Le programme de campagne du mouvement « En Marche ! » détaille assez peu son projet pour le lycée mais fixe des objectifs précis qui renvoient à des scénarios très aboutis. La nomination du nouveau ministre accrédite encore plus cette vision.

Cette nouvelle organisation du lycée est présentée comme articulée au renforcement de l’autonomie des établissements, au développement de l’innovation et à la promotion de l’apprentissage. Le baccalauréat, qualifié de « totem » dans le discours du candidat Macron, en serait réduit à ponctuer le « continuum bac –3/bac +3 », déjà promu par les gouvernements précédents. « Revoir la forme du baccalauréat (quatre matières obligatoires à l’examen final et le reste au contrôle continu) afin de rendre possible de nouvelles formes d’organisation du temps scolaire et de nouveaux parcours », les propos sont clairs.

Parcours intégrés Lycée/Licence ?

Les think tanks des instituts Terra Nova et Montaigne, ainsi que l’organisme gouvernemental France Stratégie, issu de l’ancien Commissariat général au plan, voient ici repris la plupart de leurs préconisations, parfois mots pour mots. On peut ainsi identifier deux options chacune supposant de profondes transformations de l’architecture du système éducatif.

Il s’agirait pour la première de créer des parcours intégrés entre le lycée et la licence en déterminant l’orientation vers des filières sélectives longues pour les uns, vers des filières professionnelles pour les autres. Les élèves souhaitant poursuivre en licence « libre » dans les formations générales devraient passer un « test de positionnement » durant la Terminale.

La seconde option vise à permettre aux élèves de construire leur parcours à la carte à partir de modules au terme desquels les compétences acquises seraient clairement identifiées.

Un lycée à la carte ?

La question de la création d’un corps enseignant commun aux lycées et au premier cycle universitaire est aussi posée. Dans son rapport de juin 2016, Terra Nova va encore plus loin en détaillant une organisation du cycle terminal en quatre semestres, chacun avec sept « unités d’enseignement », l’unité renvoyant à 4 heures de cours hebdomadaire. La validation des unités est pensée sous la forme de contrôle en cours de formation avec deux épreuves à la fin des semestres 2 et 3, le dernier étant réservé à des travaux interdisciplinaires.

Sous couvert de modernité, on retrouve peu ou prou le triptyque « semestrialisation, modules, contrôle continu », en partie envisagé (pour être abandonné) par la réforme Darcos de 2009. En l’état, ces projets consommeraient la rupture entre collège et lycée, pour institutionnaliser la sélection à l’entrée des universités et même dès le lycée. Ils sacrifieraient l’ambition d’une culture commune émancipatrice sur l’autel de parcours individuels évalués localement.

Claire Guéville


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