Dans à peine trois mois doit théoriquement s’ouvrir la session 2021 du premier bac Blanquer.

À ce jour, les remontées locales témoignent d’une situation d’impréparation totale. Organisées localement, les épreuves communes de contrôle continu (E3C) pourront avoir des modalités de mise en œuvre aussi variées qu’il existe d’établissements. Quel calendrier et quelles modalités pour les commissions académiques d’harmonisation ? Quelles modalités de choix des sujets dans la banque nationale ? Quelles modalités pour les corrections dématérialisées ? Quelle indemnisation pour les correcteurs ? Le ministère comme les rectorats sont à ce jour incapables de répondre clairement à ces questions.

E3C, objet d’évaluation non identifié

L’année dernière, le ministère présentait ces épreuves communes comme plus justes, car standardisées au niveau national sur le modèle de la banque de sujets des épreuves de compétences expérimentales (ECE en S et STL) ou des concours de recrutement des enseignants. On apprenait ainsi qu’il y aurait « plusieurs centaines de sujets » susceptibles de tomber le jour de l’évaluation et que la conception même de l’évaluation certificative changeait car si, « aujourd’hui, les enseignants font remonter les sujets dans le cadre des directions des examens et concours des rectorats, demain, avec une banque de sujets, on aura une forme d’industrialisation de la conception des sujets au niveau de l’administration centrale » (DGESCO, Les Echos, juin 2017).

Qu’en est-il aujourd’hui ? La banque nationale de sujets est vide. L’actuel directeur général de l’enseignement scolaire s’est même adressé directement aux « contributeurs » potentiels le 9 septembre dernier pour les enjoindre à contacter leurs inspecteurs et à envoyer les propositions de sujets. Le ministère a confirmé que cette Banque nationale de sujets (BNS) ne sera accessible qu’aux chefs d’établissement et pas avant novembre. En clair, les enseignants d’histoire-géographie, de langues vivantes et de maths (seulement dans la voie technologique) sont donc sommés de préparer les élèves de Première à des épreuves de bac organisées au cours du second trimestre alors que les conditions de passage, comme les attendus, sont inconnus de tous, les sujets zéro récemment publiés étant d’une indigence remarquable.

L’impossible égalité de traitement

Il y a trois sessions d’E3C sur le cycle terminal dont la moyenne des notes est affectée d’un coefficient 30 (sur 100), dont l’organisation est confiée aux établissements sans cadre réglementaire particulier. Seule la date des commissions académiques d’harmonisation viendra contraindre le calendrier. Pour le ministère, « l’organisation de ces épreuves se fait, dans la mesure du possible, dans le cadre des emplois du temps normaux des élèves. Il est conseillé d’éviter la banalisation d’un ou plusieurs jours pour l’organisation des épreuves » (note de service du 23 juillet 2019). L’épreuve est donc qualifiée de « commune » mais le sujet unique pour tous les élèves est impossible dans la configuration conseillée.

Sortir du piège

La bureaucratisation accrue du dispositif serait-elle donc le gage de l’égalité de traitement ? Qualifier d’anonymisation le protocole d’échange local de copies relève de l’escroquerie. Quelle que soit la configuration choisie, variable d’un lycée à l’autre, cela ne peut créer les conditions suffisantes de neutralité pour tendre vers une égalité de traitement entre les candidats. Aucune banque de sujets, si bien faite soit-elle, ne pourra compenser le poids de l’arbitraire, engendré par le principe de l’organisation locale de l’examen. Dans l’immédiat, le SNES-FSU demande donc la suppression de la première session de ces épreuves communes, et la transformation de toutes les épreuves de baccalauréat du troisième trimestre de Première en épreuves nationales. Il refuse la logique du « teach to test » et réclame une organisation des épreuves qui laisse aux élèves le temps nécessaire à la maîtrise des enseignements.

Claire Guéville


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