Lutter contre l’épuisement des professeur·es de Lettres

Le SNES-FSU a fait part à l’Inspection Générale de son extrême inquiétude au sujet des professeur·es de lettres.

En collège, l’augmentation des effectifs et de l’hétérogénéité des classes avec des profils d’élèves de plus en plus spécifiques ne s’est accompagnée d’aucun moyen supplémentaire. Le français est pourtant une discipline socle pour l’apprentissage des autres. Les professeur·e.s ont conscience de son extrême importance pour les élèves et aucune remédiation ne semble possible. C’est une grande souffrance professionnelle. Le SNES-FSU a aussi pointé l’iniquité des conditions de correction au DNB.

En lycée, le SNES-FSU a souligné lourdeur des programmes, cumul des missions au moment des examens qui s’enchaînent, travail de renouvellement des cours.

Le SNES-FSU a rappelé son opposition au « pacte » avec des missions supplémentaires pour augmenter la rémunération, en illustrant particulièrement la situation dans une discipline où la charge de travail épuise les collègues, dont plus de 80 % sont des femmes.

L’inspection Générale partage en grande partie les constats mais les pistes d’amélioration proposées ne sont pas satisfaisantes et une audience au Ministère s’impose.

Des combats à poursuivre

Le français au collège

En collège, notamment en Sixième, l’Inspection Générale met beaucoup d’espoir sur les expérimentations et projets innovants menés ici ou là et qui ont vocation à s’étendre sur l’ensemble du territoire car elle a conscience que les leviers de la différenciation ne suffisent plus et qu’il faut trouver des solutions. Toutefois, le recours envisagé aux professeur·es des écoles pour traiter les difficultés d’apprentissage pose problème. Le SNES-FSU a rappelé son hostilité à une dérogation aux horaires réglementaires et souligné que le travail en classe avec des effectifs réduits est ce qui est le plus bénéfique, d’après les collègues ayant participé à ces expérimentations. Il défend un cadre national fort et une baisse des effectifs et s’oppose à la primarisation du second degré.

Le français au lycée

Tout d’abord, il est à noter que l’Inspection Générale n’a pas cherché à intimider les professeur·es qui n’étudieraient que 16 textes pour l’oral de l’EAF. Pour le SNES-FSU, diminuer le nombre de textes est essentiel pour mener un travail de préparation à l’examen plus serein et plus efficace, et c’est dans ce sens qu’il est intervenu. L’Inspection Générale engage les professeur·es de Lettres à réfléchir à leurs pratiques professionnelles, à se libérer des exigences anciennes sans trop de scrupules. Dans une approche par compétences (le SNES-FSU conteste cette entrée qui déclasse les savoirs), elle conçoit le travail en classe avec un élève “idéal” capable d’élaborer de façon autonome vingt explications linéaires à partir d’activités variées menées sur les textes durant l’année.

Le SNES-FSU a demandé l’abandon des œuvres imposées au profit d’entrées thématiques larges (par exemple « une comédie de Molière ») qui permettraient aussi une dissertation ciblée sans être un carcan. Il a également demandé la diminution du rythme de renouvellement. L’Inspection Générale oppose actuellement une fin de non-recevoir. Selon elle, une entrée large conduirait à l’élaboration de cours et de sujets d’examen convenus et sans intérêt. Au sujet du rythme de renouvellement, elle a souligné qu’il avait déjà baissé par rapport au projet initial et que la préparation de séquences sur œuvres patrimoniales était un attendu du service de professeur·e de Lettres.

Quand le SNES-FSU souligne la difficulté de faire lire sept œuvres dans l’année aux élèves de Seconde, l’Inspection Générale répond que les programmes sont un horizon d’attente et non des prescriptions. Il ne faut pas chercher à être exhaustif, ni pour les explications linéaires de l’EAF, ni pour l’étude des œuvres intégrales, en Seconde comme en Première, mais faire fi des scrupules et du cadre traditionnel. Toutes les pistes pédagogiques d’appropriation des textes doivent être exploitées.

Le SNES-FSU a fait remarquer que ce discours, qui se veut bienveillant, est paradoxalement en contradiction avec la rédaction prescriptive des programmes. Le SNES-FSU continue à demander des allègements et aménagements explicites de ces derniers pour que les professeur·es ne soient pas mis·es en difficulté.

Pour les examens, une réflexion sur la gestion du vivier de correcteurs et correctrices est en cours et l’Inspection Générale reconnait des difficultés dans nombre d’académies.

La proposition du SNES-FSU de transférer à l’écrit la question de grammaire a été entendue avec intérêt. Lors de ce moment à l’épreuve orale, l’IG dit clairement que l’examinateur/trice peut relancer le ou la candidat·e en cas de difficulté, ce qui répond à l’interrogation de beaucoup de collègues.

Spécialité Humanités, Littérature, Philosophie

La spécialité HLP peine à trouver son public, en particulier en Terminale, et s’y concentrent des inégalités sociales et de genre. L’Inspection Générale fait le même constat. Un Plan National de Formation est prévu en 2023. Il fera le point sur l’articulation entre Lettres et Philosophie et abordera les représentations dont cette spécialité est victime, dans l’espoir d’une évolution positive. Des déclinaisons académiques seront ensuite envisagées.

Les LCA en collège et en lycée

L’Inspection Générale partage l’inquiétude du SNES-FSU face à la baisse des effectifs en LCA et aux conditions d’enseignement dégradées, abondamment renseignées par l’enquête menée en septembre (lire l’article Bilan chiffré de l’enquête). Le SNES-FSU a mis l’accent sur l’absence d’uniformité de l’enseignement des LCA à l’échelle du territoire national. Horaires grevés, regroupements de niveaux, volonté d’attractivité conduisent à l’impossibilité de traiter correctement les programmes. C’est un réel problème pour mener les élèves vers des études de Lettres classiques et vers les concours d’enseignement de cette discipline. Conserver la double dimension linguistique et culturelle semble essentiel à l’Inspection qui reconnait ces difficultés et une tendance fréquente au tout culturel. C’est dans cette optique que la version, marqueur de la discipline, a été maintenue  dans l’épreuve de spécialité, à hauteur de 6 points sur 20 seulement.

L’inspection Générale signale la création de missions académiques dans les Rectorats à la rentrée 2022 qui ont pour but d’apprécier la place des LCA dans les établissements et d’empêcher un traitement inique de ces dernières comme le cumul du regroupement de niveaux et de la diminution d’horaires. Il s’agit aussi de suivre l’implantation des nouveaux dispositifs, tels que Français Culture Antique ou Mare Nostrum. Le nombre de collèges qui proposent Français Culture Antique est passé de 273 en année expérimentale à 505 à cette rentrée. On est bien loin de la généralisation à l’ensemble des collèges ! L’inspection Générale en convient et ne nie pas que les difficultés des LCA dans leur ensemble proviennent en grande partie de l’autonomie des établissements : absence de moyens fléchés, projets locaux qui captent des heures au détriment des LCA.

Le SNES-FSU interpellera les Rectorats sur l’existence des missions académiques chargées des LCA et sur les résultats de leurs investigations.

Culture générale et expression en BTS

Pour les BTS, le SNES-FSU a rappelé la charge de travail afférente au renouvellement du thème par moitié tous les ans ainsi que les inégalités dues à la disparité des volumes horaires en fonction des sections alors que l’épreuve est la même pour la plupart d’entre elles. Les inspecteurs ont annoncé qu’une réflexion de fond était en cours au sein de la DGSIP (Direction générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle). Les épreuves telles qu’elles sont conçues actuellement renverraient à des compétences langagières trop technicistes au détriment du culturel. On s’orienterait donc, à l’horizon 2026, vers un corpus (textes et images) accompagné d’un questionnaire ciblé à la suite de quoi serait proposé un écrit d’appropriation, format d’épreuve proche de celle du baccalauréat professionnel et d’une durée de 3h. Par ailleurs, une réflexion est menée pour embrasser tous les BTS dans un schéma global avec des volumes horaires les plus uniformisés possibles. Un tronc commun serait constitué en français et en langue vivante.

Le SNES-FSU souscrit à l’idée d’améliorer l’accès à la culture générale pour tous et toutes en y associant des compétences d’expression écrite et orale dans une perspective égalitaire et nationale sur l’ensemble des formations de techniciens supérieurs.

Le SNES-FSU continuera avec force et conviction de porter toutes ces demandes, conformes aux attentes et aux besoins de la profession, et ce auprès de toutes les instances de l’Éducation nationale.

Un tract à afficher et diffuser dans vos établissements est disponible ci-dessous.


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