À Aix-Marseille, les attendus des formations dessinent en creux les présupposés de Parcoursup.

Sélection à l’Université ? Le mot n’est jamais prononcé dans la loi et les responsables s’évertuent à déminer, mais comment ne pas y penser lorsque l’on regarde de plus près les attendus et les capacités d’accueil qu’élaborent actuellement les universités ? Il y a, en effet, un gouffre entre le discours lénifiant que l’on entend dans les médias ou dans les réunions de présentation générale, et la réalité des attendus affichés dans Parcoursup.

Prendre ses désirs…

Prenons par exemple Aix-Marseille Université (AMU), la plus grande université francophone. Si certaines formations ont manifestement choisi de ne pas cautionner Parcoursup en ne proposant pas d’attendus, d’autres se sont livrées à une avalanche de critères, une orgie de notes, une débauche de compétences… Nous manquons de place ici pour une énumération exhaustive ou une illustration parlante et le lecteur doit être averti : face à un tel tableau, chacun se prend à douter rétrospectivement de la légitimité de sa propre entrée à l’Université ! Et le malaise est tel que le vote prévu jeudi 8 février 2018 devant la Commission de la formation et de la vie universitaire d’AMU n’a pu avoir lieu.

Au moyen de ces attendus, l’Université établit dans les faits le portrait-robot de l’étudiant idéal de première année de licence. Mais cet étudiant n’existe pas. Ou s’il existe, on peut s’attendre à ce qu’il exige en contrepartie de son inscription à la faculté des conditions d’études bien meilleures que celles que l’Université peut lui offrir actuellement.

La lecture des attendus montre clairement que l’Université cherche à décourager l’étudiant qui manque d’assurance en exagérant les prérequis. Nécessairement, l’autocensure sera grande, en particulier parmi les bacheliers issus des milieux où les parents n’ont pas fait d’études supérieures. Moyen commode de résoudre l’engorgement des universités et de résorber le déficit des capacités d’accueil sur le dos des jeunes, et sans investir à la mesure des besoins.

Laurent Tramoni


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