Il s’agissait de se prononcer sur deux points : le contenus des programmes, et les conditions de leur mise en œuvre. Il a par ailleurs été annoncé des documents d’accompagnement pour mai-juin, et, en application de la charte des programmes, un bilan et des ajustements éventuels après trois ans de fonctionnement sur le terrain.
La nouvelle méthode de travail proposée par le CSP (Conseil supérieur des programmes), cherchant la production de contenus cohérents dans le cadre du nouveau Socle commun de connaissances, de compétences et de culture, était intéressante. Mais il a manqué quelques mois pour finaliser ces programmes : en vérifier les contenus, travailler les cohérences entre disciplines et au fil de la scolarité, en particulier la liaison avec la classe de Seconde. La présence d’un programme d’histoire des arts redondant avec le référentiel du PEAC (Parcours d’éducation artistique et culturelle), le caractère squelettique du programme d’EMI (Education aux médias et à l’information) auraient mérité débat. La précipitation dans laquelle le CSP, puis le CSE ont été contraint de travailler suite au calendrier intenable du ministère a conduit à un ensemble inabouti.
Le SNES a été la seule organisation syndicale à intervenir sur tous les programmes et à déposer des centaines d’amendements dont certains “de rupture” permettant de ne pas ancrer les programmes dans la réforme du collège.
Sur la mise en œuvre
L’amendement du SNES demandant une application progressive, classe de Sixième en septembre 2016, puis montée année par année, a reçu un avis défavorable.
De même celui portant sur la suppression de la mention des EPI (Enseignements pratiques interdisciplinaires de la réforme du collège), qui sont une modalité d’enseignement parmi d’autre et ne sauraient figurer dans les programmes comme seule interdisciplinarité possible (24 pour : FSU, CGT, SNALC ; 32 contre : UNSA FCPE, CFDT ; 8 abstentions : SNPDEN, FO).
. L’ensemble des quatre années du collège est donc sensé se mettre en place à la rentrée 2016, au titre de l’indéboulonnable politique des cycles.
Sur le contenus
Hormis celui d’histoire-géographie, les programmes manquent plus ou moins totalement de repères nationaux annuels. L’amendement du SNES en demandant a été repoussé (13 pour : SNES, SNALC ; 44 contre : UNSA, FCPE, SNUIPP, SGEN, MEDEF, UNEF ; 7 abstentions : CGT FO SUD). La répartition des contenus sera donc locale. Les collègues à cheval sur plusieurs établissements auront probablement autant de progressions différentes à préparer, et les 20 % d’élèves changeant de collège au cours de leur scolarité – en majorité de milieux sociaux défavorisés – devront s’accrocher pour combler les lacunes.
Quant aux contenus… seuls le français et les mathématiques devraient ne pas trop poser de problèmes, si la formation promise pour l’enseignement d’informatique a lieu partout. Le ministère a reconnu l’histoire-géographie intraitable dans l’horaire imparti, tout en refusant les unes après les autres les propositions d’allègement du SNES. Seules la physique-chimie et les SVT ont été simplifiées par quelques allègements, et la suppression de leurs absurdes tableaux de progressivité, qui devraient être remaniés et intégrés dans les documents d’accompagnement.
Le SNES a aussi obtenu le retour à la dénomination “arts plastiques” au lieu “d’arts plastiques et visuels”.
Le programme d’éducation aux médias et à l’information a été vidé de sa chair, réduit à des compétences procédurales. Le ministère a refusé de prendre en compte la demande du SNES de rajouter des compétences spécifiques en information-documentation. Le SNES a tout de même obtenu qu’il soit officiellement applicable dès la classe de Sixième, alors que le SGEN et le SE-UNSA souhaitaient que le texte soit placé en amont des programmes disciplinaires pour signifier qu’il devait être transversal à toutes les disciplines, niant par là la mission d’enseignement des professeurs-documentalistes.