Jusqu’à maintenant hostile à toute mise en cause de la réforme du bac, le président de la République a donc fini par admettre, a minima, la nécessité d’interroger le calendrier et les modalités des épreuves. Il a cédé après des mois de mobilisations de la profession, lui qui, en juillet dernier disait encore vouloir un nouveau ministre de l’Education nationale pour prolonger le “formidable bilan” du ministre Blanquer.
Un bilan indéfendable
Il faut dire que le constat est accablant: classes désertées après les épreuves de spécialité, élèves démobilisés, professeurs déboussolés par une nouvelle perte de sens de leur métier. La situation actuelle est le produit des réformes du système éducatif voulues par l’actuel président et mises en pratique par ses ministres successifs. Fallait-il aménager, une fois de plus, le bac pour maintenir des épreuves en mars et sauver des réformes qui ont fait la preuve de leur nocivité ? Jusqu’au bout, le ministère a été tenté de le croire en cherchant par tous les moyens, de contraindre les élèves à l’assiduité, et de susciter la motivation au troisième trimestre. La raison l’a emporté et le report des épreuves de spécialité en juin constitue une étape essentielle dans le détricotage de réformes qui ont gravement nui au métier enseignant et à la qualité de la formation des jeunes et à leur préparation aux études supérieures.
De nouvelles modalités dès la session 2024
Le report des épreuves de spécialité en juin, le Grand oral recentré sur les contenus disciplinaires (la troisième partie sur le projet d’orientation est supprimé au profit de l’interrogation sur les éléments de programme) et la diminution du nombre de textes à présenter pour l’épreuve anticipée de français, de 20 à 16, constituent l’essentiel des annonces ministérielles. des précisions seront apportées dans les tout prochains jours sur le détail du calendrier des épreuves , leurs nouvelles modalités et le périmètre des programmes.
Pour le SNES-FSU, il s’agit de mesures nécessaires et attendues qui s’imposaient mais elles ne suffiront pas à désamorcer l’ensemble des dysfonctionnements de l’organisation actuelle du bac et du lycée. Il faut dès maintenant des allègements de programme et revoir encore les modalités du Grand oral, notamment le principe de naïveté des jurys et l’interdiction du support de présentation des questions.
La lutte pour un autre lycée doit continuer !
Pour le SNES-FSU, l’accès aux filières sélectives de l’enseignement supérieur peut se faire sur des dossiers ne comportant que les moyennes annuelles, comme c’était le cas les années précédentes, à la condition que ce soit le résultat d’évaluations « pilotées» par des épreuves terminales, nationales et anonymes, seules gage d’un même niveau d’exigence et garantie d’égalité de traitement. Le contrôle continu, le tri sur la base de la réputation du lycée d’origine et des compétences extra-scolaires, comme le principe même de la sélection pour l’accès à l’université organisé par Parcoursup, doivent disparaître.
A terme, c’est l’ensemble des réformes des lycées, du bac et de l’accès à l’enseignement supérieures qui devront être revues. Rarement les jeunes n’ont été aussi mal préparés à des poursuites d’études. il est plus que temps de mettre fin au gâchis et de revoir l’organisation des enseignements afin de redonner au bac ses dimensions de premier grade universitaire et de diplôme national.