Le texte prévoit les modifications suivantes :
– droit pour l’élève qui redouble de se réinscrire dans son établissement d’origine. Jusqu’ici, le redoublement était bien « de droit », mais pas nécessairement dans le même établissement. Si un élève veut redoubler dans un autre lycée, la décision relèvera du DASEN.
– possibilité pour l’élève qui redouble de conserver, pendant 5 ans, les notes supérieures ou égales à 10 qu’il a obtenues lors de sa première tentative. Cette disposition existe déjà dans la voie professionnelle, elle serait désormais généralisée à l’ensemble des voies de formation au lycée.
– possibilité « d’aménagements de parcours » pour les élèves redoublants qui souhaitent conserver certaines notes : ainsi, « le droit à une nouvelle préparation de cet examen dans l’établissement dont il est issu » peut se faire, « le cas échéant, selon des modalités adaptées au niveau des connaissances et compétences qu’il a acquises dans les matières d’enseignement correspondant aux épreuves de l’examen. ». Les explications du MEN sur ce point sont très claires : il s’agit de la possibilité de dispenser les élèves du suivi des cours pour lesquels ils désirent conserver leur note initiale.
Le MEN explique que cette dernière modification, en particulier, vise à lutter contre le décrochage en terminale : d’après lui, de nombreux élèves qui redoublent abandonnent en cours d’année, du fait de la charge de travail et du manque de motivation pour repasser l’ensemble des épreuves, même celles où l’élève a eu une note satisfaisante.
Pour le SNES-FSU, cette justification ne tient pas :
– les élèves qui décrochent en terminale, lors d’un redoublement, sont souvent ceux qui ont dû s’inscrire dans un autre établissement que leur lycée d’origine. Et souvent, ils y ont été contraints par le manque de places disponibles, faute de moyens.
– la possibilité d’être dispensé d’un certain nombre de cours ne peut que fragiliser et distendre le lien entre l’élève et l’établissement, et donc, à l’inverse de l’objectif annoncé, favoriser le décrochage. Ce problème de temps « distendu », de lien « flou » entre l’élève et l’établissement est d’ailleurs une des causes les plus connues de l’abandon d’études dans l’enseignement supérieur universitaire. En outre, on ne peut qu’être inquiet en pensant aux conséquences de ce « lycée à la carte » en terme de désorganisation potentielle des établissements et des classes. Il s’agit d’un pas vers un enseignement conçu non plus comme un ensemble cohérent, un tout visant à préparer l’élève à devenir étudiant, mais bien comme une juxtaposition de modules.
Pour le SNES-FSU, ce décret n’est pas fondé sur des enjeux pédagogiques : il vise surtout à masquer un problème récurrent, et de plus en plus aigu, celui du manque de places disponibles pour accueillir tous les élèves, et notamment les redoublants de terminale, dans les lycées. Depuis plusieurs années déjà, les ministres successifs considèrent que le lycée est « surdoté », et réduisent les moyens qui lui sont affectés. Mais le résultat, c’est que de nombreux élèves ont de graves difficultés pour se réinscrire en terminale après un échec au baccalauréat.
Une fois de plus, le ministère renvoie au local des décisions lourdes en matière d’organisations des enseignements en appelant de ses vœux des adaptations de parcours pour les redoublants sans réel cadrage et moyens en conséquences. En individualisant ainsi le traitement de la difficulté scolaire, il ignore volontairement ce que le collectif peut apporter en terme de formation et d’apprentissage.
Le SNES-FSU, qui n’est pas opposé à la possibilité de conservation des notes, a soutenu et voté un amendement présenté en CSE, qui proposait de combiner la possibilité de conserver ses notes, et l’obligation de suivre tous les cours lors du redoublement. L’élève redoublant aurait alors repassé toutes les épreuves, et l’administration n’aurait conservé que la meilleure des deux notes pour chaque épreuve. Cet amendement, voté à la majorité, n’a pas été repris par le MEN. Face à ce refus de dialogue social, en particulier sur une proposition qui permettait une amélioration du texte, le SNES-FSU a voté contre le projet de décret.