Au SNUEP-FSU, nous avons fait de nombreuses propositions pour anticiper les évolutions possibles de la situation sanitaire : diminuer le nombre d’épreuves écrites, par exemple, pour limiter le brassage d’élèves et pour éviter de mobiliser des professeurs, car, en lycée professionnel, les corrections se déroulent sur site durant un ou deux jours. Pour les épreuves non retenues pour l’examen, nous recommandions de prendre en compte les notes du contrôle continu.
Nous avons aussi demandé de diminuer le nombre de CCF (Contrôle en cours de formation qui font l’objet d’examens et n’entrent pas dans le contrôle continu), afin que, malgré les situations de demi-jauges très diverses selon les établissements, les élèves ne soient pas désavantagés. Pour l’organisation en demi-groupes et en demi-jauges, il n’y a eu de cadrage national que très récemment avec les deux semaines de distanciel qui ont encadré les vacances et les demi-jauges qui ont suivi. Les établissements ont donc procédé à des adaptations locales. Certains n’ont rien changé à leurs habitudes et ont continué à enseigner pour les classes de Terminale en groupe entier, d’autres ont mis en place les demi-jauges pour tous les niveaux. L’inégalité de traitement est flagrante.
Arbitraires arbitrages
Le ministre n’a tenu aucun compte de nos propositions. Les arbitrages proposés étaient complètement déconnectés de toute réalité. C’est le signe d’une grande méconnaissance et d’un grand mépris pour le LP.
Les annonces faites par courriel jeudi 6 mai étaient tout sauf précises : quid de l’épreuve ponctuelle terminale professionnelle qui se déroule soit en atelier, soit à l’écrit ? On a aussi appris qu’il serait tenu compte des CCF déjà évalués mais que les CCF restants ne feraient pas l’objet d’un examen. Dans certaines filières, cela n’est pas sans poser problème ; certains CCF qui constituent le cœur d’un métier ne seront pas du tout évalués. Pour ne prendre que l’exemple de l’esthétique, les CCF de vente ont été certifiés, pas ceux de soins et maquillage. Quelle valeur peut ainsi avoir le diplôme ? Nous demandons toujours un desserrement du calendrier, afin d’obtenir un délai pour la remontée des notes des CCF prévue le 31 mai.
Pour les enseignements généraux, il a été décidé de neutraliser deux des quatre disciplines évaluées. Cela signifie que les élèves passent toutes les épreuves mais ne sont conservées que les deux dont les notes sont les meilleures, au mépris des coefficients, qui, bien évidemment, varient selon les épreuves. Certaines disciplines d’enseignement général disparaissent ainsi complètement de la certification.
Les annonces du lundi 10 mai, issues d’une réunion obtenue de haute lutte, n’apportent pas davantage de clarté. La Dgesco (direction générale de l’enseignement scolaire) est censée éclaircir ces « aménagements » avec une FAQ. Ces échanges, qui sont moins des concertations que des points d’information, sont totalement improvisés et les décisions prises ne facilitent en rien le travail et les révisions des élèves, qui, pour certains, sont bien éloignés des réalités scolaires. On a le sentiment que, parce que des aménagements ont été consentis pour le Bac général, il fallait aussi s’occuper du Bac pro. Les équipes du MEN n’ont clairement pas été mobilisées sur le LP. La voie professionnelle fait encore l’objet d’une relégation qui n’est que trop évidente. Le ministre a beau jeu de parler de « voie d’excellence », quand il démontre qu’il n’en a cure.
Stages et Chef-d’œuvre en péril
Selon les filières, et compte tenu du contexte sanitaire, il n’y a parfois eu aucune possibilité que les stages aient lieu, dans l’hôtellerie restauration ou l’aéronautique, par exemple. L’inégalité d’accès aux stages est un vrai facteur discriminant. Ce qui ressort de tout cela, c’est un manque d’anticipation criant. Il a fallu batailler âprement pour faire baisser le nombre de stages obligatoires pour l’obtention du diplôme et le décret n’a été publié qu’en mars 2021.
Pour le CAP, le maintien de l’oral du chef-d’œuvre est incompréhensible. Ce dispositif, récent, va être certifié pour la première fois cette année en CAP. Les modalités nous ont été transmises en fin d’année dernière. La moitié de l’évaluation se fait en contrôle continu, l’autre moitié fera l’objet d’un oral. Ce chef-d’œuvre n’a aucune réalité pour le tertiaire. Les conditions sanitaires n’ont en rien permis de préparer avec rigueur et régularité cet oral. Les élèves en grande difficulté scolaire ont besoin de la présence de leurs professeurs. Ils appréhendent beaucoup les épreuves de l’examen et plus encore les oraux.