du terrain. Le travail en commun,loin d’être facilité, s’en trouve finalement mis à mal.
Alice Cardoso