La première session des E3C se déroule dans la plus grande confusion. Depuis plusieurs mois, le SNES-FSU a alerté sur l’état d’impréparation mais aussi sur les problèmes de fond posés par ces nouvelles épreuves de bac. Une très large intersyndicale, dépassant les clivages sur l’appréciation de la réforme, a demandé au Ministre de renoncer à cette session.
Après 15 jours d’épreuves, le bilan est clair, le bac Blanquer est recalé, tant cette session est marquée par les dysfonctionnements mais aussi par de graves tensions en raison de l’obstination politique à vouloir tenir ces E3C. Aujourd’hui, plus que jamais, la sagesse et la responsabilité imposent d’annuler cette session et de revenir à des épreuves nationales, terminales et anonymes, gage d’une forme d’égalité devant l’examen des élèves. Déterminés à défendre un bac national, de nombreux personnels d’enseignement et d’éducation se sont mobilisés ces derniers jours Communiqué du SNES-FSU : qui veut encore des E3C ? en faisant grève des surveillances ou en informant les parents d’élèves des raisons de leur mobilisation.
La Bacatastrophe
Du fait du renvoi au local de l’organisation des épreuves, les conditions de passation des épreuves ont été très différentes selon les lycées : dans plusieurs établissements, les élèves n’étaient pas en configuration examen (un par table, deux surveillants par salle), contrairement à d’autres lycées, entraînant de fait une inéquité de traitement, des possibilités de triche etc.
Comme cela était prévisible, dès les premières heures, les sujets sur lesquels avaient composé les premiers élèves ont été diffusés sur les réseaux sociaux, reconstituant une forme de banque nationale de sujets publique. Sur certains sites internet, des corrigés sont même déjà proposés ! Les élèves qui passeront dans les prochains jours seront donc avantagés par rapport à ceux qui sont passés en premier, entraînant de fait une grave rupture d’égalité.
Les conditions de passation de l’épreuve orale de langue vivante ont aussi été marquées par de nombreux problèmes (conditions de diffusion et d’écoute différentes d’une classe à l’autre par exemple)
Le Ministère tente de faire passer à tout prix ces épreuves, faisant parfois surveiller les épreuves par des retraités, faisant pression sur les personnels administratifs ou précaires (AED, AESH).
Violences et intimidations
Depuis quelques jours, les pressions, menaces se multiplient contre les élèves et les enseignants. A Toulouse et Marseille, les courriers des Recteurs menaçant les personnels ont suscité une vive indignation dans la communauté éducative. Les incidents sont nombreux :
– des élèves brutalisés par des forces de l’ordre aux abords de leur lycée
– des élèves de Première qui se retrouvent séquestrés dans leur établissement sous cadenas à composer sous la contrainte
– des épreuves se tenant sous la garde de policiers ou des équipes mobiles de sécurité des Rectorats
– des professeurs qui trouvent les entrées cadenassées de l’intérieur
– des élèves qui sont incités à dénoncer leurs camarades les plus vindicatifs
– des élèves menacés d’un zéro pour avoir participé à la mobilisation et n’avoir pas composé, avec parfois la circonstance “aggravante” de s’être abonné à un compte instagram “suspect”
– des élèves qui composent alors que les forces de l’ordre patrouillent devant le lycée.
Sortir de la crise
Ces intimidations et violences contre les élèves et les professeurs sont inadmissibles. Certes, les épreuves se tiennent. Mais à quel prix ? La stratégie du pourrissement ne peut être la réponse aux inquiétudes et mobilisations de la communauté éducative. Il y a urgence à sortir de l’impasse. Communiqué du SNES-FSU
Dans l’immédiat, une première solution s’impose : annuler cette session et revenir à des épreuves nationales, terminales et anonymes. C’est une solution de sagesse et de responsabilité, nécessaire car dans l’intérêt de tous.
Voir aussi le bilan après deux jours d’épreuves J+2 : qui veut encore des E3C ?