Au brevet, un discours de Laurent Fabius aux ambassadeurs de 2012 où il nous explique en quoi la France est une “puissance d’influence”.
Au bac de la série STMG, il est question des nombreuses “interventions humanitaires de la France dans le monde”, d’après le site du ministère des affaires étrangères.
Soit. Le sujet est au programme, dans les deux niveaux, et tout document a son degré de validité en histoire comme en géographie. Mais les questions posées aux candidats sur les deux textes laissent assez rêveur. Ils sont priés de bien relever les éléments montrant que notre pays est une puissance, qu’il intervient à bon escient pour protéger les victimes, aider les réfugiés et que cela est un élément de son influence dans le monde. On cherche vainement une petite question permettant la mise à distance critique que les enseignants d’histoire géographie continuent à travailler avec leurs élèves.
Pendant ce temps, les élèves des séries générales ES et L sont invités à réciter leur cours sur l’Europe depuis 1948 ou la Chine et le monde depuis 1949 (intitulés des compositions strictement identiques à ceux des questions du programme), et à restituer l’un des 7 croquis appris par cœur (le Brésil est à l’honneur).
Viser autre chose que le psittacisme n’est pas facile, certes cela peut sembler parfois ambitieux. Mais pourquoi un tel renoncement de l’institution? Les sujets d’examens ne valident pas cet effort constant de la profession d’apprendre aux élèves que l’histoire éveille au discernement ( Seignobos rappelait que la fonction de l’histoire était de suggérer le mythe derrière tout discours).
L’accent mis, tant en fin de collège qu’en fin d’études secondaires, sur la simple restitution de connaissance se confirme ainsi cette année encore. Cette tendance va à l’encontre de ce que la discipline peut apporter en matière de réflexion pour les élèves et d’apprentissage du fameux esprit critique. Il est urgent de repenser les épreuves d’examen!