Comment recréer de l’égalité de traitement alors que l’architecture du lycée et du bac version Blanquer érige l’inégalité en principe de fonctionnement ? Les notes des épreuves sont trop disparates entre spécialités? Entre celles des Jours 1 et 2 d’une même spécialité ? Qu’à cela ne tienne ! Le Ministère a enjoint les inspecteurs de faire converger les moyennes lors des commissions d’harmonisation qui cette année ont siégé en formation tellement restreinte que les correcteurs en ont été quasi totalement évincés. Et quand certains demandent communication des procès-verbaux, le recteur peut rétorquer sans vergogne comme à Lyon, que c’est secret !
A la faveur de la généralisation de la numérisation des corrections, l’institution dépossède les enseignants de tout un pan de leur métier. Comme le signalent les inspecteurs du SUI-FSU, ce n’est pas parce que la technique rend possible l’harmonisation de masse, à coup de clics, que c’est légitime. Le SNES FSU a immédiatement dénoncé les manipulations des notes des épreuves de spécialité dans un communiqué le 14 juin dernier.
Les règles existent, le ministère doit les respecter!
Les réunions d’entente, les commissions d’harmonisation et les jurys d’examens sont régis par un ensemble de textes qui en fixe les règles. La circulaire du 3 avril 2012 fait ainsi le point sur le cadre réglementaire de l’organisation du bac. Elle renvoie à la note de service du 9 mai 1995, en partie modifiée par celles du 19 avril et du 30 mai 2001, qui toutes précisent la configuration de la commission d’harmonisation.
La formulation est à cet égard sans équivoque : “Ces commissions d’harmonisation sont organisées à la fin de la période de correction et à l’issue des épreuves orales ; leur organisation relève de la responsabilité du recteur d’académie. Ces commissions travailleront à partir de l’édition des notes saisies préalablement par chaque correcteur et examinateur membre des commissions, ou bien à partir d’autres documents (fiches ou grilles de répartition des notes) renseignés par les correcteurs et les examinateurs, de façon à permettre la comparaison des résultats. À l’issue des travaux, les éventuelles modifications de notes seront apportées par les correcteurs et les examinateurs.”
Les commissions d’harmonisation sont conçues pour constituer un cadre d’échange. Elles ne remplacent pas les jurys. En tout état de cause, tout collègue dispose du droit absolu de conserver les notes qu’il a attribuées, aucune pression ne peut les lui faire modifier s’il n’est pas lui-même convaincu de le faire. Encore faut-il que les modifications opérées soient discutées avec lui !
On voit bien ici comment l’harmonisation du contrôle continu inaugurée à la faveur des contraintes sanitaires liées au Covid, a pu servir de modèle à un “process” qui s’est appliqué, sans aucune discussion préalable, aux épreuves nationales de spécialité, et ce au mépris des règles établies.
Très clairement, rien n’autorise les commissions d’harmonisation version 2022 à se substituer ainsi à des jurys dont les missions deviennent alors, de fait caduques . C’est pourquoi le SNES FSU appelle les collègues convoqués en jury à veiller au respect des procédures. Et comme le rappelle la proposition de motion à lire avant le début des délibérations en jurys, c’est seulement dans le respect des règles que le jury peut statuer.