À la rentrée 2013, 62,6 % des élèves de Troisième sont passés en Seconde GT. Deux points de plus
qu’en 2012, soit 12 000 élèves supplémentaires. Une bonne nouvelle ?
La hausse du taux de passage en Seconde
GT (générale et technologique) s’explique
principalement par la poursuite
de la chute du taux de redoublement en Troisième,
divisé par deux en dix ans, et par la
baisse des départs de l’Éducation nationale
vers d’autres formations, notamment l’apprentissage.
Les lycées professionnels n’étant
pas fragilisés par cette évolution, on pourrait
y voir un signe positif : la démocratisation du
lycée GT se poursuit, de plus en plus d’élèves
envisagent des études longues… que demander
de plus ?
Gérer le flux n’est pas faire réussir
Pourtant, l’analyse doit être plus nuancée. La
hausse du taux de passage ne traduit pas forcément
une amélioration des acquis des élèves,
mais plutôt une gestion des flux très contrainte,
et l’effet de la crise économique. Même si le
« vécu » n’est pas en soi une source sûre de
connaissance, on peut craindre que le ressenti
des enseignants face à leurs classes de Seconde
ne soit fondé : le sentiment d’avoir affaire à des
élèves aux résultats scolaires souvent faibles,
plus éloignés qu’avant des attentes du lycée,
n’ayant pas fait le choix du lycée GT.
Surtout, la politique de diminution des taux de
redoublement ne s’accompagne d’aucune amélioration
de « l’accompagnement » des élèves
concernés. L’accompagnement personnalisé
en Seconde est, à cet égard, un échec. La
réforme du lycée a de plus diminué les horaires
disciplinaires sans allègement notable des programmes,
supprimé les dédoublements fléchés,
et certains recteurs n’attribuent même plus la totalité des 10 h 30 par classe pour les
heures à effectifs réduits. Par ailleurs, les
conditions d’accueil se sont dégradées depuis
2010 : 80 % des classes de Seconde GT en
France ont actuellement plus de 30 élèves (et
30 % ont plus de 35 élèves), contre respectivement
72 % et 22 % en 2009. Comment dès
lors assurer la réussite de tous les élèves ?
Romain Geny , Valérie Sipahimalani