Diplôme du baccalauréat

Dans la presse, le ministre se félicite du déroulement des épreuves de spécialités qui avaient lieu, pour la première fois en mars, depuis la mise en oeuvre de la réforme du bac voulue par son prédécesseur Blanquer en 2019. A ceux qui lui reprochent les inégalités que créent des sujets différents pour une même épreuve, il rétorque que l’harmonisation ” permet de corriger les écarts s’ils sont constatés”. Mais de quoi s’agit-il donc? L’année dernière, les correcteurs avaient découvert, médusés, que les notes de copies de spécialités qu’ils avaient enregistrées, avaient été massivement modifiées, la plupart du temps remontées jusqu’à plusieurs points, à leur insu. Aux dires mêmes du ministère, jusqu’à 20 % des notes auraient été modifiées de cette manière. la plupart du temps, les rectorats n’ont même pas été en mesure de communiquer les procès-verbaux de ces réunions formés pour la circonstance au mépris des textes en vigueur.

Quelles sont les règles en vigueur?

Le code de l’éducation prévoit bien, à l’Article D334-4-1, une harmonisation des notes, mais cela ne concerne que le contrôle continu : « Une commission d’harmonisation des notes de contrôle continu est mise en place dans chaque académie, en Polynésie française et en Nouvelle-Calédonie. Cette commission prend connaissance des notes des évaluations ponctuelles et des notes figurant dans les livrets scolaires des candidats, s’assure qu’il n’existe pas de discordance manifeste entre ces notes et procède si nécessaire à leur harmonisation. (…). » Il est donc plus que délicat, sur la base de cet article, de considérer comme réglementairement fondées des pratiques d’harmonisation en masse portant sur des épreuves terminales.

Pour les épreuves terminales et nationales que sont les épreuves de spécialités, il faudrait se référer à la dernière circulaire sur les modalités du baccalauréat qui remonte au 3 avril 2012.

Les commissions d’harmonisation sont décrites dans cette ultime circulaire comme un travail pédagogique et surtout associant systématiquement le correcteur puisque cela a lieu avant la fin des corrections:

“Commission d’harmonisation des épreuves écrites des baccalauréats général et technologique
La réunion d’harmonisation complète la réunion d’entente. Elle permet :
– la comparaison des résultats (moyennes et répartitions des notes entre correcteurs et par sujet, etc.) ;
– une nouvelle lecture de telle ou telle copie ou type de copie ;
– la recherche des causes objectives susceptibles d’expliquer les écarts de notes importants ;
– la révision éventuelle de certaines notes après discussion.
Elle doit avoir lieu en fin de correction mais de façon à permettre encore d’ultimes modifications ; elle se tient à une date et une heure qui laissent aux correcteurs le temps d’avoir pris connaissance d’un certain nombre de copies et selon les modalités fixées par le recteur. Comme pour les réunions d’entente, le recours à un fonctionnement dématérialisé doit faciliter autant que possible sa mise en place au niveau approprié.”

Alors que fait désormais le ministère?

Il ordonne finalement un ajustement statistique des notes en amont des jurys dont les prérogatives sont confisquées. Ce n’est ni équitable pour les candidats, ni respectueux du travail des correcteurs, ni conforme aux textes cadrant des épreuves du baccalauréat.

Harmoniser n’est pas cliquer !

Les SNES-FSU, Sui-FSU et SNEP-FSU dénoncent des pratiques qui disqualifient le travail des correcteurs et les missions des jurys d’examen.

Au lendemain des épreuves de spécialité, aux élèves et parents d’élèves qui s’émeuvent des incidents relatifs au déroulement de certaines épreuves ou de l’évidente différence de difficulté, pour une même matière, entre les sujets du premier et du second jour, le ministère répond « qu’au pire » les harmonisations viendront compenser les éventuels écarts de résultats constatés. A la nécessité de l’égalité de traitement des candidat-es au bac devraient donc répondre ces « harmonisations de masse » qui avaient tant fait polémique l’année dernière. 

Certes, pour cette année, ces « harmonisations de masse » changent vaguement de format, devenant « tripartites ». Pour chaque discipline, elles rassembleront, dans chaque académie, deux IA-IPR, deux « coordonnateurs » et deux « correcteurs ».  Ce changement n’est que purement cosmétique et ne répond à aucune des alertes que le SNES-FSU et le SUI-FSU avaient formulées l’année dernière.

En effet, la présence de quelques professeurs désignés par l’inspection ne réglera pas les problèmes liés à l’opacité de la démarche et surtout, ne conduira pas à en remettre en cause la logique de fond.

Comme le SNES-FSU, le SNEP-FSU et le SUI-FSU l’avaient déjà dénoncé, ces « harmonisations de masse » effacent le principe de la souveraineté du jury. Elles disqualifient le travail à la fois pédagogique et collégial d’harmonisation des notes au profit d’une opération purement statistique, pour masquer de manière globale les iniquités introduites par la nouvelle organisation du bac elle-même.

Le jury souverain constituait avant la réforme un cadre dont les membres décidaient en commun et où les notes pouvaient être éventuellement revues après consultations des copies et du dossier scolaire de l’élève. A l’inverse, aujourd’hui, en cas d’écart significatif de moyenne, pour un même enseignement de spécialité, entre le jour 1 et le jour 2, des ajustements massifs vont être réalisés sur des milliers de copies, en un seul clic, et sans un regard, évidemment, pour les situations individuelles de chaque élève.

Dans ces conditions, on le voit, la nouvelle composition tripartite des commissions d’harmonisation change peu de chose puisqu’en réalité ce n’est pas d’harmonisation qu’il s’agit, mais simplement d’une péréquation, réalisée mécaniquement en fonction de consignes administratives.

Au regard de cette procédure, jamais discutée ni cadrée de façon officielle, il n’est nul besoin de déranger les IA-IPR et les professeurs des différentes disciplines : ce type de péréquation est en réalité parfaitement réalisable par un-e gestionnaire de n’importe quelle DEC (ou du SIEC) seul-e dans son bureau !

Les IA-IPR et les professeurs ne peuvent en aucun cas se satisfaire de cette situation, ni du fait que leurs alertes de l’année dernière soient restées sans réelle suite.

Le SNES-FSU, le SNEP-FSU et le SUI-FSU continuent, conjointement, de demander le retour à un sujet unique… et des épreuves nationales, terminales et anonymes au mois de juin !


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